Archive for mars, 2008

Ils sont fous ces anglais

31

03 2008

Difficile petit rat

C’est pas tout, ça, mais maintenant que j’ai fini les Chroniques de San Francisco, je dois me trouver autre chose à lire.

Commencer un livre est pour moi une opération très compliquée. Depuis toujours. Je peux passer une heure dans une librairie ou à la bibliothèque, je furète entre les rayons de façon désordonnée, le cou perpendiculaire pour lire les titres sur les tranches, et je peux tout à faire ressortir sans rien avoir choisi du tout. Je suis extraordinairement difficile. Déjà petite, les gens m’offraient des livres parce qu’ils savaient que je lisais beaucoup (il n’y avait pas de télé à la maison et ma consommation s’élevait à au moins deux romans par semaine) ; je n’en ouvrais pas la moitié. Je n’essayais même pas de les commencer : ils allaient moisir sur une étagère, délaissés, vexés peut-être, d’autant plus que ce n’était souvent que délit de sale gueule.

Je ne peux pas lire un livre qui ne me plaît pas physiquement. Bien sûr, le titre importe, le résumé de la quatrième de couverture aussi, et l’écho que j’ai pu éventuellement en avoir par quelqu’un ou par un magazine. Mais j’ai des critères beaucoup plus superficiels. Il faut que ce soit un livre de poche. Je n’aime pas les grands formats. Il faut qu’il soit de la bonne édition (10-18, Points, Pocket ou àla rigueur Folio). Je viens de me faire violence et d’acheter Virgin Suicides bien qu’il ait paru chez J’ai Lu (je déteste le logo) ; je voulais lire le roman mais répugnais à l’acheter depuis plus d’un an pour cette unique raison. Il faut que la couverture soit belle (je me retiens d’acheter à nouveau Middlesex parce qu’ils l’ont réédité avec une couverture différente vachement plus sexy). Il faut de préférence que ce soit un pavé, et un vrai, pas écrit en gros : il faut que ça dure (je lis à une vitesse qui énerve les gens, c’est pourquoi je lis de temps en temps un bouquin en anglais, ça me mate). Les livres, c’est comme les filles : j’aime pas quand c’est maigre. J’aime faire défiler les pages avec le pouce et que l’épaisseur molle d’un roman de six cents pages fasse “flop flop flop”. A cause de ça j’ai une petite préférence pour les Points ; la couverture des 10-18 est un peu trop rigide pour que le plaisir soit complet. Certaines éditions moins connues ont des proportions et un toucher vraiment agréables, ce qui m’a conduit à lire Chinoises (Xinran), chez Piquier Poche, un livre excellent et poignant que je recommande (bien que je déteste le mot “poignant”).

Mais je n’aime pas avoir plusieurs tomes. J’ai le Seigneur des anneaux, version originale, en un seul volume, couverture souple, plus de mille pages, on dirait une Bible. Je l’adore, bien que je ne soit pas allée au delà de la page 177 (marquée avec le ticket d’entrée de la maison de Pierre Loti à Rochefort). J’ai lu dans mon adolescence Les Misérables dans une vieille édition en un volume unique, écrit sur trois ou quatre colonnes, un vrai plaisir. J’aimerais le relire, mais pas en plusieurs tomes. Comme je le trouve pas d’une seule pièce, je renonce à chaque fois.

En revanche je n’ai rien contre les séries, mais attention, je veux tous les tomes dans la même édition. J’ai tout de même fait exception pour Harry Potter, ayant acheté les tomes 1 à 4 en version originale poche, mais n’ayant pas pu attendre pour me procurer les suivants dès leur sortie. J’ai donc 4 Harry Potter brochés et 3 cartonnés avec jacquette. Il faudra remédier à cela un jour, c’est sûr, en achetant la version poche des trois derniers, puisque je préfère les poches, bien entendu.

J’ai aussi quelques exigences sur le contenu (j’en ai quand même un peu dans la cervelle). Je n’aime pas les policiers (surtout enrobés d’un contexte historique). Je ne suis pas attirée par les ambiances exotiques (parce qu’elles me ramènent à ma certitude d’être nulle en voyages). Mais je ne lis presque que des romans anglo-saxons (j’ai l’impression qu’aucun auteur français n’est capable d’être assez original et déjanté). Je me sens incompétente pour la science-fiction (sauf Les Robots d’Asimov) et la fantasy (ça m’a suffit d’aller au caté quand j’étais môme). Je ne lis jamais de livres pour filles (autrefois c’était Mary Higgins Clark, monotone comme le ciel de Chartres ; de nos jours c’est ces trucs genre Sex and the City avec des célibattantes qui font semblant de ne pas chercher ce gland de prince charmant). Je ne veux plus rien lire (ni voir, d’ailleurs) sur la Seconde Guerre Mondiale, j’en ai ma claque de toute cette horreur (j’y suis pour rien, j’étais pas née et mes vieux non plus, d’abord).

J’aime bien les sagas familiales (où tout le monde a un grain), les personnages normaux (c’est à dire : qui ne bossent pas dans la pub) mais originaux (ils cultivent les vers à soie), qui se croisent les uns les autres (tout le monde couche avec le même mec). Par dessus tout, et je ne passe rien à l’auteur à ce sujet : il faut que ce soit bien écrit. Là , normalement, ça énerve ^ ^ qui déteste que je critique le style d’un livre ou d’une chanson (je suppose que je devrais dire “je n’aime pas comme c’est écrit” à la place de “c’est de la merde”, mais à chacun ses petits tics de syntaxe). Mais je n’en démords pas.

Prenons un exemple. J’ai acheté Les yeux jaunes des crocodiles (Pancol) avec le chèque de Noël du comité d’entreprise. Ma Couz m’avait dit que c’était très très bien. La couverture me plaisait. L’épaisseur aussi. J’aurais du me méfier du résumé, pourtant : “Ce roman parle des hommes. Et des femmes. Celles que nous sommes, celles que nous voudrions être, celles que nous ne serons jamais, celles que nous deviendrons peut-être”, effectivement, j’aurais du voir que ça s’annonçait fort mal. Résultat, je suis engluée à la page 197. Je m’emmerde sec. Le style est plat. Les personnages mous. L’intrigue n’avance pas. Les situations sont caricaturales. Tout est téléphoné, rien ne me surprend. Rien n’est crédible. Vous y croyez, vous, à une ado qui utilise l’expression “le comble du luxe” ? On dirait un bon vieux sitcom. Gros gâchis de papier, gros gâchis de temps, gros gâchis de chèque de Noël du comité d’entreprise. Le roman a reçu le prix 2006 de la Maison de la Presse. Ceci confirme que ce n’est pas en vendant Voici qu’on attrape la fibre littéraire. Depuis l’auteur a sorti La valse lente des tortues. Je m’interroge : est ce qu’elle va s’attaquer à tous les reptiles ? Le prochain, c’est “Le vaste trou du cul des iguanes”. (Oui, je suis sans pitié ; vous comprenez ^ ^ maintenant. Mais je suis frustrée, je gère comme je peux, hein.)

Lors de ma dernière descente à la Keufna, j’ai donc aquis Virgin Suicides (j’emprunte des bouquins à la médiathèque, bien sûr, mais je préfère toujours les acheter, pour les garder, les relire, en essayant de ne pas marquer la tranche de pliures, et les prêter quand je les aime vraiment). J’ai aussi choisi Geisha, que je voulais lire depuis longtemps, et Une situation légèrement délicate, puisque j’avais aimé Le bizarre incident du chien pendant la nuit. J’ai longuement hésité devant Ambiguïtés, vanté il y a peu par Matoo, mais je ne sais pas pourquoi, ça fait deux fois que je le feuillette puis le repose sur le rayon. J’ai eu envie de prendre aussi Jonathan Strange et Mr Norrell, mais je ne suis pas sûre que ça va me plaire au delà de la couverture noire et du nombre alléchant de pages.

Je suis embêtée. Quoi lire ensuite ???

20

03 2008

Babycakes blues

Comme ici ce n’est pas un blog 100% jeune maman, je vais vous parler de mon babyblues. Vous n’avez pas mal lu, j’ai bien écrit que ce n’était pas un blog 100% jeune maman. C’est à dire que mon babyblues, en plus de s’en être tenu au strict minimum (disons trois grosses demi-journées), a pris des chemins plutôt inattendus.

L’année dernière, pendant mon voyage à l’île Maurice (et pendant que sur ce blog dansaient les souris), j’ai fait une rencontre. J’ai lu mon premier tome des Chroniques de San Francisco - en version originale, s’il vous plaît. Ci-dessous, une petite photo pour vous re situer le contexte :

Sable chaud, lagons bleus, soleil, poissons tropicaux et pour lire sur la plage, un bouquin avec un vieux slip en photo sur la couverture. Bien que mon anglais ne m’ait pas permis de comprendre les dialogues dans toute leur finesse, j’ai carrément accroché. J’aime les histoires remplies de personnages qui s’entrecroisent. J’aime quand il y a un gros secret qu’on ne connaît qu’à la fin. San Francisco me fait rêver depuis que les photos de voyage de ^ ^ m’ont fait réaliser que c’est là -bas que se trouve la bow-window de La fête à la Maison derrière laquelle Lili et moi voulions toutes deux habiter quand nous étions petites (ici vous pouvez reprendre votre souffle, merci). “Fantasia for two” m’a fidélisée pour toujours, bien que je n’aie aucune affinité pour les chimpanzés. Et voilà comment on se trouve une nouvelle saga à lire après avoir relu douze fois Des semailles et des moissons - celle-ci faisait assez honte à cause de son titre cucul, en fait. Mais lire les Chroniques de San Francisco, c’est sans doute un peu ringuard, mais c’est quand même la classe.

Je n’ai attaqué le second tome qu’une fois enceinte, pendant les vacances de la Toussaint. Et j’ai enchaîné avec les troisième, quatrième et cinquième pendant que Papillotte devenait Nibbler bien au chaud sous mes abdos. Mais la coquine ne m’a pas laissé le temps de lire le dernier épisode, tout pressée de sortir qu’elle était. C’est donc quelques semaines plus tard, après une paire de nuit particulièrement agitées, et dans un état de fatigue assez remarquable que je me suis rendue à la Keufna pour acheter mon Bye-Bye Barbary Lane.

Et c’est là que mon babyblues entre en scène. A l’instant où mon doigt se pose sur la tranche du bouquin pour le tirer hors de son étagère, entre D’un bord à l’autre et Une voix dans la nuit, à cet instant précis, je réalise que ceci est le dernier, tout dernier tome, après, fini, parti, a p’us, et bam, l’eau me monte aux yeux et ça chauffe et ça pique comme des tétons pendant la montée de lait, et voilà que je me retrouve à me balader dans la Keufna au bord des larmes, mon livre à la main, et l’air bête. Tout ce que je vois autour de moi m’émeut encore plus, sans raison, un bébé un peu plus vieux que le mien dans sa poussette, un livre que j’avais quand j’étais petite, une musique qui joue dans un haut-parleur, n’importe quoi. Je m’étais attachée à ces personnages, à cette ambiance, et sans doute aussi à mon gros ventre et aux petits coups de pieds, et tout était fini, pour toujours !

En rentrant, Doudou m’a payé un chocolat chaud à la cannelle à l’Atelier du Chocolat et déjà , c’est allé mieux. Et devinez ce que j’ai découvert la semaine dernière ?

Il va sortir le mois prochain. Croyez-vous que je vais me jeter dessus ? Que nenni ! Il se trouve que d’une part je suis plutôt maniaque sur certaines choses - pas autant que Ron prétend l’être, mais pas loin. J’ai toute la série des Chroniques en poche 10-18, il est hors de question d’acheter celui-ci avant qu’il ne soit sorti en poche 10-18, parce que sinon, il sera pas pareil que les autres et ça va pas être possible. C’est comme ça épicétou. Mais ce n’est pas grave : j’ai toute la vie pour le lire… Et j’espère, pour le poser sur un gros bidon qui bouge…

16

03 2008

Roche

07

03 2008

Les génies sont incompris, c’est bien connu

Oui, je sais, j’avais dit que j’allais publier plus souvent et tout, mais je voudrais vous y voir, vous, à poster avec des yeux en méats ! Pour vous dire la vérité, j’ai plein d’idées d’articles on ne peut plus bloguesques (donc sur des sujets ultra personnels sans aucune intérêt pour l’édification des masses) mais la plupart du temps, quand je pense à poster, je me sens si ensommeillée que je n’ose pas, de peur d’écrire un truc vraiment chiant.

Bon, pour reprendre le rythme en douceur, je ne vais pas trop forcer aujourd’hui et pomper la moitié du billet sur un email de mon Papou (qui se faisait opérer aujourd’hui, rien de grave mais vous savez comment sont les hommes, le tronc est au fond de la salle, merci pour lui).

Mon Papou m’envoie souvent des mails qui me font penser qu’il devrait ouvrir un blog, tant il sait raconter des faits complètement banals en les rendant tantôt lyriques, tantôt tordants. Pour l’histoire qui nous occupe aujourd’hui, faisons si vous le voulez bien une remise dans le contexte. Il s’agissait de clamer au monde émerveillé la naissance de Nibbler (oui, Gabrielle s’appelera ici Nibbler, et si vous n’êtes pas téléculturés, wikipédia est votre ami). Seulement, vous n’avez pas idée du prix des faire-part, pour un peu qu’ils soient un peu évolués genre rose et bleus parsemés de petits anges tout nus et de boulettes d’organdi parfumées à la cannelle ; et moi, je suis radin. De plus, et désolée si je vexe des gens, mais j’aime pas trop quand on détaille les mensurations du bébé genre on le connaît pas encore bien alors on vous dit ce qu’on sait de lui pour l’instant et ce qu’il a de mieux c’est sûrement son périmètre crânien ; de toute façon si on avait précisé “1kg960 - 42 cm”, tout le monde aurait flippé grave. Dernière chose : nos ainés, parents confirmés de six mois avant nous, nous avaient prévenus qu’on aurait autre chose à faire une fois le colis livré que de se prendre la tête à imaginer ou même à commander des foutus faire-part. Mon cerveau formidable, seul organe laissé à peu près entièrement fonctionnel à la fin de ma grossesse, a donc élaboré une solution inédite : faire à l’avance une maquette de faire-part sous The Gimp, avec juste la photo, le prénom et la date de naissance à compléter, et une fois l’affaire faite, balancer le jpeg sur un site de développement en ligne et recevoir 200 faire-part couleur pour 22 euros et 90 centimes.

Seulement voilà . Les gens sont un peu conventionnels. Alors un truc sur du papier photo avec une photo et pas de mensurations de bébé, c’est pas un faire-part, c’est une photo, même si y’a un poil de texte (prénom, date et adresse pour recevoir les cadeaux, hé ! ) et que vous avez par ailleurs dépensé une fortune en envoloppes de couleur pour faire festif. Et là je laisse la parole à mon Papou qui me raconte la réaction des gens qui ont déjà reçu le bazar :

“Nous avons rencontré Georgette (oui oui oui!!!) qui venait de recevoir la “photo” ; la Rose aussi, était très heureuse de la “photo” et Mademoiselle Shumiski aussi, a trouvé si jolie la “photo”. Personne ne semble penser qu’il peut s’agir d’un faire-part : pour de l’originalité, vous avez réussi, puisque vous renouvelez complètement le vieux concept de “faire-part” ! Simplement, comme y’a pas de cigogne, de rose ou de chou de bruxelles, pas mention du poids, de la taille ou pas de phrase du genre “nous sommes si heureux d\’avoir accueilli un SDF à la maison en plein mois de janvier…”, personne ne peut même imaginer qu’il puisse s’agir d’autre chose que d’une simple “photo”.

A LR aussi, nous avons déjà reçu de nombreux témoignages de sympathie par rapport à la “photo”. La prochaine fois, vous enverrez une “sculpture en béton précontraint” ou bien une “pâte à sel”, et on aura des remerciements et des compliments pour le “joli béton” ou pour la “pâte à sel” ou pour le joli “masque de mardi-gras en papier”, ou pour la “pomme de terre” si vous avez décidé de graver le visage en bas relief dans une patate.

En fait votre véritable originalité consiste à ce qu’elle passe inaperçue, parce que les gens doivent se dire en tapinois : “Quand même, ils auraient bien pu nous envoyer un faire-part“! “

06

03 2008
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