Archive for décembre, 2009

Mon PC est hanté

Internet a changé ma vie musicale.

Rappelez-vous. En ce temps-là, nous n’avions que la radio et les CD - et même dans l’autrefois d’autrefois, nous avions les vinyles ; vous aviez un mange-disque, vous ? Moi pas. J’en rêvais - et moi j’avais aussi Papou qui chantait en voiture, mais c’est autre chose. Les CD coûtaient au moins trois mois d’argent de poche. J’avais donc une cassette vierge en permanence dans mon radiocassette (je sais que c’est une répétition mais c’était pour le plaisir de dire “radiocassette” et je ne pouvais pas me dispenser du mot “cassette” parce que sinon ça aurait donné “j’avais donc une vierge en permanence dans mon radiocassette” et là c’est n’importe quoi) et j’appuyais sur Rec quand j’entendais un truc qui me plaisait.

(Quand j’y pense, c’était une amélioration considérable, ce radiocassette. Plus jeune, j’avais du enregistrer la chanson de Chico et Roberta en approchant mon magnétophone - ha, “magnétophone” ! - du haut parleur de la chaîne hi-fi.)

Une nuit - j’étais en 5ème - alors que j’avais pris l’habitude de dormir avec la radio en sourdine, j’avais entendu dans un demi-sommeil une chanson qui m’avait parue fabuleuse. Fabuleuse, genre : chantée par des anges auréolés au milieu de jolis nuages moutonneux - au moins. J’avais réussi à appuyer sur le bouton d’enregistrement avant de retomber dans les vapes. Au matin, j’avais pu l’écouter afin de m’assurer que cette chanson céleste existait réellement. Elle existait, elle était céleste, mais c’était quoi, au juste, cette chanson ? Rappelez-vous : 1993. Pas de google pour taper quelques bribes de paroles captées entre les crachouillis magnétiques. Pas de spotify pour enfin écouter la chanson féérique en entier (si vous avez suivi, vous avez noté que je l’avais prise en cours de route). Pas de youtube pour voir le clip. Il ne me restait qu’à attendre qu’elle repasse à la radio, assise devant le poste, en espérant que l’animateur l’annoncerait. Misère, tristesse et abandon.

2005. Nous quittons Bordeaux après 18 mois à vouloir en partir, et finalement, je suis triste. La place Galliène, la galerie bordelaise, le Jean Eustache, les dimanches à la plage vont horriblement me manquer. Et FIP. Parce que la liste des fréquences de FIP est aussi longue que celle des exploits sexuels du cardinal Javier Lozano Barragan. A Montpellier, j’essaye de me consoler avec Radio Nova, mais non, je suis malheureuse quand même.

Tant de frustration musicale, ça ne vous fait pas mal au cœur ? Heureusement, de nos jours, nous ne sommes plus soumis à des contraintes aussi révoltantes. Grâce à mon ami internet, je peux retrouver quand je veux ce que je veux, non seulement des camarades de classe qui ont fait des bébés et épousé des religions bizarres, mais également n’importe quel morceau qui me passe par la tête. Je réapprends même des tubes que j’avais oubliés, comme la chanson de Léguman, et ne me dites pas que c’était dispensable ! Et bien entendu, je peux écouter en streaming n’importe quelle radio de n’importe où dans le monde, y compris KRQR. Ma félicité est totale.

Enfin, rien de nouveau, la fille elle découvre la radio en streaming, pffff… Non, ça fait des années que je m’en sers. Mais si j’en parle, c’est à cause de Sarkozy.

Afin de profiter des bienfaits éternellement renouvelés d’internet en matière de diffusion audio, nous avons fait un trou dans le mur du salon pour y installer l’un des hauts-parleurs du pc basé dans la pièce voisine (bon, le son 5.1 risque d’un peu moins bien marcher, mais on ne peut pas tout avoir). Nous pouvons donc entendre le son du net, largement vautrés sur notre canapé. Voici maintenant ce qui arriva. L’autre jour, mon Papou, mon homme et moi étions sagement en train de deviser devant un thé vert glacé à la cerise, toute radio éteinte, quand tout à coup une voix s’éleva (qui n’étais pas céleste) et qui disait : “Je vous avais annoncé que le premier travail de notre gouvernement…” - stupeur et effroi autour de la théière ! La propagande présidentielle directement dans ton salon, c’est encore pire que les hauts-parleurs accusateurs dans le Roi et l’oiseau, ça calme ! Nos genoux s’entrechoquaient de concert.

En fait c’était juste que firefox était ouvert sur un site d’actu dont la Une venait de se recharger toute seule, lançant automatiquement une vidéo du discours sur le grand emprunt. Reprenant mes esprits, je m’ébrouai et m’écriai :
“Sarkozy, je ne te vois pas, mais je t’entends !”

Vous pensez que je vais prendre combien ?

20

12 2009

Je sais pourquoi je suis fatiguée le matin.

Il y avait Johnny et Lætitia dans le couloir, entre la porte de notre chambre et celle de Nibbler. Elle cherchait désespérément une maison de retraite pour chanteur vieux, mais il n’y avait de place nulle part, on le refusait partout, surtout qu’il était désagréable. Je voulais bien l’aider mais je me demandais pourquoi elle s’adressait à moi, en pleine nuit, elle n’avait qu’à téléphoner depuis le bureau, tiens. Johnny n’était pas facile à déplacer dans sa chaise roulante. Heureusement, ils n’ont pas réveillé la petite avec leur barrouf.

Ensuite, cette femme bizarre a sonné à la porte. J’ai tout de suite compris qui elle était : celle-là même qui m’avait envoyé un mail la veille, mais je n’avais pas répondu, ça ne m’intéressait pas son concours du “Meilleur look malade”. Elle ressemblait à la couturière dans Les Indestructibles, sauf qu’elle avait une choucroute frisée sur la tête. Elle est entrée jusque dans ma chambre, où elle a vu le matos, et elle a dit super ! il y a tout ce qu’il faut, on va pouvoir faire un super look avec la sonde naso-gastrique. Elle était debout sur mon lit. J’ai vu rouge, je n’admets pas qu’on marche sur mon lit en chaussures, même si on mesure 1m10. Je l’ai prise sous les bras, en la tenant le plus loin possible de moi comme Nibbler quand elle vient de faire caca, et je l’ai remise sur le pallier. J’ai eu du mal à fermer la porte, et Doudou qui ne comprenait rien et qui ne venait même pas m’aider !

Après, je suis tombée sur un type bien sapé, noir, avec un chapeau, qui avait mis des affiches dans mon couloir. Il m’a lu un bouquin déplorant l’apparition des collants pour femme. C’était un livre de photos vantant le porte-jarretelle. Il allait d’une affiche à l’autre en montrant la page correspondante et en faisant des commentaires éclairants.

C’était juste avant que l’on m’amène un bébé garçon en me disant que c’était le mien, et je me sentais coupable de l’aimer moins que Nibbler, mais c’était normal puisque je passe toutes mes journées avec elle, après tout.

07

12 2009
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