La playlist Verlaine : Liberté, Liberté chérie
Si vous vivez en Savoie, vous n’avez pas pu échapper aux commémorations du rattachement à la France - d’ordinaire on dit plutôt “annexion”, mais pour l’anniversaire, ça fait pas bien - et en ce lendemain de flonflons républicains, j’ai soudainement envie d’une comparaison ingénue entre nos deux hymnes patriotiques :
Marseillaise vs Allobroges
(faites défiler les morceaux dans la playlist ci-dessous pour les écouter)
On ne présente plus la Marseillaise. Écrites en temps de guerre, les paroles belliqueuses font désormais honte - avez-vous déjà hurlé “Aux armes” dans un stade ? Moi oui. Ça m’a fait plutôt peur. Personne ne la connaît jamais plus loin que le premier couplet ; c’est un peu comme regarder les 300 : je n’arrive pas à choisir quels mots extraire du merveilleux champ lexical de la violence et de la haine pour vous gâcher votre bel après-midi.
J’aime beaucoup les “jeunes héros” ; qu’ils tombent et “la terre en produit de nouveaux / Contre vous tout prêts à se battre !” (et quand ils seront morts , “Bien moins jaloux de leur survivre / Que de partager leur cercueil / Nous aurons le sublime orgueil / De les venger ou de les suivre” - chouette alors). Le plus rigolo, c’est que les tyrans, despotes sanguinaires et ennemis expirants désignent des peuples désormais amis. C’est vraiment la bonne ambiance ! Le tout dans un style ampoulé et paradoxalement mièvre à pleurer.
Côté mièvrerie, le chant des Allobroges n’est certes pas en reste, mais on y voit une conception de la Liberté un poil différente. L’hymne évoque la liberté en tant qu’allégorie vivante qui, chassée de France, se réfugie dans les montagnes de Savoie où elle trouve le soutien du peuple des Allobroges qui va aider moralement tous les peuples du monde qui aspirent à la liberté. Il évoque le refuge dans le duché de Savoie des proscrits par le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte (source : wikipedia).
Je te salue, ô terre hospitalière
Où le malheur trouva protection
D’un peuple libre arborant la bannière
Je vins fêter la constitution
Proscrite hélas ! J’ai dû quitter la France
Pour m’abriter sous un climat plus doux
Mais au foyer a relui l’espérance
Et maintenant et maintenant je suis fière de vous.
Refrain
Allobroges vaillants ! dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté
Car j’aime à respirer l’air pur de vos montagnes:
Je suis la Liberté ! la Liberté !
Au cri d’appel des peuples en alarme,
J’ai répondu par un cri de réveil
Sourd à ma voix ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil
Relève-toi ma Pologne héroïque
Car pour t’aider je m’avance à grands pas,
Secoue enfin ton sommeil léthargique
Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas. (refrain)
Un mot d’amour à la belle Italie
Alsaciens vers vous je reviendrai,
Un mot d’amour au peuple qui supplie,
Forte avec tous et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance
Priant les dieux d’écarter leur courroux
Pour faire luire un rayon d’espérance
Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous. (refrain)
Déjà j’ai fait, oh ! beau pays de France
Sur les sillons briller mon arc-en-ciel
J’ai déjà fait pour ton indépendance
Le premier pas pays béni du ciel,
Ecoute bien mes leçons salutaires,
En confiant en ta grande cité,
Réveille donc les grands mots de tes pères
Fraternité, fraternité, amour, égalité. (refrain)
Chez les humains toujours je fais ma ronde;
Mon but unique est de tous les unir
J’espère bien faire le tour du monde
Et triompher dans un prompt avenir
Je veux raser ces murailles altières
Qui des tyrans abritent le courroux
Je veux bientôt tomber les frontières
La terre doit être libre pour tous. (refrain)
Pardon, mais c’est quand même plus civilisé, et, me semble-t-il, plus adapté à un avenir Européen. T’as l’air super cool quand tu chantes ça à tes belles-sœurs anglaises, portugaises ou polonaises. Je serais remplie de félicité si les paroles de la Marseillaise pouvaient être renouvelées dans le même esprit, et j’ai même une proposition - d’origine anglaise - pour remplacer déjà la fin du refrain par :
Marchons, marchons
A fond les ballons
Allons boire un canon !
Vous nous rejoignez quand ?
http://www.romandie.com/infos/ats/display2.asp?page=20100714183449550172019048164_brf047.xml
Hum… Quand vous aurez inventé la sécu ^_^