Archive for août, 2010

La playlist Verlaine : Calme ta joie.

Parmi les idées de sondages idiots que j’ai notées dans mon petit carnet à obsessions, outre “Cachez-vous volontairement vos affaires pour embêter votre moi futur ?” et “Préférez-vous les serviettes douces ou les serviettes bien râpeuses ?”, il y a “Écoutez-vous les paroles des chansons qui passent à la radio ?” - parce que moi, oui.

Si vous pensiez que la capacité d’être attentif à soncushng0116 environnement était un don du ciel qui permettait de choper malgré un look full-tweed de merde, vous vous fourrez la pipe dans l’œil jusqu’à la casquette. En fait, être attentif à son environnement ne permet que d’être malheureux. Personne d’autre que vous n’a vu la jolie grenouille verte sur le gazon, jusqu’à ce que ce Cayenne roule dessus. Vous êtes la seule personne à détecter l’imminence de la liquéfaction de votre beau-frère pendant les enterrements. Et comme vous êtes aussi le seul à écouter les paroles des chansons, vous visualisez très bien des corps carbonisés tandis que tout le monde se trémousse sous la boule à facettes.

Par exemple, cette chanson d’Orchestral Manoeuvres in the Dark.

C’est joli, ce synthé, non ? On dirait du Dorothée, pas vrai ? Pendant tout l’été, sur les routes on a roulé, c’est papa qui conduisait, c’est maman qui rouspétait… - Quelle sexiste cette Dorothée. Tenez, je vous traduis les paroles, en gros, ça dit :

Enola Gay, tu aurais dû rester à la maison hier
Aha les mots ne peuvent décrire ton mensonge

Ces jeux que tu joues, ils vont finir dans les larmes un de ces jours et pire encore
Aha Enola Gay, ça ne devrait jamais finir comme ça

Il est 8h15, et on dirait que le temps s’est arrêté
Message reçu sur la radio, les conditions sont normales tu rentres à la maison

Enola Gay, aujourd’hui tu es une mère fière de ton petit garçon
Aha ce baiser que tu as donné laissera sa marque pour toujours

Enola Gay, les choses ne devraient jamais finir ainsi
Aha, Enola Gay, ça restera toujours dans nos rêves

Il est 8h15, et on dirait que le temps s’est arrêté
Message reçu sur la radio, les conditions sont normales tu rentres à la maison

Enola Gay, aujourd’hui tu es une mère fière de ton petit garçon
Aha ce baiser que tu as donné laissera sa marque pour toujours

Saviez-vous qui était Enola Gay ? Non, ce n’était pas une lesbienne militante faisant campagne pour Harvey Milk en 1977 à San Francisco. Enola Gay Hazard Tibbets était la mère du Colonel Paul Tibbets, qui aimait tellement sa maman qu’il avait donné son nom à son avion. Avion dans lequel il monta le 6 août 1945 pour larguer la première bombe A sur Hiroshima. Allez, les nuages du clip vous donnaient un très petit indice, non ? Donc normalement, là, si vous réécoutez la chanson, vous comprenez de quel genre de “petit garçon” maman est fière. La bombe, comme chacun sait - sauf Kévin qui préfère se mesurer le kiki au fond de la classe avec son décimètre Bob l’éponge, portait le doux surnom de Little Boy. Le message radio, l’horreur qu’on oubliera jamais, le baiser qui laisse des traces, ça colle bien avec les quelques 140 000 morts pulvérisés, carbonisés, irradiés. Allez faire un tour sur l’article de Wikipedia pour vous rafraîchir la mémoire. Je vous avais prévenus que vous seriez malheureux.

Dans le registre “horreur gaie”, les Rita Mitsouko sont champions du monde. Qui n’a jamais sauté à pieds joints en hurlant “Mais c’est la mort qui t’a assassinée, Maaaaaarcia !!!!” ??? Vous connaissez aussi sans doute “Le petit train” : oh, la chouette chanson pour faire la chenille !

Bon, si les paroles ne sont pas très intelligibles, le clip mi-fiesta à Bollywood mi-triste mi-terrifiant (oui, ça fait beaucoup de moitités)  vous aurait sûrement mis sur la bonne voie :

Le petit train
S’en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin
De bois et de feraille
Rouille et vert de gris
Sous la pluie

Il est beau
Quand le soleil l’enflamme
Au couchant
à travers champs

Les chapeaux
Des paysannes
Ondulent sous le vent
Elles rient
Parfois jusqu’aux larmes
En rêvant à leurs amants

L’avoine est déjà germée
As-tu rentré le blé?
Cette année les vaches ont fait
Des hectolitres de lait

Petit train
Où t’en vas-tu?
Train de la mort
Mais que fais-tu?
Le referas-tu encore?

Personne ne sait ce qui s’y fait
Personne ne croit
Il faut qu’il voie
Mais moi je suis quand même là

Le petit train
Dans la campagne
Et les enfants?
Les petit train
Dans la montagne
Les grands-parents
Petit train
Conduis-les aux flammes
à travers champs

Le petit train
S’en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin de bois, de feraille
Marron et gris
Sous la pluie

Reverra-t-on
Une autre fois
Passer des trains
Comme autre fois?
C’est pas moi qui répondra

Personne ne sait
Ce qui s’y fait
Personne en croit
Il faut qu’il voit
Mais moi je suis quand même là

Petit train
Où t’en vas-tu?
Train de la mort
Mais que fais-tu?
Le referas-tu encore?

Reverra-t-on une autre fois
Passer des trains comme celui-là?
C’est pas moi qui répondra

Et voilà. Je vous avais prévenus que vous seriez malheureux.

****

Un petit bonus que vous n’êtes pas prêts d’oublier (gniak gniak gniak) - Ne me dites pas que c’est pas tout pompé sur OMD !

27

08 2010

La playlist Verlaine : J’aurais voulu être un artiiiiiiiiste

Oui, faire les valises devrait être un plaisir. Mais moi, ça m’énerve. Du coup, je fais durer le plus longtemps possible, et le supplice n’en finit pas. Là, par exemple, je devrais aller chez Décathlon acheter des ponchos de vélo. Au lieu de ça, je poste un nouveau duo Verlaine, et pas des plus guillerets.

Vous avez lu Madame Bovary ? Madame Bovary, ou le blues de quand t’es chez Décathlon dans le rayon ponchos de vélo, alors qu’au départ, pour ta vie, t’avais plutôt prévu d’être une écrivaine à chat, ayant révolutionné la littérature de ton siècle et multipliant les expériences bisexuelles dans ton manoir breton. Ou le cafard du dimanche soir quand tu reprends le boulot demain dans ton petit labo de culture cellulaire parmi tes collègues psychorigides fans de Christophe Maé, quand tu voulais jouer de la basse dans le même groupe que Dave Grohl. Ou la déprime du type en costard qui regarde le soleil se coucher sur la Défense, et qui pense à ce troupeau de chèvres qu’il n’aura jamais les couilles d’aller élever dans les Alpes du Sud.

J’avais choisi la première chanson de ce duo, que je vous présenterai en second, et je cherchais bêtement celle qui ferait la paire. Doudou m’a suggéré fort à propos de prendre le Blues du businessman. C’était du tout cuit, mais j’étais trop déçue des versions que j’ai trouvées sur internet pour avoir envie de vous en infliger une. Finalement, je me suis rappelée cette chanson à laquelle je ne comprenais rien quand j’étais môme :
Le Bagad de Lann-Bihoué de Souchon. Bien sûr, tout s’éclaire quand on apprend ce qu’est le Bagad de Lann-Bihoué, mais en 1992, début de ma période Souchon, Wikipedia n’existait pas - hé oui - et moi je suis savoyarde, alors un bagad, hein…

T’es beau avec ta bombarde, mais (pardon Boujam), être une rock star, c’est encore plus puissant pour emballer les meufs. D’où les regrets du chanteur des Counting Crows qui se murge dans un bar avec un copain sans oser aborder là fille là-bas. S’il était une rock star, tout le monde l’aimerait, c’est sûr.

Et je vous ai mis Mr Jones en version live, pour changer.

(Faites défiler pour écouter les chansons, vous êtes grands, hein)

Voici ici une traduction des paroles, et ici quelques explications sur le sens de la chanson (en anglais) - où l’on apprend que le fameux “New Amsterdam” est en fait un bar à San Francisco. Non, je ne fais pas mes propres traductions cette fois-ci : je vous rappelle que je DOIS aller chez Décathlon, là.

NB : le plan “mélancolie”, là, c’était surtout pour vous pourrir votre après-midi comme mes valises me pourrissent le mien. Parce qu’en vrai, j’aime pas trop trop les chats.

05

08 2010

La playlist Verlaine : Délivre-nous du mal

Ouille, ça pique. Est-ce un bobo - est-ce un bouton ? Une égratignure, une déchirure, une courbature ? Une côté fêlée, un pied cassé, ou bien une oreille coupée ? Une gastralgie - une dorsalgie - le cancer… une nostalgie ?

La douleur - physique ou morale - c’est moche. Mais ça peut inspirer une superbe chanson - et un clip sorti tout droit d’un tableau de Jérôme Bosch, telle “Until it sleeps” de Metallica.

N’étant pas très satisfaite des traductions que j’ai trouvées sur internet, je me suis permis de faire la mienne, un peu moins littérale, et vous me ferez les corrections que je mérite :

D’où me vient cette douleur ?
Je cours, mais elle reste toujours à mes flancs
Alors déchire-moi grand ouvert, et vide-moi
Il y a des choses en moi qui crient et hurlent
Et la douleur me hait toujours
Alors serre-moi, jusqu’à ce qu’elle dorme

Comme une malédiction, comme un chien errant
Tu le nourris une fois et il ne s’en va plus
Alors déchire-moi grand ouvert, mais gare
Dedans il y a des choses malfaisantes
Et je suis encore souillé
Alors lave-moi, que je sois propre

Ça t’atrappe, alors serre-moi
Ça laisse sa marque, alors serre-moi
Ça te hais, alors serre-moi
Ça te tiens, alors serre-moi
Jusqu’à ce que ça dorme

Dis-moi donc pourquoi tu m’as choisi
Je ne veux pas de ton emprise, de ton avidité
Je me déchirerai grand ouvert, je te chasserai
Tu ne pourras plus nuire à personne
Et la peur me secoue encore
Alors serre-moi, jusqu’à ce qu’elle dorme

Je n’en veux pas

Alors déchire-moi grand ouvert, mais gare
Dedans il y a des choses malfaisantes
Et je suis encore souillé
Alors lave-moi, que je sois propre

Je me déchirerai grand ouvert, je te chasserai
Tu ne pourras plus nuire à personne
Et j’ai encore la forme de ma peur
Alors serre-moi, jusqu’à ce qu’elle dorme

Jusqu’à ce qu’elle dorme…
Jusqu’à ce qu’elle dorme…
Jusqu’à ce qu’elle dorme…

Camille, elle, n’aime pas beaucoup voir les gens souffrir - elle non plus ? et Ta douleur semble être la réponse toute trouvée à Until it sleeps :

Cliquez ici pour voir le clip (la vidéo ne peut être intégrée).

La page Wikipedia sur Le Jardin des délices de Jérôme Bosch

01

08 2010
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