Archive for the ‘Au fil des jours’Category

La première fois que j’ai vu la fille aux craies (by Ceth)

Fraîchement débarquée de ma Lozère profonde et ayant viscéralement peur d’être « sans amis »,
j’ai décidé de faire partie du groupe d’aumônerie du lycée.
J’ai alors participé à ce qui s’apparentait à un week-end d’intégration.
Timide, réservée, tellement mal dans ma peau de 16 ans, cela représentait un effort pour moi…mais j’y étais.

Il y avait dans le groupe le grand sympa, le petit séducteur, la grande gueule, les rigolards, les pipelettes…et puis elle était là.
Avec sa bande de potes, sa beauté juvénile et son franc-parler.
Mais qui était cette petite nana capable de tenir tête à un adulte sur la cuisson des pâtes, rivaliser avec un mec de terminale sur les logarithmes, s’insurger parce que dans le dernier Thorgal, ce dernier avait embrassé Kriss de Valnor et qu’Aaricia était toujours aussi cruche !
Toute timide que j’étais, j’ai immédiatement ressenti de la fascination mêlée à de la peur d’être ridicule face à elle.

C’est l’heure de la veillée…On doit faire passer une corde de montagne dans une de nos fringues. L’animateur (que je soupçonne un peu pervers, histoire de traumatiser la bleusaille) nous somme gentiment de retirer le vêtement traversé par la corde.
Elle avait fait passer la corde dans son pantalon. Je la vois négligemment quitter son jean puis planter insolemment son regard dans celui de l’animateur encore tout heureux de sa bonne blague. Un regard qui voulait dire : « Alors, mon gars, tu croyais que j’allais être gênée ? » et voilà PAF re-fascination !
Bon j’étais quand même contente d’avoir fait passer la corde dans mon pull.

Dans la nuit (oui, la nuit on dort rarement pendant un we d’aumônerie), elle s’est approché de moi, on a fait connaissance et contrairement à beaucoup d’autres, elle voyait très bien où était la Lozère.

C’est bien après cette première rencontre qu’elle est devenue mon amie, parmi ceux qui se comptent sur les doigts de la main. Et bien que nous fussions très différentes, je ne regrette aucun moment passé en sa compagnie.

Merci ma Maggie !

13

06 2012

Tu nous manques

Lost somewhere

06

06 2012

Maternage : une couche lavable quand je veux, si je veux

L’autre jour ma copine Sasa a écrit un article de blog sur le maternage et elle a eu 200 commentaires. Comme moi aussi j’en veux plein plein plein ça m’a donné envie d’en parler et de lui expliquer mon point de vue sans lui sauter à la gorge comme l’ont fait beaucoup de personnes, je ramène mon grain de sel.

Je me souviens d’un temps lointain (disons entre 14 et 22 ans) où je n’avais pas d’enfant, mais où je SAVAIS comment en élever un. Je me souviens avoir commenté finement les pratiques des mamans autour de moi par des :
- “Mais pourquoi elle va acccoucher dans une clinique aussi loin de chez elle, c’est débile !”
- “Mais pourquoi elle fait des petits pots maisons, c’est débile !”
- “Moi j’ai eu des fessées et ça m’a pas tuée, hein.”

Et, tout comme j’avais peuplé mon premier appartement d’objets incongrus mais que j’achetais uniquement parce que s’ils existaient, c’est que je devais en avoir besoin (un œuf désodorisant pour le frigo - moi qui n’ai pas d’odorat ! Une lessive pour le blanc, une lessive pour le noir, un savon pour le visage, un savon pour le corps, un savon pour la foufoune…), je pensais que la puériculture exigeait toute une panoplie obligatoire et onéreuse et cette idée était directement connectée dans ma tête au mème sacré de “deux CDI pour un bébé”.

Et puis j’ai eu un mari, qui a déboulé un jour dans le bureau en disant “Maggie, ma bien-aimée, étoile de ma vie, j’aimerais qu’on fasse plus attention à l’écologie”. Comme j’obéis au doigt et à l’œil de mon époux, je me suis mise à surfer sur internet pour savoir comment nous y prendre, et j’ai découvert qu’il ne suffisait pas de remplacer ses ampoules à incandescence par des ampoules à économie d’énergie et à fermer le robinet quand on se lave les dents. J’ai découvert le blog de Raffa, acheté plein de vinaigre blanc, et sur les forums dédiés j’ai appris l’existence de la mooncup, des écharpes de portage et des nouvelles couches lavables. A l’époque, nous n’avions pas encore lâché le mème des deux CDI mais le projet d’un bébé devenait de plus en plus présent et je me suis beaucoup intéressée à ce qu’on appelle le maternage, surtout parce qu’il était beaucoup question d’allaitement et que j’avais depuis toujours prévu d’allaiter mes enfants.

Selon le site web de la faculté de médecine de l’Université de Rennes, le maternage désigne un “ensemble de soins corporels donnés à une personne dans un climat protecteur et affectif qui évoque le comportement d’une mère à l’égard de son enfant.” Pour ce qui nous occupe, il s’agit plutôt d’un ensemble de pratiques de puériculture regroupant généralement : l’allaitement longue durée, le portage, le liniment oléocalcaire, les couches lavables - voir l’hygiène infantile naturelle, c’est à dire la vie sans couches - et une éducation non violente, c’est à dire ni claques ni fessées et pas non plus de vociférations du style “espèce de sale petit gnome je vais te couper le zizi si tu continues à dessiner sur le mur”. Accouchement naturel, voire école à la maison sont aussi de la partie. Alors, je n’ai jamais bien vu le rapport entre couches lavables et refus des baffes, mais toutes ces items avaient le point commun et le mérite de remettre en question tout ce que je croyais savoir sur l’élevage de bébés. Et vu l’environnement dans lequel je me suis trouvée lorsque je suis enfin tombée enceinte, c’est à dire un milieu professionnel exclusivement féminin où plusieurs naissances par an donnaient lieu à des poncifs sans fin autour du café matinal (”pas trop les bras, sinon il va s’habituer” - “toi tu veux allaiter mais c’est trop fatigant !” - “les gosses d’aujourd’hui ils ne reçoivent pas assez de claques”) il m’a été salutaire d’avoir un autre modèle à suivre, ou pas.

Finalement, nous avons choisi presque toute la panoplie : allaitement exclusif jusqu’à 6 mois (auquel j’ai mis fin préventivement par rapport à ma santé et à mes traitements, à mon grand regret), liniment et savon d’alep, couches lavables, portage en écharpe, pas de petits pots industriels (mais pas de purées, en fait, il faudra que je vous raconte le truc extraordinaire que ma belle-sœur nous a ramené d’Angleterre, qui s’appelle baby led weaning, ou diversification autonome en français), chaussons souples, ne jamais laisser pleurer… et jamais de fessée. Tout cela fait de nous de parfaits bobos, mais nous a rendu parfaitement heureux avec notre moustique. Et quand on voit le moustique, je ne pense pas que l’on puisse supposer que nous nous en sommes mal tirés. Pour l’instant.

En lisant l’article de Sasa, qui pense que le maternage (en particulier l’allaitement long et l’idée que pour faire tout le pataquès, il faut que bobonne reste au foyer) participe d’un courant réac et esclavagiste (”tout pour mon enfant”), je me rends compte que les options “maternantes” que nous avons adoptées nous apparaissaient avantageuses d’abord pour nous, plus que pour Nibbler. Je n’ai pas allaité parce que je pensais que c’était mieux pour elle - il n’est pas impossible que le lait de femme soit le mieux adapté au bébé humain, et je crois au coup des anticorps qui protègent un poil quand même, mais honnêtement, les bébés au biberons s’en sortent très bien. J’ai allaité surtout et en premier lieu parce que j’en avais follement envie depuis longtemps. Et le fait que ce soit terriblement pratique (rien à trimballer, pas de vaisselle !) et totalement gratuit (allez voir le prix du lait 1er âge) ne gâchait rien. Je n’ai ressenti aucune pression me poussant à allaiter (peut-être parce que j’en avais envie, certes), aucune de mes collègues n’ayant allaité plus de deux jours (ça faisait mal et on n’allait pas chercher plus loin), aucune ne voulant comprendre que NON je n’avais pas besoin de leurs biberons d’occasion et que NON je ne savais pas combien elle prenait et que OUI je m’en fichais. Je n’ai pas non plus eu de réflexions comme quoi j’allaitais trop longtemps, ou alors j’ai oublié ou alors ils sentaient pas bon, mais il faut dire que je suis très peu sensible à la pression.

Concernant le portage, nous avons vite mis de côté la poussette tank que nous avions tout de même achetée : un deuxième étage en colimaçon sans ascenseur, une ville pleine de trottoirs étroits et de pavés ont eu raison de nos grosses roulettes. Avec une écharpe, on voyage léger et tout-terrain, et on a les mains libres (jamais compris comment pousser un landau en tenant un parapluie), et bébé a le choix entre dormir comme un sourd ou observer tout autour de lui avec un petit œil en coin vraiment charmant. Et il est protégé des mains crochues qui voudraient lui pincer les joues ou lui éternuer au visage. Doudou quant à lui était ravi quand je lui ai expliqué que les mouvements de Nibbler dans l’écharpe étaient pratiquement identiques à ce que je ressentais quand elle bougeait dans mon ventre. Il a fait la vaisselle et passé l’aspirateur avec l’écharpe, et au lieu d’un bébé hurlant dès qu’on voulait faire un truc dans la maison, on avait un bébé détendu tout content d’être contre papa et maman. Et bien que nous l’ayons portée énormément et jamais, jamais laissée pleurer (nous n’en étions pas capables), elle a manifesté très vite une indépendance confondante. A 18 mois, elle se barrait à l’autre bout de la plage pour discuter le bout de gras avec des grands-mères attendries qui lui offraient des arrosoirs. J’étais bien contente d’avoir coupé court au discours du “pas trop les bras !” car il ne correspondait pas du tout à notre instinct de parents et au final, ça nous a réussi à tous.

Concernant les couches, je n’ai jamais pensé que les lavables étaient mieux pour les fesses de Nibbler, mais ma conscience écologique tiquait vraiment sur les jetables, les tonnes de plastiques qui ne se dégradent ni se recyclent, et le prix que ça coûte. Pour une adepte de la mooncup, la question des couches lavables ne pouvait être évitée. Ce que j’ai vraiment aimé avec les lavables, outre qu’elles sont super jolies, c’est le côté “on fait tourner”. J’ai eu un lot de Fuzzy taille S acheté d’occase, qui a servi 6 mois à Nibbler, puis à sa cousine, puis à un autre bébé. Maintenant elles sont fichues, mais pour un budget de base (couches neuves) d’environ 160 €, au moins 4 bébés ont été changés pendant plusieurs mois chacun. Le marché des couches d’occase est très riche, on achète, on revend, on teste les modèles et les coloris, on se fait vraiment plaisir.

Pour allez vite, on va dire que tout le reste, liniment (produit unique pour plusieurs usages, y compris le démaquillage de maman), savon d’alep (utilisé par toute la famille des pieds à la tête), absence de petits pots (et de purée, car quoi de plus emmerdant que de donner à manger à la cuiller à un bébé qui vous blebleffe tout dans la figure ?), tout a été choisi dans une optique de simplicité (le moins de matos possible) et d’économie, voire éventuellement d’amusement (pour la diversification autonome), mais pas tellement pour les privilèges de bébé. Concernant les chaussons souples, je n’ai jamais compris l’intérêt d’acheter des chaussures à des bébés qui ne marchent pas, et je ne peux croire que nous ayons besoin de chaussures rigides pour tenir debout.

Reste le pas-de-fessée, qui est le seul choix éducatif qui nous demande un effort consistant, car nous ne bénéficions de peu de modèles autour de nous. En effet, nous pensons qu’il est mieux de ne pas frapper notre fille, parce que nous voulons lui montrer qu’on ne peut taper les plus petits que soi et que la violence n’est pas une solution. Alors, parfois, on peut penser que certains caprices durent plus longtemps que si nous y mettions fin par une bonne rouste - et encore, j’en doute. Je vois bien parfois des regards un peu réprobateurs lorsque nous gérons une colère en public de manière non violente, j’entends les gens penser “moi je t’y mettrais une bonne claque”, mais je m’en tape. J’ai une capacité très confortable à me foutre de ce qu’on en pense et à ne jamais culpabiliser sur rien.

Le reproche principal, de tous les bords, quand on parle d’éducation, c’est le “discours culpabilisant”. On ne peut rien dire sans passer pour un grand méchant auprès de ceux qui font le contraire. Certaines maternantes (pour une raison inconnue les pères paternants sont absents du web - enfin, j’ai ma petite idée qui tourne autour du manque d’humour particulièrement épais des forums de mamans) ont une belle propension à dispenser leur vérité à grands coups de nénés dans ta gueule - on le voit dans les commentaires de l’article de Sasa. (Il faut dire que le maternage reste tout de même minoritaire et qu’on se prend pas mal de réflexion ahuries, ça explique peut-être une telle défensive, sans l’excuser). Sasa culpabilise quand on lui dit qu’elle ne fait pas ce qu’il faut. Moi pas.  Sur les trucs improuvables, genre “le portage en écharpe est mieux que le portage en Babybruc”, c’est votre ressenti qui compte. Si vous vous sentez mieux avec telle méthode, c’est vous qui avez raison. Par contre sur les faits avérés, je ne suis pas d’accord pour m’abstenir de dire que coucher sur le ventre est dangereux, que les lits autos sont dangereux. Les statistiques le prouvent. Si vous choisissez d’y aller quand même, vous avez certainement vos raisons mais ne venez pas me dire que le discours est culpabilisant. Si vous culpabilisez à tout bout de champ dès qu’un inconnu vous donne son avis plus ou moins pourri, le problème vient peut-être de vous. Je le sais, j’ai culpabilisé comme une malade à mon époque. Et puis j’ai compris que je faisais de mon mieux, et depuis, je suis libre.

Finalement, ce que j’ai retenu du parentage (puisque notre maternage se conçoit à deux avec ma moitié), c’est de ne pas avoir peur de se laisser bouffer par son enfant. Ne pas avoir peur de le consoler, de le porter, de dormir près de lui, de répondre à tous ses besoins, sans se dire qu’il va devenir le chef et nous pourrir la vie. Un enfant n’est pas un clébard, il a besoin d’être rassuré sur le fait que vous allez vous occuper de lui et il ne va pas prendre le pouvoir pour autant. Ne pas avoir peur de faire tout cela malgré les remarques éclairées des collègues, cousins, passants. Avoir confiance en son ressenti. Nous n’avons jamais laissé pleuré Nibbler et le fait est qu’elle n’a jamais beaucoup pleuré. Nous l’avons porté des heures durant et elle sait nous quitter avec le sourire. Je l’ai nourrie à la demande (d’ailleurs je n’ai jamais compris pourquoi un bébé au biberon ne pourrait pas être nourri à la demande) et elle ne m’a pas siphonné le cerveau, elle n’a pas changé mes seins en Nespresso, j’ai toujours mon intégrité. J’ai pris un congé parental de 6 mois, et je ne suis pas devenue qu’une mère, j’ai toujours mes centres d’intérêts d’avant, et de nouveaux depuis, je suis toujours la même personne. Nous ne la frappons pas, mais elle est civilisée, polie, compatissante et elle est plutôt très gérable pour une fille de 3 ans. Donc pour conclure avec Sasa : non, je ne suis pas d’accord avec toi, je n’y vois pas un esclavage. Sauf pour les gens stressés qui veulent trop bien faire et qui s’accrochent à des trucs qui ne leur correspondent pas et qui leur pèsent, c’est sûr. Si ça devient une contrainte, un challenge, un “je veux toute la panoplie pour être un parent parfait”, c’est tout pourri, je le conçois.

Alors, parents : desserrez le string, ne culpabilisez pas et faites ce que votre cœur vous dicte. Même si ça implique d’entendre des réflexions, et quoi que vous fassiez, vous en aurez à la pelle. Les bébés, ça titille tout le monde, même les ados qui n’en ont pas et qui disent :
“Mais pourquoi ils font comme ça ? C’est débile !!!”

09

06 2011

Comment je me suis reproduite

Quand on est parent, se mettre au contact des idées de la mouvance No Kid, c’est un peu comme être maigre et lire un blog de “ronde” : solitude de la moule qui découvre la mouclade. Parce que lorsqu’on se réclame d’une attitude, d’une identité, d’un groupe particulier, on a vite fait d’être vexant envers ceux d’en face : les maigres sont d’affreux balais-brosses sans rapport avec une “vraie fâââme”, les procréateurs sont de faibles suiveurs de la pression sociale qui te pousse à faire des enfants.
Comme toujours, je m’étonne mais je crois qu’ils ont un peu raison : il sembleraient que certaines personnes font des gosses juste parce qu’ils en ont marre d’entendre “et vous, c’est pour quand ?” mais oui, ça m’épate toujours parce que personnellement, j’ai pas l’impression de faire ma vie pour faire plaisir aux autres. S’il y a des gens incapables de décider pour eux-même, j’ai vraiment de la peine pour eux (et j’espère que leurs parents ont honte). Mais je n’ai pas envie qu’on me mette dans le même sac parce que MOI, j’ai pris ma vie en main, Môssieur.
Juste après, je pense : “c’est bien ma fille, tu te crois maline mais est-ce que tu es si fortiche que ça ? Te voilà épouse, mère au foyer, il ne te manque que le labrador ; tu peux me dire en quoi tu es rebelle, un peu ?”
Mais oui, patate, je suis rebelle. Je me rappelle le visage consterné d’un copain de fac à qui j’annonçais que j’arrêtais les études de bio pour entrer sur le marché du travail en tant que technicienne de labo. Et l’incompréhension des recruteurs devant une fille qui prétendait jouer les petites mains alors qu’elle avait eu mention Bien au DEUG et que la voie vers la thèse était toute tracée. J’ai vraiment dû argumenter pour leur dire pourquoi je ne voulais pas devenir chercheuse (et chercher surtout un CDI pendant 10 ans). Pire encore, au bout de 18 mois de R&D je plaquais à nouveau tout pour finir secrétaire médicale. Horreur sociale.
Et puis je me suis fiancée à 19 ans, ce qui a beaucoup perplexifié mes parents et bien fait rigoler une bonne partie de ma famille élargie. Et quand je me suis mariée à 22, mes collègues m’ont poursuivie de leurs blagues et de leurs malédictions pendant des mois. Je n’avais pas vraiment l’impression de suivre un schéma tout tracé, mais bien de faire un truc carrément subversif. Je n’avais pas prévu tout ça, je trouvais cool de m’engager sérieusement avec quelqu’un, et puis j’aime bien quand les gens se marient, je me dis qu’ils ont des projets, je me fais moins de soucis pour eux.
Je refuse donc l’idée que je suis victime de quelque pression sociale que ce soit, j’estime que j’ai prouvé que j’y étais assez imperméable. Mais ça ne me dit pas pourquoi j’ai fait un enfant. Alors j’ai réfléchi à la question et j’ai trouvé ça…
J’ai fait un enfant - en vrac :


- pour reproduire un modèle que je vis comme positif.

Mes parents ont un enfant, ils n’ont jamais eu l’air de s’en plaindre. Ils étaient plutôt à regretter de ne pas en avoir plus, c’est donc que ça leur plaisait. Mes oncles et tantes ont tous des enfants, ça faisait des rimbambelles de cousins et des réunions de famille géniales.

- pour changer un peu
Jusqu’à 26 ans nous n’avions pas d’enfant et aucun de nos amis non plus. On se faisait des soirées loup-garou en buvant de la bière et on se couchait à 4 heures du matin ronds comme des queues de pelle. On rigolait bien. Maintenant c’est plutôt après-midi loup-garou et le jeu est interrompu toutes les 3 minutes parce que Zerbinette a piqué le ballon de Cléante et que Léandre a fait pipi dans son froc. On rigole toujours bien. Mais ça change. Ha, et le soir on est tous HS à 23h… même ceux qui n’ont pas de gosses. ça s’appelle la trentaine.
- pour voir Doudou en papa
Ce qui vaut le détour, je trouve. Et bien sûr, il faut sous-entendre notre enfant comme un projet à tous les deux.
- pour avoir un bébé
Quand j’ai appris dans un Astrapan comment on faisait les bébés, j’ai trouvé ça tellement cool que je n’avais qu’une hâte : avoir l’âge d’essayer. Et je parle du processus de A à Z, hein. C’est énorme de faire apparaître un être totalement nouveau à partir de deux moitiés de cellules qui ne servent à rien toutes seules. Le petit chose grandit et pouf ! ça devient une personne. C’est sûrement mon âme de biologiste qui veut ça, mais j’ai du mal à trouver un truc plus génial à faire. Je veux dire, tu peux bien réussir les lasagnes au poulet mais c’est quand même moins Frankenstein. Donc je voulais avoir un gros bide avec des coups de pied dedans, accoucher et donner le sein (parce que je trouve aussi génial qu’on puisse nourir un autre être humain pendant plusieurs mois avec… rien - pas vous ? Je vois. Vous êtes du genre blasé, c’est ça ?)

- pour revivre l’enfance
Vous allez me dire, c’est beau de vouloir un bébé mais un enfant ça grandit, c’est une responsabilité sur 25 ans blablabla. Bien sûr. Mais je vous rassure, quelques jours après mon retour de la maternité, j’ai eu un vertige à la Charles Bovary au-dessus du berceau. ça donnait quelque chose comme : “rhoooo mais elle va grandir et bientôt elle va parler et chanter ! Et elle va faire des dessins ! Et on pourra l’emmener au cirque ! Et au cinéma ! Et faire du manège ! Et elle saura lire ! Et… Qu’est ce qu’on va se marrer !” - je sais pas pour vous, mais j’ai de très bons souvenirs de mon enfance et j’étais un peu énervée de la perdre, et c’est super de pouvoir faire avec ton gosse ce que tes parents faisaient avec toi (même - surtout - descendre les alpages en faisant les gazelles volantes). Bon, à 30 ans, tu PEUX monter tout seul dans le petit train du parc Mistral ou acheter des Playmobil rien que pour toi, mais je suis pas sûre que ce soit aussi marrant sans une petite chose qui entre en transe dès que tu fais le moindre truc pour lui faire plaisir. Et puis faire un truc banal que tu as déjà fait 30 000 fois, comme prendre le TER, gagne une toute autre dimension quand tu emmènes ton gosse qui est juste HEU-REUX de poinçonner le billet. Bon, ça gagne en fatigue, aussi, hein. Mais j’avais raison : on se marre !

- parce qu’un enfant c’est quelqu’un
Quelqu’un d’un peu instable, certes, quelqu’un à gérer en permanence, un peu comme Dr House… mais en mignon. Quelqu’un qui a besoin de beaucoup de câlins et de beaucoup d’explications sur tout. Quelqu’un qui a peur la nuit et que tu dois consoler, quelqu’un qui se met vite à avoir des idées et des goûts personnels (mmmm, les robes de princesse !), quelqu’un qui a désespérément besoin de toi et dont tu as désespérément besoin malgré le fait que tu aies envie de le piler plusieurs fois par jour. Quelqu’un que tu aides à grandir, en espérant ne pas trop merder, et lui donner la force, la confiance… et suffisamment d’indépendance pour faire des choix personnels, en dehors de toute pression sociale, sur les trucs vraiment importants.

17

05 2011

Paf-paf dans ta face

Récemment, quelqu’un que j’aime bien m’a annoncé qu’il allait être papa et ça m’a fait plaisir. Plaisir parce que j’aime voir les gens faire des projets sérieux et avancer dans la vie, et plaisir parce que je joue dans le camp des parents depuis trois ans et que c’est chouette quand l’effectif se renforce. Et puis j’ai pensé à moi avant, quand j’étais de l’autre bord, sur la planète où l’on a des principes.

J’ai relu mon article du 3 décembre 2007 et j’ai vu que je m’étais tenue aux trois mini-principes qui me paraissaient sans gros enjeu mais un peu importants quand même. Preuve que les nullipares ne sont pas forcément irréalistes et qu’ils ne vont pas forcément se ramasser la gueule quand ils seront jetés dans la réalité du parentage et que l’on va bien rigoler. (J’ai dit : pas forcément, hein). Nous nous sommes tenus également à plusieurs grands principes que nous avons forgés depuis, comme ne jamais taper, réfléchir au bien fondé de contraindre tout en ne cédant pas quand c’est important, ne pas nier les émotions (les siennes et les nôtres)… Et à ce jour le résultat nous paraît prometteur.

Pas d’EMLA, c’était facile. En fait, la gosse n’a encore jamais eu de prise de sang (depuis sa sortie de néo-nat où ils droguent les bébés au glucose), et pour les vaccins, c’est si vite passé et le docteur donne souvent un bonbon ! Pas de Dora, tranquillou-loulou : elle ne va pas encore à l’école alors nous contrôlons (pour encore quelques mois) sa vie culturelle. Pas de jouet électronique : après l’immolation publique d’un poussin chanteur en plastique, le message est très bien passé dans l’entourage et les gens offrent à la prunelle de nos yeux des fruits en bois et des crayons de couleur en tampax recyclés. En fait, c’est facile d’être parent. Finalement, le plus dur c’est encore de supporter les gosses des autres à la Boîte à Jeux… et les autres parents, aussi, avec leurs méthodes archi-nulles que l’on doit observer sans rien dire parce que tout le monde déteste les conseils. Et les magazines de parents qui disent que ce que tu fais craint et que ton gosse va finir dans Carré Viiip.

Et l’internet entier et toutes les chaînes de télé qui s’offusquent depuis 15 jours de ceci :

La première fois que j’ai vu ce spot, c’était dans Les maternelles (vous savez, l’émission que tu regardes surtout si tu n’as pas d’enfant mais que tu es au chômage où si tu es à l’hôpital. Enfin moi je la regardais beaucoup quand j’étais au chômage et que c’était encore Maïtena Biraben). Comme d’habitude dans Les maternelles, tout le monde est d’accord sur le plateau (c’est pas comme quand on invite Marine Le Pen quelque part en fait) et là, tout le monde s’offusquait en chœur qu’on ait inventé une poupée qui s’allaite. Moi j’étais surtout choquée par la poupée électronique dans toute sa splendeur, qui pousse des cris de fœtus de yack et dont le visage bouge comme celui d’un enfant cannibale dans un film d’horreur japonais, mais ça, je suis la seule à trouver ça moche, tout le monde pense que c’est normal d’offrir à un enfant une poupée qui est à l’imagination ce que les paroles de M Pokora sont à l’expression écrite.

Par contre, qu’une petite fille fasse semblant d’allaiter, pardon, mais le scandale !!!

(Une minute de silence pour toute cette enfance brisée)

Après les Maternelles, j’ai vu la poupée qui tète sur twitter, sur canal, et ce midi dans le magazine de la santé (oui je suis à l’hôpital, je regarde la télé 24h sur 24 et je me moque de votre jugement). Comme ça m’a un peu énervé j’ai lancé le débat sur twitter, après j’étais encore plus énervée. ^ ^ qui me veut toujours du bien m’a dit de laisser tomber mais en fait, m’énerver m’amuse, alors allons-y Josie.

Venez, venez me dire que le fabricant a écrit que ce jouet “permet aux jeunes filles d’exprimer leur amour et leur affection de la manière la plus naturelle possible, juste comme leur maman. Cette poupée représente une révolution parce qu’elle apprend aux fillettes les compétences nourricières dont elles auront besoin pour un jour élever leurs propres bébés en bonne santé”. Ok, je suis d’accord avec vous que ce baratin pue, éventuellement le sexisme puisque toutes les petites filles ne se destineront pas à être maman, carrément la connerie parce que moi aussi ça me débecte cette mentalité de concevoir le jeu uniquement comme le moyen d’apprendre quelque chose aux enfants pour leur donner un avantage compétitif pour leur avenir (rien que ça). Et c’est vexant pour les mères qui n’allaitent pas et qui ont néanmoins des bébés en bonne santé. Bref.

Donc ça pue mais stop, c’est pas ça qui gène : d’abord ce n’est que le baratin commercial d’une marque qui vend son truc. Moi je trouve tout le temps que le baratin commercial pue, qui essaye de te faire croire qu’un moule à caca c’est rigolo, alors prétendre qu’une poupée pourrie va faire de ta fille une bonne mère c’est nul mais c’est pas surprenant. C’est comme quand Décathlon sépare les sports de filles et les sports de garçon, ça fait pitié mais ça engage surtout les parents qui pensent que la danse c’est pour les fiottes. Non, c’est pas ça qui gène parce que la plupart du temps les gens qui parlent de la poupée qui tète ne citent pas le discours du fabricant. Ils sont juste indignés de voir une poupée à qui on donne le sein. Le SEIN ! Alors que les petites filles n’ont pas de seins ! N’est-ce pas dégoûtant, malsain, pervers ??? Non mais c’est comme le soutif ampliforme en taille 8 ans quoi !

(Bon déjà je vous interdit de vous indigner contre l’objet sus-cité qui me redonne enfin l’espoir de trouver un Wonderbra à ma taille)

(Et je refuse d’envisager que ce rejet soit dû à un rejet de l’allaitement en général et de toute circonstance permettant sa promotion directe ou indirecte, ça serait trop laid et surtout tellement débile…)

D’accoooooooooooord… Alors quand la gosse donne le sein à son doudou (qu’est pas à piles et qu’est même à moitié en poussière), je lui dis quoi ? “Attends Chérie, arrête ça tout de suite petite dégoûtante, tu n’as pas de seins comment ça maman non plus ??? c’est horriblement pervers polymorphe ce que tu fais là, non mais tu veux pas te mettre une tototte dans le cul pendant que t’y es ???” - c’est bizarre parce que je pensais que ma fille imitait ce qu’elle voyait autour d’elle, en fait. Elle nous voit cuisiner, elle joue à cuisiner. Elle nous voit conduire, elle joue à conduire. On a pris l’avion pour aller à la Réunion, alors elle joue à l’avion. Elle voit mes copines allaiter - et elle a vu des photos d’elle bébé au sein - elle joue à allaiter. Ses bébés boivent aussi au biberon parce qu’elle a vu aussi des bébés au biberon. Par contre, elle ne joue pas à se mettre une mooncup, ni à faire l’amour, pourquoi ? Parce qu’il y a des trucs qu’on ne fait pas devant elle, j’espère que vous serez d’accord avec ce principe d’éducation.

Donc ma fille donne le sein parce qu’elle reproduit ce qu’elle a vu. Elle n’est probablement pas la seule puisqu’une marque de jouet a flairé le créneau suffisamment porteur pour en faire un produit à destination des parents qui ont les moyens et l’état d’esprit d’acheter des jouets qui font “beuuuuuuuuuh”. Voilà. Bienvenue dans un monde capitalisme où si quelque chose existe, alors elle peut se vendre (d’après la règle 34 bis). Choquez-vous des poupées électroniques qui puent le plastique, choquez-vous du capitalisme, mais bordel au nom de quoi vous choquez-vous qu’une petite fille donne le sein ?

Ce n’est pas comme le soutif ampliforme taille 8 ans, parce que ce dernier vise à donner l’illusion que les petites filles ont des nichons, ce qui n’est pas vrai, et que le soutif ampliforme est comme la mooncup, un objet 100% adulte ; alors que la poupée qui tète fonctionne avec une horrible brassière non rembourrée dont l’électronique fait juste réagir l’horrible bébé pétrolier. Twitter m’a rétorqué que ça évoque les nichons et que les nichons c’est érotique donc sur une petite fille c’est indécent. Et là je réalise que finalement cette stupide poupée n’est pas un problème de parentage. C’est un problème de féminisme. Un problème de “mes seins sont-ils des objets érotiques pour qui n’en veut”. Et zou ! Je me mâche considérablement le boulot en vous renvoyant obligatoirement sur cet article de Sasa qui colle parfaitement au sujet, puisque nous nous étions indignées, il y a quelques semaines, du même débat sur la sexualisation des seins allaitants.

Soyons bien clairs : les seins sont érotiques si on en a envie. Si-on-en-a-envie. Parce qu’à dire des choses comme “les nichons c’est excitant, je bande quand tu allaites alors les petites filles ne doivent pas être mêlées à ça”, on se retrouve vite à dire “les femmes sont excitantes à regarder alors mettons-leur un niqab pour les cacher”. Hé ouais. J’ose. Rien de moins. Mes seins - quoique inexistants - sont sexy si j’ai envie, quand j’ai envie. Quand je les montre à mon mari, ils sont über-excitants. Mais quand je les donnais à ma fille, quand je les montre au manipulateur radio, quand le gynéco les palpe, quand un ami pose sa tête dessus pour pleurer, mes seins sont nourrissants, radiotransparents, asymptômatiques, juste confortables (enfin j’aimerais tant qu’ils le soient !), et ça s’arrête là. Je n’arrive pas à comprendre que ça ne soit pas évident pour tout le monde. Je n’arrive pas à croire que certains pensent au sexe en voyant une petite fille donner son absence de sein à une poupée. Surtout qu’il y a tellement plus choquant, quand on regarde bien son brushing !

Dernier principe d’éducation : transmettre à ma fille que ses seins sont ce qu’elle veut qu’ils soient. Et lui souhaiter d’en avoir, surtout !!

29

03 2011

“Leçon de vie” : et mon cul, c’est du poulet ?

Je ne sais pas pour vous, mais chez moi, il y a des boutons sur lesquels il ne faut pas appuyer. Par exemple, quand la gosse avait 5 mois, il ne fallait absolument pas venir me faire remarquer qu’elle était chauve du dessus de la tête, sans quoi je me mettais à hurler la bave aux lèvres que NON PAS DU TOUT ET ELLE EST TRÈS JOLIE D’ABORD. Maintenant qu’elle a trois ans et qu’elle arbore une couette blonde digne d’un petit poney, je peux admettre devant l’album photo que oui, elle était effectivement chauve MAIS QU’IL RESTAIT DES CHEVEUX SUR LES CÔTÉS quand même.

Outre ce sujet délicat, il existe trois mèmes qui me font complètement sortir de mes gonds :

1/ “Il n’y a qu’une seule race : la race humaine” parce que c’est l’ESPÈCE humaine, merde.

2/ “Tu vas pas habiller ton fils en rose ! Tu vas en faire un…” - un QUOI ? Il en faut, des patineurs artistiques, bordel.

3/ Entendre à propos d’un malade/handicapé/enfant cancéreux les mots suivants : “leçon de vie”, “battant”, “courage”.

A tel point que l’autre jour, quand quelqu’un a parlé de “leçon de vie” sur twitter, je n’ai pas pu faire autrement que de manifester ma désapprobation - poliment, parce que même quand je convulse d’indignation, j’arrive à rester attentive à mon prochain ; l’approche de la trentaine, sans doute. Et on m’a répondu - poliment - que je me trompais (grosso-modo). Comme je convulsais encore, je n’ai pas réussi à expliquer mon point de vue en 140 caractères (parce que Twitter est limité à 140 caractères, ce qui est très pratique pour faire la révolution mais beaucoup moins pour aborder les choses essentielles de la vie). Une fois la crise passée, j’ai constaté que je n’arrivais toujours pas à expliquer mon point de vue en 140 caractères. Et finalement, je me suis rendu compte qu’en fait, je ne savais pas exactement pourquoi cette expression m’énerve autant. Comme je n’aime pas ne pas comprendre quelque chose, surtout quand ça se passe sous mes cheveux, j’ai cogité pendant une semaine. Et je pense que j’ai trouvé quelques bonnes raisons - et en effet, ça ne tient pas en 140 caractères.

Pourquoi je n’aime pas entendre à propos d’un malade/handicapé/enfant cancéreux les mots suivants : “leçon de vie”, “battant”, “courage” ?

1/ Parce que ça pèse des tonnes

Imaginez. Vous avez 10 ans et une leucémie. Vous avez 20 ans et une mucoviscidose. Vous avez 30 ans et une amyotrophie spinale. Vous faites avec parce que quoi ? Vous allez pas vous suicider, hein ? Vous allez pas pleurer non plus toute journée, si ? Vous allez pas penser à ça jour et nuit, pas vrai ? Bon, alors vous menez votre vie comme vous pouvez, profitant de ce que votre corps vous laisse faire, et parfois, oui, vous êtes courageux parce qu’il y a des soins douloureux, le regard des autres, la peur de la mort et il faut affronter tout ça mais vous allez pas non plus vous laisser mourir par peur des piqûres, n’est ce pas ? Et vous êtes courageux aussi parce que vous voyez l’angoisse de votre entourage et vous prenez tout sur vous pour protéger les gens qui vous aiment. Tout ça, c’est lourd, plus lourd que le cercueil de Marianne James. Et les gens qui vous croisent, qui ne vous connaissent pas, sont épatés par votre courage, votre joie de vivre, votre force. Ils prennent une leçon de vie. Mais vous, qui trimballez votre déveine tel Joe Dalton qui traîne son boulet, avez-vous besoin de voir briller dans les yeux des inconnus la leçon de vie que vous êtes pour eux ? Avez-vous besoin de cette admiration, de cette compassion, de cette pitié ? Non, vous n’en avez pas besoin. Le reste est déjà assez gonflant pour que vous puissiez vous payer le luxe de servir d’exemple à toute la populace. Car qui dit leçon, dit exemple. Qui dit exemple, dit exemplaire. Donc le jour où vous en aurez vraiment, vraiment marre, le jour où vous en aurez assez d’être courageux, que vont dire ces gens qui vous admiraient tant ? Et vos proches, seront-ils toujours à vos côtés si vous n’arrivez plus à être fort ? Est ce qu’on vous fuira, chassé par l’odeur du malheur ? Est ce qu’on vous soutiendra, ou bien on s’effondrera avec vous ? Et ceux qui auront pris leur leçon de vie grâce à vous, ils seront où quand vous serez sur les rives du Styx ? Réponse : ils seront dans leur cuisine en train de se préparer un Nespresso, et continueront leur vie comme avant en faisant les mêmes choix qu’avant, parce que votre leçon, ils l’auront déjà oubliée.

2/ Parce que c’est très surfait

Oui, le mucoviscidosique est courageux, mais pas tout le temps. Il peut même passer sa (courte) vie à se plaindre sur facebook. Le petit leucémique est courageux, mais parfois pleurnichard et odieux avec les infirmières. Oui, le myopathe est courageux, mais il peut aussi jouer à World of Warcraft 24h/24 sans rien faire de sa vraie vie, et ça peut aussi être un vrai con. Et je dirais, tous les trois ont bien raison. On ne devient pas un petit saint parce qu’on a une maladie grave. On ne devient pas sympa parce qu’on va peut-être crever. On ne fait pas de bons choix de vie parce qu’on a vaincu le cancer. C’est pas parce qu’on est différent qu’on est plus intelligent. Mais du coup, la leçon de vie, là, je me demande en quoi elle consiste. Si seulement ça amenait les gens à traiter ces personnes-là comme n’importe quelle autre personne ! Mais non, les gens ne voient que votre courage supposé et leurs yeux brillent tels ceux du Chat Potté de Shrek.

3/ Parce que c’est tenter le diable

Vous ne pouvez pas savoir combien il est tentant d’abuser de son état de grand corps malade pour obtenir un massage / se faire pardonner d’un truc / devenir célèbre. Alors quand on voit briller l’admiration des autres pour notre courage, on a bien envie d’en profiter. Ce qui est mal, parce que le jour où vous aurez vraiment besoin d’un massage ou de vous faire pardonner d’un truc, votre demande n’aura peut-être pas la même force si vous en avez abusé auparavant. Et si vous devenez célèbre grâce à votre plume / superbe châssis / talent pour la chanson, tout le monde murmurera que vous ne le méritez pas et que vous n’avez de succès que parce que les gens ont pitié de vous.

J’espère que comme ça, ça paraît plus clair. Vous remarquerez que je suis cohérente avec mes propos, parce que je tiens ce blog depuis plus de 6 ans et pas une seule fois je ne vous ai parlé de ma mucoviscidose. J’ai voulu le faire à plusieurs reprises, et ce dégoût de la leçon de vie que je ne veux pas être pour vous m’en a empêchée. Je voulais que vous me lisiez pour ce que j’avais à dire, si et seulement si mes articles étaient bons, et pas parce qu’ils étaient écrit par une pauvre grande malade. Et j’aimerais bien que ça continue comme ça, donc le premier qui parle de courage dans les commentaires, je lui enfonce ma joie de vivre au fond de la gorge jusqu’à ce qu’il goûte aux poils de mes aisselles.

Par contre, vous n’avez pas intérêt à vous barrer ou à m’unfollow sur Twitter, bande de petits eugénistes !

Edit : elle dit la même chose que moi, en plus court et en mieux (et elle a pris le titre auquel j’avais pensé au départ ^_^) :

http://www.labouseuse.fr/2011/02/lecon-de-vie-mes-fesses/

Et puis lui aussi :

http://xave.org/post/2011/02/01/des-nuages

Et elle :

http://ledesor.net/?post/2011/02/01/Le-jaspe-vert-des-solitudes

31

01 2011

Pourtant, ça a l’air super, “Sport et sauvagerie”

Aujourd’hui (et à la demande de Doudou, qui se souvient donc que j’ai un blog), nous allons aborder un sujet qui nous concerne tous, un sujet sensible, un sujet susceptible de provoquer pleurs et grincements de dents :

LES COFFRETS CADEAUX (bam !)

Soyons honnête : nous avons TOUS déjà offert un coffret cadeau “Boîte intelligente”, “Merveilleuse Boîte” ou “Bureau fin de semaine” à quelqu’un, quelqu’un pour qui on avait pas vraiment d’idée parce que les gens ont tout, de nos jours, ils n’ont besoin de rien, ou quelqu’un qu’on ne connaît pas assez bien pour sonder ses rêves les plus fous, parce que ça a beau être notre frère/père/filleul, vu qu’on le voit jamais et qu’on ne l’appelle pas parce qu’il déteste le téléphone/est toujours en réunion de bondieuserie à droite et à gauche/n’a rien à nous dire à part nous parler des impôts qui sont trop élevés non mais où allons nous ? c’est difficile de savoir ce qui lui ferait plaisir en vrai. Et comme les coffrets cadeaux sont de plus en plus partout, non seulement à la Keufna mais aussi à la caisse de chez Néant et dans un million de spams sur nos boîtes mails, la tentation est grande de craquer pour une boîte “Massage tellurique pour deux”, “Sport et sauvagerie” ou “Tables du Monde entier dans la limite du périphérique parisien”.

Mission accomplie - ou Objectif atteint ! comme disait Claudia Schiffer. Vous êtes débarrassé de la corvée cadeau et votre victime sera sincèrement heureuse de déballer son coffret bien packagé et de feuilleter dans le petit livret sur papier glacé les dizaines de possibilités qui s’offrent à elle, telles des autoroutes de baise devant le jeune bachelier qui découvre la vie étudiante et ses jeudis soirs arrosés de mauvais whisky-coca. Quelle griserie d’avoir à choisir parmi 275 séjours au choix en hôtel 3*** ou 4**** pour 2 personnes en France et en Europe, ou 145 grandes tables au choix recommandées par GaultMillau pour 2 personnes en France, ou même 415 expériences pour 1 femme ou 2 personnes (sic) !!! Votre coffret passe pour le Saint Graal parmi les autres cadeaux, et votre sœur, qui a joué la carte du calendrier photo personnalisé, et votre beau-frère, qui a offert un CD de Calogero (encore !!!), vous détestent désormais pour votre réussite.

Certes, mais ne terminons pas là le conte de fées et allons voir ce qui se passe après le “ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants”. Dans la vraie vie, une fois la fête finie et les papiers cadeaux jetés en boule aux recyclables, qu’advient-il de votre victime (appelons-la Léocadie) rentrée chez elle avec sa Boîte Intelligente ?

Dans un premier temps, Léocadie accroche dans sa cuisine son calendrier photo personnalisé, écoute son CD de Calogero (ou pas), range sa Boîte Intelligente dans sa bibliothèque entre la série complète des Fruits Basket et un bouquin d’Isabelle Filliozat, et l’oublie. C’est que Léocadie a une vie, voyez-vous. Et des enfants. Et quand on a une vie et des enfants, ce n’est pas facile de trouver un moment pour se faire un resto gastronomique, surtout qu’en bonne garce que vous êtes, vous avez offert le coffret mais PAS le baby-sitting qui va avec. Donc Léocadie vaque à ses occupations, travaille sur des dossiers au bureau, emmène la petite dernière chez le pneumopédiatre pour son asthme du nourrisson, cherche un camping pour le mois de juin et ne pense plus à sa Boîte Intelligente dans la bibliothèque.

Six mois plus tard, Léocadie se souvient de la Boîte Intelligente. Elle va la chercher et commence à éplucher son livret “Fourchettes et arômes naturels”. Et là, Léocadie constate que si elle a le choix entre 26 restaurants dans Paris, il n’y en a que deux dans son département, donc un à 45 minutes de route dans un patelin où elle n’a pas l’intention de mettre les pieds. C’est sa faute aussi, quelle idée d’habiter en province ! Et Léocadie ne peut pas le savoir, et vous non plus, mais le choix n’est pas le même que ce qui était annoncé sur le site internet de Boîte Intelligente. Et à la page 28 du livret, les photos d’un resto grenoblois illustrent la présentation d’un resto à Strasbourg, mais c’est un détail de l’Histoire, n’est-ce pas… Donc, Léocadie réserve dans le seul restaurant possible, vu que le bon cadeau se périme, elle qu’elle n’a pas le temps d’attendre un hypothétique périple parisien pour avoir plus de choix. Au téléphone, et dès son arrivée dans le restaurant, Léocadie doit signaler qu’elle vient avec un bon “Boîte Intelligente”. La serveuse ne lui jette pas des œufs pochés au visage, mais elle lui propose un menu spécial et Léocadie n’aura pas accès à la carte comme tout le monde. Elle peut juste choisir entre deux entrées et deux plats, et le dessert est un “assortiment”. Au final, un repas très correct, voire bon, mais qui ne vaut pas les 100 € que vous avez déboursés avec amour (et manque d’imagination).

Résultat des courses :

- Léocadie a été bien enquiquinée pour choisir son resto avant la date limite, et elle n’a en fait rien choisi du tout ;

- Elle n’a pas vraiment profité des atouts de l’établissement, vu que le menu était imposé ;

- Elle a bénéficié d’une prestation légèrement au rabais ;

- Vous avez dépensé beaucoup d’argent pour un cadeau qui ne le vallait pas ;

- Boîte Intelligente s’en est mis plein les poches - mais moins, bien sûr, que si Léocadie avait laissé périmer son coffret par manque de temps/de disponibilité/de motivation.

Et je vous laisse extrapoler les conséquences hasardeuses d’un coffret “Sport et sauvagerie” ou “Massage tellurique pour deux”.

Non, vraiment, le mieux pour offrir un resto/un massage tantrique/un baptême de naturisme est encore de traiter directement avec un professionnel de votre choix, dont vous connaissez la qualité de prestation et avec qui vous serez sûr du résultat. Et de vous fendre d’un petit wordart (si vous êtes ringard) pour concocter un “bon pour” maison, perso, mais tellement plus convivial… Ou alors, vous pouvez acheter un tableau à ma copine Catz. Ha, et s’il vous plaît, ne m’offrez pas non plus de cafetière à capsules ni de cadre numérique, merci, bisous.

09

12 2010

Le retour des canapés en rotin

Vous vous rappelez, avant facebook ?

Vous ne pouviez pas espionner la pauvre vie de vos anciennes camarades de lycée, mais votre tante vous envoyait des powerpoint avec des mecs à poils. Soudain, dans un accès de nostalgie brute, probablement causé par la consternation qui m’envahit devant les statuts misérables de mes friends ( “‎5e nuit où je tousse et où je ne dors pas!” - “Pas le moral, et personne pour me faire un câlin !” - ” ♥ ♥ HUSBANDWEEK ♥ ♥ ♥” - “Super concert de Christophe Maé !”), je me demande : ils sont où, depuis facebook, les powerpoint de mecs à poils ???

Souvenez-vous. Vous êtes au boulot lorsque vous recevez un email intitulé “Rien que pour les filles !”. Après avoir vérifié que le store à bandes verticales (vous savez, ces horreurs toujours grisouilles, avec des chaînettes à boules qui s’emmêlent tout le temps ; vous vous êtes emprisonné dedans, à la Sécu, en 1984, pendant que votre mère faisait la queue) masquait bien le reflet de votre écran dans la fenêtre à votre collègue Frigida, vous ouvrez la pièce jointe pour découvrir Tonio, Marcus et Jérémie in naturalibus, lascivement étendus sur d’affreux canapés en rotin (merci à Emmanuelle qui a fait plus de mal à la décoration intérieure que Valérie Damidot, mais on n’en parle jamais, comme par hasard !). Après avoir dégusté et déploré vivement que tout cela manque quand même de poils, vous cliquez sur Fwrd et sélectionnez consciencieusement toutes vos copines dans votre carnet d’adresses. Toutes vos copines, moins Julie qui est lesbienne, plus votre collègue homo - qui lui, au moins, partagera vos regrets sur l’absence de poils, contrairement à vos amies hygiénistes qui se sont toutes casées avec des hommes glabres, et qui surnomment votre mari “le nain bucheron”.

Et là : problème. Vous savez qu’en plus d’être sexuellement déviant, votre collègue préféré est aussi terriblement susceptible : vous ne pouvez décemment pas laisser “Rien que pour les filles !” dans l’objet de votre mail. Il ferait la gueule, il aurait raison et vous avez besoin de lui pour amadouer Cédric, de la prod, qui vous snobe parce que vous êtes dans l’équipe R&D et qui doit pourtant vous prêter son autoclave pour stériliser vos cônes de Pipetman (vous ne comprenez rien à ce que je raconte ? j’en ai rien à battre). Donc, vous voulez modifier l’objet, mais comment ? “Rien que pour les filles et pour mon collègue homo ” ? Mais à ce moment-là, vous pensez à Julie. “Rien que pour les filles sauf Julie, et pour mon collègue homo ” ? C’est vraiment très très pratique. Et vous maudissez le gars qui a eu l’idée de classer la sexualité des gens entre hétéro et homosexuels.

C’est vrai, quoi. Un collectionneur de timbres, c’est un philatéliste. Une collectionneuse d’enveloppes aux armes des mairies, c’est une héraldocommunophile. Un gars qui a peur des poupées, c’est un plangonophobe. Un constituant cellulaire qui a une affinité pour l’éosine, c’est un éosinophile (oui, c’est la minute culturelle). Dans plein de domaines, on classe les gens selon ce qu’ils aiment ou n’aiment pas, et ça fonctionne très bien. Mais en matière de sexualité, on te classe selon qui tu es par rapport à qui tu aimes. On ne dit pas “androphile” ou “gynéphile”. On n’envoie pas un mail “Réservé aux androphiles !”. Pourtant ces mots sont pratiques : ils sont unisexes. Si je dis : “Dominique est androphile”, on sait que Dominique aime les hommes. Si je dis : “Dominique est homosexuel”, on sait que Dominique est un homme qui aime les hommes. Pourquoi le vocabulaire nous permet-il de faire cette déduction ? C’est comme si ça comptait, de savoir si Dominique aime les gens de son sexe, ou les autres. C’est comme si mes copines hétéros et mon collègue homo avaient des désirs différents. Comme si - soyons fou ! - il y avait une hiérarchie des désirs. Les désirs normaux des copines, et le désir irrégulier du collègue. Alors qu’en fait, à la fin, il n’y a qu’un même filet de bave devant des canapés en rotin.

De plus - et j’ai cru que Luthi m’avait piqué mon sujet - en utilisant “androphile” et “gynéphile”, il est plus facile d’absorber les variations sur l’échelle de Kinsey. Pour l’instant, on range les gens dans trois cases : homo, bi, hétéro. Trois cases bien ancrées dans l’imaginaire collectif, avec les stéréotypes et les stigmatisations qui vont avec. Trois cases qui fonctionnent comme des identités. Curieusement, la liste des collections ne fait pas cet effet. Certes, quand je pense aux entomologistes, j’imagine un type à lunettes, un peu poussiéreux, penché sur une boîte pleine de papillons morts (et à une chanson de François Pérusse). Mais malgré mes préjugés, je ne trouverais pas renversant qu’il laisse tomber les insectes quelques temps pour faire un tour du côté des étiquettes de fromage ou des cochons en coquillage. Parce qu’on peut aimer plusieurs choses à la fois. Aimer les insectes n’est pas une identité. Baver sur des powerpoint de mecs à poil non plus.

Évidemment, j’aborde le sujet avec la candeur de quelqu’un qui n’a jamais rien appris de spécial en sociologie et en philosophie. Mais je suppose que je ne suis pas la première à me poser ce genre de question et que des thèses entières ont été produites sur le sujet. Du moins… je l’espère.

19

10 2010

Culture-toi entre deux Itti-bitti

Quand on est parent, on n’a pas pour autant vocation à se faire chier - un peu comme quand on est adulte. Donc, quitte à coller les mômes devant un dessin animé pour avoir la paix cinq minutes, autant que le réalisateur ait intégré quelque clin d’œil qui échappera complètement à votre mioche (les enfants sont pas cultivés, les nuls) et qui vous fera sentir super fort comme Michel Houellebecq après un passage sur Wikipedia.

Ami lecteur, sauras-tu retrouver les trois références ci-dessous ?

Indice : il te faudra visionner au moins 12 minutes et 39 secondes de vidéo pour toutes les voir. Mais Luthi, elle, elle va tout regarder en entier !

07

09 2010

La playlist Verlaine : Partons tous les deux…

A l’aube des vacances - bon, moi ça fait un bon mois que je me balade entre Lisbonne et l’Aveyron, mais tout le monde ne peut pas être mère au foyer, je comprends - je vous propose de partir un peu en voyage avec :

Desireless - “Voyage voyage” (1987)
Rammstein - “Reise, reise” (2004)


Paroles ici et traduction ici

Wow, on se demande lequel de ces deux clips fait le plus peur.

Tenez, en ce mois de juin, j’ai des réminiscences et j’ai bien envie de vous faire un petit commentaire composé. C’est parti !

Nous avons donc deux chansons de style très différent, qui ont exactement le même titre, et qui curieusement, évoquent les mêmes choses derrière le prétexte bateau (hahaha) du voyage.

Comme on peut s’y attendre, nous avons abondance de vocabulaire paysager, en particulier ce qui touche à l’eau : mer (vagues, courant, rivage et horizon), océan et fleuves. En plus chez Desireless, un panorama qui fait rêver : volcans, eaux sacrées, nuages, marécages, dunes, îles, Mont Fuji ; ainsi que la trace des Hommes : capitales, royaume, blacks, sikhs et jaunes - un côté un peu “Benetton”. Les humains sont chez Rammstein des marins, le voyage est celui du pêcheur.

Plus surprenant, nous retrouvons dans les deux textes un champ lexical de la violence et de la mort ; évident chez Rammstein (massaces, batailles, sang, lance, épée ; ainsi que chairs que l’on transperce, noyade, hommes qui sombrent, âme noire, pleurs), plus discret chez Desireless (barbelés, coeurs bombardés, idées fatales). Tandis que Voyage voyage est plutôt premier degré, pas poétique pour un sou malgré la présence d’images positives (espace inoui de l’amour), Reise Reise est métaphorique : le marin est guerrier, l’hameçon est épée. Finalement, les deux textes parlent de la même chose : la guerre, la violence, le côté moche de l’humanité. Comparé à la grandeur des paysages, la violence semble chez Rammstein une fatalité qui abîme tout (les vagues pleurent en silence, se vident de leur sang), alors que Desireless invite à élever son âme pour continuer d’aimer le monde (éternellement, vol dans les hauteurs, plus loin que la nuit et le jour, ne t’arrête pas, et jamais ne reviens). Chez Rammstein le voyage évoque le mal, chez Desireless il en est le remède. Ce qui n’est pas surprenant par rapport aux styles de musique de chacun, même si ça nous prive d’une conclusion renversante.

Reise Reise se situe dans les profondeurs, Voyage voyage dans les nuées. Enfin, pour moi, ça reste la chanson de mon dernier été à Ronce-les-Bains, quand j’attrapais la queue du Mickey ^_^

30

06 2010
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