La playlist Verlaine : Calme ta joie.

Parmi les idées de sondages idiots que j’ai notées dans mon petit carnet à obsessions, outre “Cachez-vous volontairement vos affaires pour embêter votre moi futur ?” et “Préférez-vous les serviettes douces ou les serviettes bien râpeuses ?”, il y a “Écoutez-vous les paroles des chansons qui passent à la radio ?” - parce que moi, oui.

Si vous pensiez que la capacité d’être attentif à soncushng0116 environnement était un don du ciel qui permettait de choper malgré un look full-tweed de merde, vous vous fourrez la pipe dans l’œil jusqu’à la casquette. En fait, être attentif à son environnement ne permet que d’être malheureux. Personne d’autre que vous n’a vu la jolie grenouille verte sur le gazon, jusqu’à ce que ce Cayenne roule dessus. Vous êtes la seule personne à détecter l’imminence de la liquéfaction de votre beau-frère pendant les enterrements. Et comme vous êtes aussi le seul à écouter les paroles des chansons, vous visualisez très bien des corps carbonisés tandis que tout le monde se trémousse sous la boule à facettes.

Par exemple, cette chanson d’Orchestral Manoeuvres in the Dark.

C’est joli, ce synthé, non ? On dirait du Dorothée, pas vrai ? Pendant tout l’été, sur les routes on a roulé, c’est papa qui conduisait, c’est maman qui rouspétait… - Quelle sexiste cette Dorothée. Tenez, je vous traduis les paroles, en gros, ça dit :

Enola Gay, tu aurais dû rester à la maison hier
Aha les mots ne peuvent décrire ton mensonge

Ces jeux que tu joues, ils vont finir dans les larmes un de ces jours et pire encore
Aha Enola Gay, ça ne devrait jamais finir comme ça

Il est 8h15, et on dirait que le temps s’est arrêté
Message reçu sur la radio, les conditions sont normales tu rentres à la maison

Enola Gay, aujourd’hui tu es une mère fière de ton petit garçon
Aha ce baiser que tu as donné laissera sa marque pour toujours

Enola Gay, les choses ne devraient jamais finir ainsi
Aha, Enola Gay, ça restera toujours dans nos rêves

Il est 8h15, et on dirait que le temps s’est arrêté
Message reçu sur la radio, les conditions sont normales tu rentres à la maison

Enola Gay, aujourd’hui tu es une mère fière de ton petit garçon
Aha ce baiser que tu as donné laissera sa marque pour toujours

Saviez-vous qui était Enola Gay ? Non, ce n’était pas une lesbienne militante faisant campagne pour Harvey Milk en 1977 à San Francisco. Enola Gay Hazard Tibbets était la mère du Colonel Paul Tibbets, qui aimait tellement sa maman qu’il avait donné son nom à son avion. Avion dans lequel il monta le 6 août 1945 pour larguer la première bombe A sur Hiroshima. Allez, les nuages du clip vous donnaient un très petit indice, non ? Donc normalement, là, si vous réécoutez la chanson, vous comprenez de quel genre de “petit garçon” maman est fière. La bombe, comme chacun sait - sauf Kévin qui préfère se mesurer le kiki au fond de la classe avec son décimètre Bob l’éponge, portait le doux surnom de Little Boy. Le message radio, l’horreur qu’on oubliera jamais, le baiser qui laisse des traces, ça colle bien avec les quelques 140 000 morts pulvérisés, carbonisés, irradiés. Allez faire un tour sur l’article de Wikipedia pour vous rafraîchir la mémoire. Je vous avais prévenus que vous seriez malheureux.

Dans le registre “horreur gaie”, les Rita Mitsouko sont champions du monde. Qui n’a jamais sauté à pieds joints en hurlant “Mais c’est la mort qui t’a assassinée, Maaaaaarcia !!!!” ??? Vous connaissez aussi sans doute “Le petit train” : oh, la chouette chanson pour faire la chenille !

Bon, si les paroles ne sont pas très intelligibles, le clip mi-fiesta à Bollywood mi-triste mi-terrifiant (oui, ça fait beaucoup de moitités)  vous aurait sûrement mis sur la bonne voie :

Le petit train
S’en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin
De bois et de feraille
Rouille et vert de gris
Sous la pluie

Il est beau
Quand le soleil l’enflamme
Au couchant
à travers champs

Les chapeaux
Des paysannes
Ondulent sous le vent
Elles rient
Parfois jusqu’aux larmes
En rêvant à leurs amants

L’avoine est déjà germée
As-tu rentré le blé?
Cette année les vaches ont fait
Des hectolitres de lait

Petit train
Où t’en vas-tu?
Train de la mort
Mais que fais-tu?
Le referas-tu encore?

Personne ne sait ce qui s’y fait
Personne ne croit
Il faut qu’il voie
Mais moi je suis quand même là

Le petit train
Dans la campagne
Et les enfants?
Les petit train
Dans la montagne
Les grands-parents
Petit train
Conduis-les aux flammes
à travers champs

Le petit train
S’en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin de bois, de feraille
Marron et gris
Sous la pluie

Reverra-t-on
Une autre fois
Passer des trains
Comme autre fois?
C’est pas moi qui répondra

Personne ne sait
Ce qui s’y fait
Personne en croit
Il faut qu’il voit
Mais moi je suis quand même là

Petit train
Où t’en vas-tu?
Train de la mort
Mais que fais-tu?
Le referas-tu encore?

Reverra-t-on une autre fois
Passer des trains comme celui-là?
C’est pas moi qui répondra

Et voilà. Je vous avais prévenus que vous seriez malheureux.

****

Un petit bonus que vous n’êtes pas prêts d’oublier (gniak gniak gniak) - Ne me dites pas que c’est pas tout pompé sur OMD !

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Maggie

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27

08 2010

5 Comments Add Yours ↓

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  1. 1

    LOL!
    Ah, non, pardon… Je savais pour Enola Gay, mais je n’ai jamais été très fan des Rita Mitsouko.

  2. 2

    En Anglais je cale pas grand chose (et du coup j’en écoute moins, je me sens vulnérable ^^) mais en français tu ne me feras pas gober n’importe quoi.
    C’est ainsi que j’ai dressé haut mes cheveux au dessus de ma tête quand j’ai vu une copine en cours de grossesse à très haut risque dédicacer “avoir un seul enfant de toi” au futur papa. Ben oui, au delà du refrain, c’est quand même une chanson atroce qui parle d’une femme qui meurt en accouchant ! ^^

  3. Maggie #
    3

    Haha, mais il fallait le préparer à toute éventualité, le pauvre garçon :grin:

  4. 4

    Ce qui me rend triste c’est que tout à l’heure je me suis tapé toutes les chansons des minikums, pendant que tu les citais alors qu’il s’agissait de Gaby, et maintenant, tu me fous “vive les vacances” de Dorothée dans la tête, alors que j’ai déjà un pivert qui squatte le lieu (merci le pinard à papa !)
    :mrgreen:

    bon et sinon, le petit train, j’ai jamais trouvé ça gai.

    Tu me fais penser à ma prof de théatre qui nous avait fait réécouter “Femmes des années 80″ qui est une chanson profondément misogyne, mais ceci ne semble choquer personne !

    Le coup de la traduction et des références historiques, je pense que tu en demandes un peu trop, et que ça mérite d’être pris pour un sujet au bac.

    :cool:

  5. 5

    je sais que tu m’as pas posé la question mais je suis trop contente de pouvoir le donner : serviettes râpeuses ! et usées si possible ! ravie que quelqu’un d’autre que moi se soit posé la question \o/



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