Archive for juillet, 2010

La playlist Verlaine : Le dernier jour d’un condamné

Bien avant Notre Dame de Paris, Roméo et Juliette et autres délices* tels Les 10 commandements ou Mozart l’opéra rock, une première vague de comédies musicales s’était déjà abattue sur la France dans les années 70 : avant Les misérables (1980) et Starmania (1078), il y eut La révolution française (1973).

Étant fraîche comme la rosée, je n’ai pas eu le plaisir de voir ce spectacle sur scène, mais en 1989, pour le bicentenaire de la Révolution, le disque (vinyle… je laisse passer un instant pour savourer ma vieillitude) fut ressorti des placards. C’est ainsi que la fête de l’école vit une bande de gamins déguisés en sans-culottes danser sur “Chouans, en avant”**. Quand je réécoute tout ça, je trouve que malgré la cucuterie à pleurer des chansons d’amour (en fait… j’adore ^_^), ça n’a pas trop mal vieilli.

Pour la première chanson de ce duo Verlaine, voici Marie-Antoinette la nuit avant son exécution, qui attend de se faire couper en deux au petit matin. D’où le titre (”Au petit matin”, pas “J’attends de me faire couper en deux”).

Photo RV.AB2C sur flickr

Photo RV.AB2C sur flickr

Imaginez-vous dans une cellule, seul, sachant qu’il ne vous reste que quelques heures à vivre - et que vous allez mourir devant tout le monde et que ça fera plaisir à plein de gens.  Si c’était Un dîner plus que parfait, l’ambiance serait évaluée à environ -276***.

Michel Polnareff lui aussi a réfléchi à tout ça. Dans Le bal des Laze, il nous raconte l’histoire d’un garçon plutôt cool, mais qui a malencontreusement assassiné le fiancé de la jeune lady dont il est amoureux. Vous connaissez tous cette chanson, mais peut-être ne saviez vous pas qu’elle a été enregistrée dans un studio décoré de centaines de bougies allumées ? Merci Wikipedia.

Sur ce, et après ce billet réjouissant, je vous souhaite un bon après-midi pluvieux !

Les comédies musicales sur Wikipedia

L’exécution de Marie-Antoinette

* Ami lecteur, comprends-tu l’ironie ???

** véridique

*** private Joke pour Luthi

29

07 2010

La playlist Verlaine : Ceci est mon corps

“L’anthropophagie est le comble de l’amour charnel. ”

Georges Elgozy (1909 - 1989)

Il y a toutes sortes de raisons de manger son prochain. Dans les sociétés primitives, l’anthropophagie, loin d’être une sauvagerie brouillonne, revêtait des significations diverses : manger ses morts pour les célébrer et éventuellement s’approprier leurs mérites, châtiment des ennemis vaincus, gestion de la violence par le rite… Sans compter le cannibalisme de survie, quand tu crèves tellement la dalle que tu manges tes petits copains - du radeau de la Méduse au vol 571.

De nos jours, l’anthropophagie n’a plus trop la cote : boulotter son prochain est puni par la loi. Cependant, quelques tordus s’y essayent encore. En 1981, le japonais Issei Sagawa tue une jeune fille et s’en nourrit pendant trois jours, avant de se faire pincer en train de se débarrasser des restes. En 2001, l’allemand Armin Meiwes trouve une victime consentante sur petite annonce, cuisine son pénis qu’ils dégustent ensemble, puis l’égorge et découpe 30 kilos de viande pour remplir le congélo. Le groupe de métal Rammstein en a fait une chanson - hé oui, encore Rammstein ; et faites attention, le clip est dérangeant alors éloignez Mémé, et réduisez carrément la fenêtre si vous avez l’âme pure :

(traduction ici)

Sans aller aussi loin que notre ami teuton, manger et baiser ne sont jamais bien éloignés. Du bisou au suçon, en passant par cette fille belle à croquer qui te met l’eau à la bouche - d’ailleurs tu es mort(e) de faim, tu la dévores des yeux, elle va bientôt passer à la casserole… Le langage amoureux flirte souvent avec le cannibalisme. Le sexe, mais aussi le sentiment.

Non par nécessité alimentaire, l’ingestion réelle ou symbolique de l’autre manifeste son amour, son respect et sa vénération pour cet autre. (wikipedia)

C’est la signification de l’eucharistie catholique, où chaque dimanche, on commémore et répète le sacrifice de Jésus (marrant, ça, un dieu qui s’offre en sacrifice ; ça économise des veaux de lait et des vierges éviscérées) selon le rite qu’il a lui-même instauré :

Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : «Prenez, mangez, ceci est mon corps”.

(Mt 26-26)

Lors de la consécration, du pain (la plupart du temps sous forme d’hostie) devient le corps du Christ et est distribué aux fidèles ; pour les catholiques cette transformation est bien réelle (c’est la transsubstantiation) et c’est  le Christ lui-même que l’on mange. Pour de vrai. Ainsi, ils s’unissent à lui en même temps que les uns aux autres : c’est pourquoi on parle de communion. Manger son dieu est une manière de se rappeler son sacrifice et de demeurer toujours près de lui. Je suis tombée un jour sur un recueil de prière du XIXème siècle qui comportait une oraison pour le moment où, suite à la communion, le corps du Christ va quitter le corps du fidèle (pour parler crûment : le caca du dimanche soir) ; c’est dire si la croyance dépasse largement le stade du symbole - quoique ce genre de considération cucul (si je puis me permettre) soit heureusement passé de mode chez les catholiques actuels, du moins ceux que j’ai moi-même fréquentés.

Se faire manger par amour et pour demeurer toujours auprès de ses amis : l’idée a séduit la très athée Juliette Noureddine et elle nous l’accommode sous forme d’une chanson merveilleusement écrite - comme toujours :

Le festin de Juliette (cliquer pour écouter)

Moins cinglée que Meiwes et plus gourmande que Jésus, Juliette invente le cannibalisme haut de gamme. Bon, personnellement je préfère deux bonnes boules… banane-chocolat.

Article de Wikipedia sur l’anthropophagie

Un article ardu de la revue Polis sur le même thème

Article de Wikipedia sur la communion

Plus costaud, le catéchisme de l’Église catholique

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07 2010

La playlist Verlaine : Liberté, Liberté chérie

Si vous vivez en Savoie, vous n’avez pas pu échapper aux commémorations du rattachement à la France - d’ordinaire on dit plutôt “annexion”, mais pour l’anniversaire, ça fait pas bien - et en ce lendemain de flonflons républicains, j’ai soudainement envie d’une comparaison ingénue entre nos deux hymnes patriotiques :

Marseillaise vs Allobroges

(faites défiler les morceaux dans la playlist ci-dessous pour les écouter)

On ne présente plus la Marseillaise. Écrites en temps de guerre, les paroles belliqueuses font désormais honte - avez-vous déjà hurlé “Aux armes” dans un stade ? Moi oui. Ça m’a fait plutôt peur. Personne ne la connaît jamais plus loin que le premier couplet ; c’est un peu comme regarder les 300 : je n’arrive pas à choisir quels mots extraire du merveilleux champ lexical de la violence et de la haine pour vous gâcher votre bel après-midi.

J’aime beaucoup les “jeunes héros” ; qu’ils tombent et “la terre en produit de nouveaux / Contre vous tout prêts à se battre !” (et quand ils seront morts , “Bien moins jaloux de leur survivre / Que de partager leur cercueil / Nous aurons le sublime orgueil / De les venger ou de les suivre” - chouette alors). Le plus rigolo, c’est que les tyrans, despotes sanguinaires et ennemis expirants désignent des peuples désormais amis. C’est vraiment la bonne ambiance ! Le tout dans un style ampoulé et paradoxalement mièvre à pleurer.

Côté mièvrerie, le chant des Allobroges n’est certes pas en reste, mais on y voit une conception de la Liberté un poil différente. L’hymne évoque la liberté en tant qu’allégorie vivante qui, chassée de France, se réfugie dans les montagnes de Savoie où elle trouve le soutien du peuple des Allobroges qui va aider moralement tous les peuples du monde qui aspirent à la liberté. Il évoque le refuge dans le duché de Savoie des proscrits par le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte (source : wikipedia).

Je te salue, ô terre hospitalière
Où le malheur trouva protection
D’un peuple libre arborant la bannière
Je vins fêter la constitution
Proscrite hélas ! J’ai dû quitter la France
Pour m’abriter sous un climat plus doux
Mais au foyer a relui l’espérance
Et maintenant et maintenant je suis fière de vous.

Refrain

Allobroges vaillants ! dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté
Car j’aime à respirer l’air pur de vos montagnes:
Je suis la Liberté ! la Liberté !

Au cri d’appel des peuples en alarme,
J’ai répondu par un cri de réveil
Sourd à ma voix ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil
Relève-toi ma Pologne héroïque
Car pour t’aider je m’avance à grands pas,
Secoue enfin ton sommeil léthargique
Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas. (refrain)

Un mot d’amour à la belle Italie
Alsaciens vers vous je reviendrai,
Un mot d’amour au peuple qui supplie,
Forte avec tous et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance
Priant les dieux d’écarter leur courroux
Pour faire luire un rayon d’espérance
Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous. (refrain)

Déjà j’ai fait, oh ! beau pays de France
Sur les sillons briller mon arc-en-ciel
J’ai déjà fait pour ton indépendance
Le premier pas pays béni du ciel,
Ecoute bien mes leçons salutaires,
En confiant en ta grande cité,
Réveille donc les grands mots de tes pères
Fraternité, fraternité, amour, égalité. (refrain)

Chez les humains toujours je fais ma ronde;
Mon but unique est de tous les unir
J’espère bien faire le tour du monde
Et triompher dans un prompt avenir
Je veux raser ces murailles altières
Qui des tyrans abritent le courroux
Je veux bientôt tomber les frontières
La terre doit être libre pour tous. (refrain)

Pardon, mais c’est quand même plus civilisé, et, me semble-t-il, plus adapté à un avenir Européen. T’as l’air super cool quand tu chantes ça à tes belles-sœurs anglaises, portugaises ou polonaises. Je serais remplie de félicité si les paroles de la Marseillaise pouvaient être renouvelées dans le même esprit, et j’ai même une proposition - d’origine anglaise - pour remplacer déjà la fin du refrain par :

Marchons, marchons

A fond les ballons

Allons boire un canon !

15

07 2010

14 juillet

Avant que la nuit tombe on ira dans les champs
Les petits monteront les épaules des grands
On guettera le ciel avant qu’il s’assombrisse
Les herbes grouilleront de grillons violonant.
Allongés sur le dos suçotant des réglisses,
On sera au parterre pour le feu d’artifice.

14

07 2010
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