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Trois instants lacrymaux

Ceth demande trois films devant lesquels j’ai pleuré ; en fait je suis susceptible de pleurer devant n’importe quel film comprenant une séquence de personnage en larmes, de personnage à l’enterrement de son meilleur ami mort d’overdose, de personnage se faisant arracher son enfant des bras pour partir à la chambre à gaz, de Marie-Antoinette à l’accouchement de cette pute de Comtesse d’Artois.

J’ai donc choisi trois passages tirés de trois films que je re-regarde régulièrement, comme les gosses, et qui me font pleurer à tous les coups, ce qui est bien pratique quand j’ai chopé une saloperie dans l’oeil à cause de mes foutus cils encore plus courts que des cils de garçon.

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Comme mon mari est parfait, alliant avec modestie une virilité toute en muscles puissants et une sensibilité qui le pousse parfois à oublier de regarder la seconde mi-temps des matchs de foot pour zapper sur des documentaires sur la haute couture (si si), il réclame régulièrement à revoir Love Actually. Aucun problème, Love Actually, j’adore, même avec un type à côté qui répète pendant tout le film que “décidément, les anglais sont vraiment hors concours sur les comédies”. Par contre, j’ai pratiquement toujours une envie subite de pipi au moment où Emma Thompson s’apprête à ouvrir son cadeau de Noël, et on me voit réapparaître comme par hasard dix bonnes minutes plus tard. Je ne supporte pas cette scène où elle pleure dans la chambre, elle m’avait déjà fait chialer quand j’étais allée voir le film à sa sortie au cinéma, et depuis, quelques évènements familiaux sont survenus qui me rendent la situation insoutenable. Comme être adulte, c’est savoir éviter ce qui nous fait mal, je préfère la fuite, à moins d’avoir un moral d’acier ce jour-là (par exemple si Sharky a posté une photo de ses fesses, ou si Bigornite est en RTT.)

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Légendes d’automne est une blague récurrente pour mes copines et moi, pour toutes sortes de raisons pas avouables. Seul petit problème : je n’avais pas vu le film, et elles étaient obligées de me raconter l’histoire avec tous ces personnages de la même famille qui couchent avec la même fille, prénoms, chronologie, c’était pas facile à suivre (cette Susannah, quelle foutue coquine !). Heureusement, Supermar a fini par m’offrir le DVD à Noël, et partie pour le regarder au second degré, il se trouve que j’ai bien aimé.

J’ai du vachement bien aimer, même, parce que je le re-regarde aussi régulièrement. J’ai un peu honte, mais j’adore. Et pas qu’à cause de Brav Tipp, hein, à cause que j’aime les histoires où tous les protagonistes sont malheureux, et en particulier, je raffole des personnages qui pourraient tout avoir, et qui gâchent tout consciencieusement tellement ils sont remplis de démons jusqu’à l’occiput, à la Heathcliff. Et dans Légendes d’automne, la scène qui me permet de tremper mon oreiller, c’est bien entendu la scène de la foire, quand Alfred et Susannah rencontrent par hasard Tristan avec sa femme et ses deux fistons. Les premiers sont malheureux à crever, les seconds tellement heureux qu’on arrive même plus à être jaloux (mais bon, c’est Légendes d’automne, hein, ça va pas durer…) et la pauvre Susannah qui est là , qui a tout perdu, aux côtés de son grand pète-sec de mari qui ne lui a même pas fait d’enfant, et qui regarde l’amour de sa vie heureux avec une autre, et son gamin qui ressemble tellement à son ancien fiancé mort (excusez du peu), toute cette détresse, tout ce gâchis, toute cette cruauté, moi ça m’essore les tripes à 800 tours/minute.

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Mais alors, le film que je regarde quand j’ai besoin d’ouvrir les vannes un bon coup, c’est définitivement Tout sur ma mère. Là aussi, une bonne dose de drames (un père absent, un fils mort, une religieuse sidéenne enceinte d’un travelo, tout…) mais aussi de l’humour à proportion égale : le régal. Et la scène qui m’achève se résume à une toute, toute petite phrase, quand le père de Rosa, qui perd la boule, se désole de ce que son chien va “vraiment avec n’importe qui”. Rideau.

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Bon, et puis je pleure aussi quand Forest demande “est ce qu’il est normalement intelligent ?” ; pendant l’enterrement de Gareth ; quand Stewart coupe le doigt d’Ada ; à la mort d’Edward Bloom ; quand tombe la tête de Tuptim ; quand Mathilde retrouve Manech ; à cause du manteau de la petite fille en rouge ; et bien sûr, quand Marie-Antoinette assiste à l’accouchement de cette pute de Comtesse d’Artois.

:mad:

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NB : attention, commentaires bourrés de spoilers !

16

10 2007

Vieille connaissance

Cet été, je suis allée avec Ceth visiter des familles dont notre Math avait autrefois gardé les enfants, afin de lui préparer un petit film pour son enterrement de vie de jeune fille.

Math est la reine des cakes salés, et fut la reine du baby-sitting. Nous avions connecté ces deux données pour imaginer qu’elle débitait ses protégés en tout petits morceaux de jambon afin d’alimenter sa production de cakes.

Le thème de notre film était: “nous ne voulons pas finir en cakes salés!”. Les enfants que Math avait gardés, sous la bénédiction de leurs parents, se sont livrés pour nous à de petites saynettes improvisées dans lesquelles ils suppliaient Math d’avoir la vie sauve.

Il m’est arrivé une drôle de chose ce jour-là. Quand nous sommes allées voir la première famille, nous avons été accueillies à bras ouverts, et nous avons tourné dans le jardin. J’était concentrée sur le camescope, sur les enfants, sur la longévité de la batterie. Mais j’ai très vite ressenti une impression étrange. Sans savoir laquelle.

Ce jardin. Cette maison.

Elle m’a reconnue avant que je ne la reconnaisse. J’avais oublié cette grille, ce jardin, cette rue. J’y avais pourtant été invitée, pendant toute mon enfance, chaque année, à des anniversaires. Des anniversaires importants, les anniversaires successifs du petit garçon dont j’ai été amoureuse depuis le CE1 jusqu’à la sixième. Cette maison avait été très importante pour moi, tout le temps de mon enfance, cette espèce de première vie que l’on perd, mais qui demeure cependant quelque part, dans un autre espace-temps.

Depuis, le petit garçon est devenu grand, il a déménagé, j’ai aimé d’autres garçons et d’autres maisons. Retourner à cette adresse enfouie dans mon passé a été comme lire de très vieilles lettres de gens qu’on a failli oublier. Un bain de sentiments, de sensations fossiles soudain exhumés des strates anciennes de l’existence.

C’est dans cet état d’esprit que j’ai écrit “La fille aux craies”, qui est tellement de l’extrait concentré de moi que j’ai ensuite donné ce nom à ce blog. La maison de la fille aux craies, c’est cette maison-là.

Elle m’a reconnue avant que je ne la reconnaisse. Pourtant, de nous deux, c’est moi qui avait le plus changé…

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11

03 2005
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