Archive for the ‘Du son’Category

Culture-toi entre deux Itti-bitti

Quand on est parent, on n’a pas pour autant vocation à se faire chier - un peu comme quand on est adulte. Donc, quitte à coller les mômes devant un dessin animé pour avoir la paix cinq minutes, autant que le réalisateur ait intégré quelque clin d’œil qui échappera complètement à votre mioche (les enfants sont pas cultivés, les nuls) et qui vous fera sentir super fort comme Michel Houellebecq après un passage sur Wikipedia.

Ami lecteur, sauras-tu retrouver les trois références ci-dessous ?

Indice : il te faudra visionner au moins 12 minutes et 39 secondes de vidéo pour toutes les voir. Mais Luthi, elle, elle va tout regarder en entier !

07

09 2010

La playlist Verlaine : Calme ta joie.

Parmi les idées de sondages idiots que j’ai notées dans mon petit carnet à obsessions, outre “Cachez-vous volontairement vos affaires pour embêter votre moi futur ?” et “Préférez-vous les serviettes douces ou les serviettes bien râpeuses ?”, il y a “Écoutez-vous les paroles des chansons qui passent à la radio ?” - parce que moi, oui.

Si vous pensiez que la capacité d’être attentif à soncushng0116 environnement était un don du ciel qui permettait de choper malgré un look full-tweed de merde, vous vous fourrez la pipe dans l’œil jusqu’à la casquette. En fait, être attentif à son environnement ne permet que d’être malheureux. Personne d’autre que vous n’a vu la jolie grenouille verte sur le gazon, jusqu’à ce que ce Cayenne roule dessus. Vous êtes la seule personne à détecter l’imminence de la liquéfaction de votre beau-frère pendant les enterrements. Et comme vous êtes aussi le seul à écouter les paroles des chansons, vous visualisez très bien des corps carbonisés tandis que tout le monde se trémousse sous la boule à facettes.

Par exemple, cette chanson d’Orchestral Manoeuvres in the Dark.

C’est joli, ce synthé, non ? On dirait du Dorothée, pas vrai ? Pendant tout l’été, sur les routes on a roulé, c’est papa qui conduisait, c’est maman qui rouspétait… - Quelle sexiste cette Dorothée. Tenez, je vous traduis les paroles, en gros, ça dit :

Enola Gay, tu aurais dû rester à la maison hier
Aha les mots ne peuvent décrire ton mensonge

Ces jeux que tu joues, ils vont finir dans les larmes un de ces jours et pire encore
Aha Enola Gay, ça ne devrait jamais finir comme ça

Il est 8h15, et on dirait que le temps s’est arrêté
Message reçu sur la radio, les conditions sont normales tu rentres à la maison

Enola Gay, aujourd’hui tu es une mère fière de ton petit garçon
Aha ce baiser que tu as donné laissera sa marque pour toujours

Enola Gay, les choses ne devraient jamais finir ainsi
Aha, Enola Gay, ça restera toujours dans nos rêves

Il est 8h15, et on dirait que le temps s’est arrêté
Message reçu sur la radio, les conditions sont normales tu rentres à la maison

Enola Gay, aujourd’hui tu es une mère fière de ton petit garçon
Aha ce baiser que tu as donné laissera sa marque pour toujours

Saviez-vous qui était Enola Gay ? Non, ce n’était pas une lesbienne militante faisant campagne pour Harvey Milk en 1977 à San Francisco. Enola Gay Hazard Tibbets était la mère du Colonel Paul Tibbets, qui aimait tellement sa maman qu’il avait donné son nom à son avion. Avion dans lequel il monta le 6 août 1945 pour larguer la première bombe A sur Hiroshima. Allez, les nuages du clip vous donnaient un très petit indice, non ? Donc normalement, là, si vous réécoutez la chanson, vous comprenez de quel genre de “petit garçon” maman est fière. La bombe, comme chacun sait - sauf Kévin qui préfère se mesurer le kiki au fond de la classe avec son décimètre Bob l’éponge, portait le doux surnom de Little Boy. Le message radio, l’horreur qu’on oubliera jamais, le baiser qui laisse des traces, ça colle bien avec les quelques 140 000 morts pulvérisés, carbonisés, irradiés. Allez faire un tour sur l’article de Wikipedia pour vous rafraîchir la mémoire. Je vous avais prévenus que vous seriez malheureux.

Dans le registre “horreur gaie”, les Rita Mitsouko sont champions du monde. Qui n’a jamais sauté à pieds joints en hurlant “Mais c’est la mort qui t’a assassinée, Maaaaaarcia !!!!” ??? Vous connaissez aussi sans doute “Le petit train” : oh, la chouette chanson pour faire la chenille !

Bon, si les paroles ne sont pas très intelligibles, le clip mi-fiesta à Bollywood mi-triste mi-terrifiant (oui, ça fait beaucoup de moitités)  vous aurait sûrement mis sur la bonne voie :

Le petit train
S’en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin
De bois et de feraille
Rouille et vert de gris
Sous la pluie

Il est beau
Quand le soleil l’enflamme
Au couchant
à travers champs

Les chapeaux
Des paysannes
Ondulent sous le vent
Elles rient
Parfois jusqu’aux larmes
En rêvant à leurs amants

L’avoine est déjà germée
As-tu rentré le blé?
Cette année les vaches ont fait
Des hectolitres de lait

Petit train
Où t’en vas-tu?
Train de la mort
Mais que fais-tu?
Le referas-tu encore?

Personne ne sait ce qui s’y fait
Personne ne croit
Il faut qu’il voie
Mais moi je suis quand même là

Le petit train
Dans la campagne
Et les enfants?
Les petit train
Dans la montagne
Les grands-parents
Petit train
Conduis-les aux flammes
à travers champs

Le petit train
S’en va dans la campagne
Va et vient
Poursuit son chemin
Serpentin de bois, de feraille
Marron et gris
Sous la pluie

Reverra-t-on
Une autre fois
Passer des trains
Comme autre fois?
C’est pas moi qui répondra

Personne ne sait
Ce qui s’y fait
Personne en croit
Il faut qu’il voit
Mais moi je suis quand même là

Petit train
Où t’en vas-tu?
Train de la mort
Mais que fais-tu?
Le referas-tu encore?

Reverra-t-on une autre fois
Passer des trains comme celui-là?
C’est pas moi qui répondra

Et voilà. Je vous avais prévenus que vous seriez malheureux.

****

Un petit bonus que vous n’êtes pas prêts d’oublier (gniak gniak gniak) - Ne me dites pas que c’est pas tout pompé sur OMD !

27

08 2010

La playlist Verlaine : J’aurais voulu être un artiiiiiiiiste

Oui, faire les valises devrait être un plaisir. Mais moi, ça m’énerve. Du coup, je fais durer le plus longtemps possible, et le supplice n’en finit pas. Là, par exemple, je devrais aller chez Décathlon acheter des ponchos de vélo. Au lieu de ça, je poste un nouveau duo Verlaine, et pas des plus guillerets.

Vous avez lu Madame Bovary ? Madame Bovary, ou le blues de quand t’es chez Décathlon dans le rayon ponchos de vélo, alors qu’au départ, pour ta vie, t’avais plutôt prévu d’être une écrivaine à chat, ayant révolutionné la littérature de ton siècle et multipliant les expériences bisexuelles dans ton manoir breton. Ou le cafard du dimanche soir quand tu reprends le boulot demain dans ton petit labo de culture cellulaire parmi tes collègues psychorigides fans de Christophe Maé, quand tu voulais jouer de la basse dans le même groupe que Dave Grohl. Ou la déprime du type en costard qui regarde le soleil se coucher sur la Défense, et qui pense à ce troupeau de chèvres qu’il n’aura jamais les couilles d’aller élever dans les Alpes du Sud.

J’avais choisi la première chanson de ce duo, que je vous présenterai en second, et je cherchais bêtement celle qui ferait la paire. Doudou m’a suggéré fort à propos de prendre le Blues du businessman. C’était du tout cuit, mais j’étais trop déçue des versions que j’ai trouvées sur internet pour avoir envie de vous en infliger une. Finalement, je me suis rappelée cette chanson à laquelle je ne comprenais rien quand j’étais môme :
Le Bagad de Lann-Bihoué de Souchon. Bien sûr, tout s’éclaire quand on apprend ce qu’est le Bagad de Lann-Bihoué, mais en 1992, début de ma période Souchon, Wikipedia n’existait pas - hé oui - et moi je suis savoyarde, alors un bagad, hein…

T’es beau avec ta bombarde, mais (pardon Boujam), être une rock star, c’est encore plus puissant pour emballer les meufs. D’où les regrets du chanteur des Counting Crows qui se murge dans un bar avec un copain sans oser aborder là fille là-bas. S’il était une rock star, tout le monde l’aimerait, c’est sûr.

Et je vous ai mis Mr Jones en version live, pour changer.

(Faites défiler pour écouter les chansons, vous êtes grands, hein)

Voici ici une traduction des paroles, et ici quelques explications sur le sens de la chanson (en anglais) - où l’on apprend que le fameux “New Amsterdam” est en fait un bar à San Francisco. Non, je ne fais pas mes propres traductions cette fois-ci : je vous rappelle que je DOIS aller chez Décathlon, là.

NB : le plan “mélancolie”, là, c’était surtout pour vous pourrir votre après-midi comme mes valises me pourrissent le mien. Parce qu’en vrai, j’aime pas trop trop les chats.

05

08 2010

La playlist Verlaine : Délivre-nous du mal

Ouille, ça pique. Est-ce un bobo - est-ce un bouton ? Une égratignure, une déchirure, une courbature ? Une côté fêlée, un pied cassé, ou bien une oreille coupée ? Une gastralgie - une dorsalgie - le cancer… une nostalgie ?

La douleur - physique ou morale - c’est moche. Mais ça peut inspirer une superbe chanson - et un clip sorti tout droit d’un tableau de Jérôme Bosch, telle “Until it sleeps” de Metallica.

N’étant pas très satisfaite des traductions que j’ai trouvées sur internet, je me suis permis de faire la mienne, un peu moins littérale, et vous me ferez les corrections que je mérite :

D’où me vient cette douleur ?
Je cours, mais elle reste toujours à mes flancs
Alors déchire-moi grand ouvert, et vide-moi
Il y a des choses en moi qui crient et hurlent
Et la douleur me hait toujours
Alors serre-moi, jusqu’à ce qu’elle dorme

Comme une malédiction, comme un chien errant
Tu le nourris une fois et il ne s’en va plus
Alors déchire-moi grand ouvert, mais gare
Dedans il y a des choses malfaisantes
Et je suis encore souillé
Alors lave-moi, que je sois propre

Ça t’atrappe, alors serre-moi
Ça laisse sa marque, alors serre-moi
Ça te hais, alors serre-moi
Ça te tiens, alors serre-moi
Jusqu’à ce que ça dorme

Dis-moi donc pourquoi tu m’as choisi
Je ne veux pas de ton emprise, de ton avidité
Je me déchirerai grand ouvert, je te chasserai
Tu ne pourras plus nuire à personne
Et la peur me secoue encore
Alors serre-moi, jusqu’à ce qu’elle dorme

Je n’en veux pas

Alors déchire-moi grand ouvert, mais gare
Dedans il y a des choses malfaisantes
Et je suis encore souillé
Alors lave-moi, que je sois propre

Je me déchirerai grand ouvert, je te chasserai
Tu ne pourras plus nuire à personne
Et j’ai encore la forme de ma peur
Alors serre-moi, jusqu’à ce qu’elle dorme

Jusqu’à ce qu’elle dorme…
Jusqu’à ce qu’elle dorme…
Jusqu’à ce qu’elle dorme…

Camille, elle, n’aime pas beaucoup voir les gens souffrir - elle non plus ? et Ta douleur semble être la réponse toute trouvée à Until it sleeps :

Cliquez ici pour voir le clip (la vidéo ne peut être intégrée).

La page Wikipedia sur Le Jardin des délices de Jérôme Bosch

01

08 2010

La playlist Verlaine : Le dernier jour d’un condamné

Bien avant Notre Dame de Paris, Roméo et Juliette et autres délices* tels Les 10 commandements ou Mozart l’opéra rock, une première vague de comédies musicales s’était déjà abattue sur la France dans les années 70 : avant Les misérables (1980) et Starmania (1078), il y eut La révolution française (1973).

Étant fraîche comme la rosée, je n’ai pas eu le plaisir de voir ce spectacle sur scène, mais en 1989, pour le bicentenaire de la Révolution, le disque (vinyle… je laisse passer un instant pour savourer ma vieillitude) fut ressorti des placards. C’est ainsi que la fête de l’école vit une bande de gamins déguisés en sans-culottes danser sur “Chouans, en avant”**. Quand je réécoute tout ça, je trouve que malgré la cucuterie à pleurer des chansons d’amour (en fait… j’adore ^_^), ça n’a pas trop mal vieilli.

Pour la première chanson de ce duo Verlaine, voici Marie-Antoinette la nuit avant son exécution, qui attend de se faire couper en deux au petit matin. D’où le titre (”Au petit matin”, pas “J’attends de me faire couper en deux”).

Photo RV.AB2C sur flickr

Photo RV.AB2C sur flickr

Imaginez-vous dans une cellule, seul, sachant qu’il ne vous reste que quelques heures à vivre - et que vous allez mourir devant tout le monde et que ça fera plaisir à plein de gens.  Si c’était Un dîner plus que parfait, l’ambiance serait évaluée à environ -276***.

Michel Polnareff lui aussi a réfléchi à tout ça. Dans Le bal des Laze, il nous raconte l’histoire d’un garçon plutôt cool, mais qui a malencontreusement assassiné le fiancé de la jeune lady dont il est amoureux. Vous connaissez tous cette chanson, mais peut-être ne saviez vous pas qu’elle a été enregistrée dans un studio décoré de centaines de bougies allumées ? Merci Wikipedia.

Sur ce, et après ce billet réjouissant, je vous souhaite un bon après-midi pluvieux !

Les comédies musicales sur Wikipedia

L’exécution de Marie-Antoinette

* Ami lecteur, comprends-tu l’ironie ???

** véridique

*** private Joke pour Luthi

29

07 2010

La playlist Verlaine : Ceci est mon corps

“L’anthropophagie est le comble de l’amour charnel. ”

Georges Elgozy (1909 - 1989)

Il y a toutes sortes de raisons de manger son prochain. Dans les sociétés primitives, l’anthropophagie, loin d’être une sauvagerie brouillonne, revêtait des significations diverses : manger ses morts pour les célébrer et éventuellement s’approprier leurs mérites, châtiment des ennemis vaincus, gestion de la violence par le rite… Sans compter le cannibalisme de survie, quand tu crèves tellement la dalle que tu manges tes petits copains - du radeau de la Méduse au vol 571.

De nos jours, l’anthropophagie n’a plus trop la cote : boulotter son prochain est puni par la loi. Cependant, quelques tordus s’y essayent encore. En 1981, le japonais Issei Sagawa tue une jeune fille et s’en nourrit pendant trois jours, avant de se faire pincer en train de se débarrasser des restes. En 2001, l’allemand Armin Meiwes trouve une victime consentante sur petite annonce, cuisine son pénis qu’ils dégustent ensemble, puis l’égorge et découpe 30 kilos de viande pour remplir le congélo. Le groupe de métal Rammstein en a fait une chanson - hé oui, encore Rammstein ; et faites attention, le clip est dérangeant alors éloignez Mémé, et réduisez carrément la fenêtre si vous avez l’âme pure :

(traduction ici)

Sans aller aussi loin que notre ami teuton, manger et baiser ne sont jamais bien éloignés. Du bisou au suçon, en passant par cette fille belle à croquer qui te met l’eau à la bouche - d’ailleurs tu es mort(e) de faim, tu la dévores des yeux, elle va bientôt passer à la casserole… Le langage amoureux flirte souvent avec le cannibalisme. Le sexe, mais aussi le sentiment.

Non par nécessité alimentaire, l’ingestion réelle ou symbolique de l’autre manifeste son amour, son respect et sa vénération pour cet autre. (wikipedia)

C’est la signification de l’eucharistie catholique, où chaque dimanche, on commémore et répète le sacrifice de Jésus (marrant, ça, un dieu qui s’offre en sacrifice ; ça économise des veaux de lait et des vierges éviscérées) selon le rite qu’il a lui-même instauré :

Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : «Prenez, mangez, ceci est mon corps”.

(Mt 26-26)

Lors de la consécration, du pain (la plupart du temps sous forme d’hostie) devient le corps du Christ et est distribué aux fidèles ; pour les catholiques cette transformation est bien réelle (c’est la transsubstantiation) et c’est  le Christ lui-même que l’on mange. Pour de vrai. Ainsi, ils s’unissent à lui en même temps que les uns aux autres : c’est pourquoi on parle de communion. Manger son dieu est une manière de se rappeler son sacrifice et de demeurer toujours près de lui. Je suis tombée un jour sur un recueil de prière du XIXème siècle qui comportait une oraison pour le moment où, suite à la communion, le corps du Christ va quitter le corps du fidèle (pour parler crûment : le caca du dimanche soir) ; c’est dire si la croyance dépasse largement le stade du symbole - quoique ce genre de considération cucul (si je puis me permettre) soit heureusement passé de mode chez les catholiques actuels, du moins ceux que j’ai moi-même fréquentés.

Se faire manger par amour et pour demeurer toujours auprès de ses amis : l’idée a séduit la très athée Juliette Noureddine et elle nous l’accommode sous forme d’une chanson merveilleusement écrite - comme toujours :

Le festin de Juliette (cliquer pour écouter)

Moins cinglée que Meiwes et plus gourmande que Jésus, Juliette invente le cannibalisme haut de gamme. Bon, personnellement je préfère deux bonnes boules… banane-chocolat.

Article de Wikipedia sur l’anthropophagie

Un article ardu de la revue Polis sur le même thème

Article de Wikipedia sur la communion

Plus costaud, le catéchisme de l’Église catholique

18

07 2010

La playlist Verlaine : Liberté, Liberté chérie

Si vous vivez en Savoie, vous n’avez pas pu échapper aux commémorations du rattachement à la France - d’ordinaire on dit plutôt “annexion”, mais pour l’anniversaire, ça fait pas bien - et en ce lendemain de flonflons républicains, j’ai soudainement envie d’une comparaison ingénue entre nos deux hymnes patriotiques :

Marseillaise vs Allobroges

(faites défiler les morceaux dans la playlist ci-dessous pour les écouter)

On ne présente plus la Marseillaise. Écrites en temps de guerre, les paroles belliqueuses font désormais honte - avez-vous déjà hurlé “Aux armes” dans un stade ? Moi oui. Ça m’a fait plutôt peur. Personne ne la connaît jamais plus loin que le premier couplet ; c’est un peu comme regarder les 300 : je n’arrive pas à choisir quels mots extraire du merveilleux champ lexical de la violence et de la haine pour vous gâcher votre bel après-midi.

J’aime beaucoup les “jeunes héros” ; qu’ils tombent et “la terre en produit de nouveaux / Contre vous tout prêts à se battre !” (et quand ils seront morts , “Bien moins jaloux de leur survivre / Que de partager leur cercueil / Nous aurons le sublime orgueil / De les venger ou de les suivre” - chouette alors). Le plus rigolo, c’est que les tyrans, despotes sanguinaires et ennemis expirants désignent des peuples désormais amis. C’est vraiment la bonne ambiance ! Le tout dans un style ampoulé et paradoxalement mièvre à pleurer.

Côté mièvrerie, le chant des Allobroges n’est certes pas en reste, mais on y voit une conception de la Liberté un poil différente. L’hymne évoque la liberté en tant qu’allégorie vivante qui, chassée de France, se réfugie dans les montagnes de Savoie où elle trouve le soutien du peuple des Allobroges qui va aider moralement tous les peuples du monde qui aspirent à la liberté. Il évoque le refuge dans le duché de Savoie des proscrits par le coup d’État du 2 décembre 1851 de Louis-Napoléon Bonaparte (source : wikipedia).

Je te salue, ô terre hospitalière
Où le malheur trouva protection
D’un peuple libre arborant la bannière
Je vins fêter la constitution
Proscrite hélas ! J’ai dû quitter la France
Pour m’abriter sous un climat plus doux
Mais au foyer a relui l’espérance
Et maintenant et maintenant je suis fière de vous.

Refrain

Allobroges vaillants ! dans vos vertes campagnes
Accordez-moi toujours asile et sûreté
Car j’aime à respirer l’air pur de vos montagnes:
Je suis la Liberté ! la Liberté !

Au cri d’appel des peuples en alarme,
J’ai répondu par un cri de réveil
Sourd à ma voix ces esclaves sans armes
Restèrent tous dans un profond sommeil
Relève-toi ma Pologne héroïque
Car pour t’aider je m’avance à grands pas,
Secoue enfin ton sommeil léthargique
Et je le veux, et je le veux, tu ne périras pas. (refrain)

Un mot d’amour à la belle Italie
Alsaciens vers vous je reviendrai,
Un mot d’amour au peuple qui supplie,
Forte avec tous et je triompherai.
En attendant le jour de délivrance
Priant les dieux d’écarter leur courroux
Pour faire luire un rayon d’espérance
Bons Savoisiens, bons Savoisiens, je resterai vers vous. (refrain)

Déjà j’ai fait, oh ! beau pays de France
Sur les sillons briller mon arc-en-ciel
J’ai déjà fait pour ton indépendance
Le premier pas pays béni du ciel,
Ecoute bien mes leçons salutaires,
En confiant en ta grande cité,
Réveille donc les grands mots de tes pères
Fraternité, fraternité, amour, égalité. (refrain)

Chez les humains toujours je fais ma ronde;
Mon but unique est de tous les unir
J’espère bien faire le tour du monde
Et triompher dans un prompt avenir
Je veux raser ces murailles altières
Qui des tyrans abritent le courroux
Je veux bientôt tomber les frontières
La terre doit être libre pour tous. (refrain)

Pardon, mais c’est quand même plus civilisé, et, me semble-t-il, plus adapté à un avenir Européen. T’as l’air super cool quand tu chantes ça à tes belles-sœurs anglaises, portugaises ou polonaises. Je serais remplie de félicité si les paroles de la Marseillaise pouvaient être renouvelées dans le même esprit, et j’ai même une proposition - d’origine anglaise - pour remplacer déjà la fin du refrain par :

Marchons, marchons

A fond les ballons

Allons boire un canon !

15

07 2010

La playlist Verlaine : Célibattante vs célibattue

Olivia Ruiz - “J’aime pas l’amour”
Anaïs - “Mon Coeur, Mon Amour”

Toute petite, on te raconte des histoires de princesses qui se tapent le prince charmant, en te faisant bien comprendre que c’est ça la vie et que sans mec, tu pues. 10 ans plus tard, on t’explique dans Bravo Girl comment caresser le zizi des garçons, en te faisant bien comprendre que c’est ça la vie et que sans mec, tu pues. Encore 10 ans plus tard… ben en fait t’as toujours pas de mec.

Alors, là, ma fille, deux attitudes (si t’es pas lesbienne) :

1/ Pffffffff l’amour ça rend con, je préfère lire Houellebecq en faisant du macramé !

> Tu es une célibattante. Les mecs, t’as essayé, et tu as la peau trop fine pour supporter le combo sueur + barbe de trois jours - ouille ça pique. Tu te réveilles toujours à ce moment fatidique où il dort la bouche ouverte. Tu sens mieux ta richesse intérieure depuis que tu n’es plus obligée de te taper tous les films de superhéros et côté vie sexuelle, tu as une carte de fidélité chez EroZone. Tu arrives presque à cacher qu’en fait tu as dérouillé par le passé. Tu m’impressionnes.

2/ Pffffffff l’amour ça rend con, si seulement j’avais de quoi me faire fondre le cerveau moi aussi j’aurais au moins une excuse !

> Tu es une célibattue. Tu feins l’écœurement devant les mamours des autres mais tu seras la première à acheter des cartes Diddl et des moutons roses en peluche à l’élu de ton cœur. Tu lui suceras l’oreille dans les lieux publics. Et avant la sodomie, tu auras besoin d’une tasse de chocolat*. Tu fais la forte mais au fond tu fais un peu pitié, pauvrette.

J’ai promis de ne pas faire de remarque, mais si je puis me permettre, une de ces deux chansons est à peu près 10 fois mieux écrite et plus drôle que l’autre… Hum. Vous n’avez rien lu, hein.

Je vous laisse accoupler chansons et portraits. Et vous donne un indice pour la prochaine :

“Destination Destination”

* tribute to Monsieur le Chien

29

06 2010

Ni tout à fait une autre, ni tout à fait la même

Il se trouve que je blogue depuis octobre 2004. Je comprends que tu sois étonné, toi, nouveau lecteur : comment peut-on avoir autant de talent et bloguer dans l’anonymat le plus complet pendant tant d’années ? Je suis d’accord avec toi : je devrais être une star depuis longtemps. Aller à Paris Carnet, tutoyer les barons, faire des billets sponsorisés ; voir mon blog édité chez Robert Laffont, illustré par Laurel ; faire la belle chez Bern et Taddeï ; présenter une émission culturêêêle ; finir par claironner à la ronde que les blogs, c’est has been, et vous venez de quelle planète, les mecs, sérieux ?

Hé bien non. Depuis bientôt six ans, je blogue pour moi-même, pour quelques groupies avec qui je partage une certaine quantité de patrimoine génétique, quelques visiteurs tombés ici par hasard en cherchant “meilleurs raisons pour justifier marriage” dans google, et pour deux ou trois irréductibles qui me suivent avec constance et abnégation depuis les tout débuts. Ces derniers savent donc que j’ai eu quelques périodes-types :
- la période “nouvelles et montages photoshop à la con”
- la période “thème de la Saint Valentin qui pète les yeux de février à juillet ”
- la période “clichés idiots de mes pieds”
- la période “je me casse le cul à faire un calendrier de l’avent”
- la période “je ne blogue qu’une fois par trimestre parce que je fais un bébé”
- la période “je ne poste plus du tout de photos parce que j’en prends 30 par jour mais uniquement des photos de Nibbler”

Toutes ces périodes étant bien sûr interpénétrantes (rrrrrrrrrrrrrr).

Vous assistez en ce moment à une nouvelle ère intitulée “assumons notre presque trentaine et offrons du contenu édifiant à l’internaute qui s’égare sur notre URL du bout de ses doigts de rose emportés par son clavier fougueux” - c’est beau, hein ? c’est de moi - ce qui m’amène donc à parler plus souvent de vagin et de levrette. Mais mon SNUP (Syndrôme du Neurone Unique Parental, c’est à dire cette caractéristique qu’ont les jeunes parents à ne plus avoir aucune capacité cérébrale environ 95% du temps, en dehors des fonctions réflexes de détection d’odeur de caca et de potentiel “bêtises” d’un nouvel objet ou d’un endroit nouveau) souffre un peu de cet excès de gravité et me réclame des vacances. De l’air. Du léger. Le maltesers de la blogosphère.

C’est pourquoi j’inaugure aujourd’hui une série pour l’été - sortez les jupes à volants et huilez les torses !

Ni tout à fait une autre, ni tout à fait la même : la playlist Verlaine

Je vais chaque jour chaque semaine, quand ça me plaira, mettre en parallèle deux chansons
qui m’évoquent la même chose. Je choisirai si possible des paires de style très différent, et vous ferai quelques commentaires hilarants - ou non, selon ma position dans le cycle du SNUP - mais jamais, au grand jamais je ne me lancerai dans des considérations d’ordre musical pour vous dire ce que vous devez aimer ou pas.

Et avant de rédiger le premier épisode, je vous donne un indice :

“Célibattante vs célibattue”

Alors ?

28

06 2010

Des messages pour les jours à veniiiiiiiiiiiiiiiiiiir

J’ai demandé à Papou :

C’est quoi le mur de Berlin ?

Il a pris un papier et un stylo et il a dessiné, là dans la cuisine, les deux Allemagne, la frontière, Berlin et le Mur. Il a expliqué. J’ai retenu qu’on avait construit un mur en plein milieu d’une ville, pour séparer des gens. ça m’a paru incroyablement absurde et très cruel.

A l’automne 1989, j’étais en CM1. Pour nous, l’Est, c’était les petits polonais à qui nous envoyions des colis d’habits et de jouets pour Noël. Quand je croise un polonais de mon âge, encore aujourd’hui, je ne peux pas m’empêcher de me demander si c’est lui qui a reçu un de mes nounours surnuméraires.

Quand le Mur est tombé, j’étais très excitée. J’avais conscience de vivre un moment Historique. J’étais très émue de voir les images de ces gens qui se rejoignaient, de ce béton à terre. Marmotte en Peluche est allé camper à Berlin avec ses parents et il a ramené dans un grand sac en plastique des morceaux de Mur pour toute la classe. J’ai toujours le mien dans une vitrine chez mes parents. J’y tiens beaucoup. Pour le spectacle de la fête de l’école, nous avons mimé la chute du Mur.

J’avais huit an et demi.

Aujourd’hui, on sait que la chute du Mur n’a pas amené le paradis sur Terre. Je suis un peu découragée. S’il faut que je dessine tous les murs qu’il reste pour Nibbler… Si encore j’étais sûre qu’elle les voit tomber.

Mais vingt ans après, cet anniversaire me bouleverse encore.

09

11 2009
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