Archive for octobre, 2009

How Come I’m the Grown-Up?

Dans un strip de Calvin et Hobbes, après que la maison ait été cambriolée, toute la famille va se coucher avec la trouille que le voleur revienne. Tandis que Calvin s’endort tout contre Hobbes, ses parents, blottis dans leur lit, se demandent : pourquoi, en tant qu’adultes, ne savent-ils pourtant pas toujours ce qu’il faut faire ? Et qui va venir les rassurer et les câliner, eux ?

C’est vrai que quand on est petit, on croit - enfin, moi, je croyais - que les grandes personnes sont toujours fortes, toujours raisonnables, toujours compétentes et qu’elles savent toujours ce qu’il faut faire et comment le faire. Parallèlement, elles sont condamnées à faire des choses barbantes à longueur de journée et ne s’amusent jamais. Tout cela paraissait à la fois terriblement difficile et particulièrement chiant. Je supposais également qu’un matin j’allais me réveiller en me sentant parfaitement adulte, d’un seul coup, pouf ! Je serais devenue parfaite, infaillible, je serais obligée de faire la vaisselle au lieu de jouer au Playmobils et de me sacrifier pour les autres, et je ne ferais plus de câlins à personne. Je trouvais ce dénouement si peu enviable que je m’inventais des aventures où je mettais au point une pilule qui me permettait de ne jamais grandir et de rester pour toujours une enfant.

Quelle ne fut pas ma surprise !

Quand l’adolescence fut venue, je découvris fortuitement qu’en fin de compte, les adultes se conduisent parfois de manière totalement idiote… Et de se disputer, et de réagir d’une manière que l’on qualifie habituellement de puérile… Que ce soit de l’aveuglement ou du dépit, on attribue au enfants des attitudes qui ne disparaissent pourtant pas avec l’âge. De manière générale, la puberté ne fait pas disparaître les traits de caractère. Les cons restent cons, les jaloux restent jaloux, les sensibles restent sensibles et les feignants trouvent toujours un moyen de ne pas se taper la corvée de noix de coco. Pire, la vie te rajoute des complexes et des blessures qui t’ôtent toute chance d’être cette personne parfaite que tu devais pourtant devenir. Les combattre et les vaincre, ce n’est pas être adulte, c’est carrément accéder à la sagesse. Encore une autre paire de manches…

Seconde surprise : il n’y a pas de rite de passage. Personne ne va te faire des peintures sur le corps, t’envoyer tuer un lion et ensuite te proclamer adulte. Il n’y a pas le tout dernier jour où tu es enfant, pour te réveiller adulte le lendemain. Tu passes le bac, tu deviens étudiant, pas adulte. Tu as le permis, tu as ta vie et celle des autres entre les mains, mais tu ne te sens pas adulte. Tu trouves un boulot, tu as des comptes à rendre, tu fais rentrer les sous et tu payes tes impôts, mais tu ne te crois pas adulte. Tu couches, tu tombes amoureux, tu emménages, tu ouvres un compte joint mais tu ne sais toujours pas si tu es adulte. A priori, tu t’assumes, mais “adulte”, ça sonne un peu comme un gros mot, non ? Et puis tu sais toujours t’amuser, pas vrai ? Tu es un peu paumé parce que tu as vaguement compris que tu n’allais pas devenir parfait, de ce côté là tout va bien, mais tu n’es pas tout à fait sûr en ce qui concerne les trucs chiants réservés aux adultes, est ce que tu es déjà en plein dedans sans t’en rendre compte ou est ce qu’il faut avoir des enfants pour commencer à en baver comme une vraie grande personne qui se respecte ?

Et nous arrivons à la troisième surprise : être adulte, en fait, ce n’est peut-être pas mortellement ennuyeux. C’était bien sympa cette idée de pilule pour ne pas grandir, mais ne jamais pouvoir aller nulle part sans demander la permission, apprendre des trucs dont tu n’as pas envie, ne pas choisir comment et avec qui tu passes le plus clair de ton temps, et même jouer aux Playmobils toute ta vie, ça pue du cul. Aller au lycée, avoir de l’acné, acheter des préservatifs qui pourrissent dans ton portefeuille, réviser le bac, ça craint. Être étudiant, bachoter les partiels, te prendre la tête avec Géraldine sur des comptes-rendus de TD, vivre dans 8 mètres carrés, rentrer le week-end faire ta lessive chez tes parents, ça va bien cinq minutes. Alors qu’un jour, tu te retrouves dans TON appart, avec TES sous, TA déco et TES bouteilles dans TON frigo, libre comme Max, tellement content que tu tapes sur des bambous… Les soirées-pyjamas deviennent des weekends pyjamas… Tu sais toujours autant te marrer, et tu peux même avoir des câlins en te démerdant bien… Pute borgne ! Te voilà adulte, et c’est même pas triste ! C’est presque du vol !

Ok, j’admets, une fiche de paie ne suffit pas. Je crois que je sais. En ce qui me concerne, en tout cas. Un soir, je me suis retrouvée avec Doudou devant un formulaire très spécial. Il s’agissait de choisir le nom et le prénom de notre enfant. Le vertige nous saisit tous les deux. Nous avions l’immense pouvoir de décider du nom que quelqu’un allait porter toute sa vie. Avoir ce choix nous a beaucoup impressionné. Et en repensant à ce moment, je repense à tous les choix que j’ai faits depuis que je suis sortie de l’adolescence. Choisir Doudou. Choisir mes études. Choisir de les arrêter. Choisir de démissionner de mon premier boulot. Choisir un prénom pour Nibbler. Choisir mes priorités dans la vie. Des choix difficiles. Qui m’ont pris du temps, qui ont du mûrir pour voir le jour. Des choix qui m’ont fait avancer. Vers la bonne destination ? Je ne le sais pas toujours quand je les fais, je ne le sais pas encore pour certains d’entre eux. Mais je ne suis pas restée sur la rive, j’ai sauté dans le courant, même si j’avais peur. Et je pense pouvoir dire que, bien plus que les responsabilités, les plaisirs et les tracasseries, ce sont mes choix qui me donnent mon pedigree d’adulte. (Vous avez cru que j’allais dire que c’était de devenir maman, hé bien, dans le cul Lulu !)

Ayé, je suis adulte. Et je ne suis pas chiante, d’abord !

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31

10 2009

Ouaaaaaaaaaah (baillement)

Radha elle veut que je joue moi aussi à illustrer la Paresse en musique.

Trop facile :cool:

07

10 2009

Expatriée

Les très anciens lecteurs de ce blog le savent, avant d’habiter Grenoble j’habitais Chartres, et avant Chartres, Montpellier, et avant Montpellier, Bordeaux. Cinq déménagements en cinq ans (oui, parce qu’à Chartres on a changé d’appart une fois après avoir enflé du pouvoir d’achat). Et souvent, bien que nous n’ayons pas franchi la frontière, je me suis sentie loin de chez moi.

A Bordeaux, quand les pains au chocolat étaient des chocolatines, et qu’il n’y avait pas de vendeur de marrons chauds dans les rues en hiver. Et la plage toute l’année, c’était comme de longues vacances (soupir).

A Montpellier, quand marcher au bord d’une route suffisait à récolter des klaxons de kékés dont on dirait qu’ils n’ont jamais vu une fille, et quand je me sentais plouque parmi toutes ces minettes toujours bien sapée même à 15h au Carrouf.

A Chartres, quand mes infirmières refusaient systématiquement de prendre un petit quelque chose à boire.

Partout, quand on ne comprenait pas mon y.

Grenoble, c’est un peu différent. C’est un peu comme retourner au bercail après des années d’exil. L’hiver dernier, quand j’ai senti pour la première fois l’odeur de la neige à venir, je me suis sentie vraiment chez moi. J’avais oublié ces gens qui font du ski à roulette sur les routes l’été. Et non seulement on comprend mon y, mais on l’utilise à tour de bras. En revenant à Grenoble j’ai compris à quel point j’avais été partie.

Ce qui n’empêche pas une certaine ambivalence. Cette semaine j’ai enfin fait refaire notre carte grise (je risquais l’amende depuis un an…). Nous sommes maintenant immatriculés 38. J’avais déjà été 33 et 28, ce qui ne m’avait donné aucune émotion particulière. Mais 38, dans ma tête de savoyarde du 73, c’est le numéro des voisins. En me mettant en 38 c’est comme si je devenais ma voisine. C’est bizarre.

Samedi soir nous avons fait un pas de plus vers l’intégration en allant supporter l’équipe locale de hockey sur glace : les Brûleurs de Loup (qui ont copieusement vaincu les lopettes Ours de Villard-de-Lans). N’ayant pas approché le hockey depuis février 1992, quand j’étais allée voir France-Canada à Méribel pendant les JO, ce sport m’est totalement exotique.Musique à fond, pom-pom girls et supporters chantant les mérites de l’équipe de Grenoble… J’aurais débarqué au fin fond du Québec que je ne me serais pas sentie plus expatriée. Et d’encourager l’équipe de Grenoble, et d’applaudir l’équipe de Grenoble, et de me lever quand Grenoble marquait… Ce n’étais pas tout à fait assez sincère pour être plus qu’un jeu (vous avez le droit de relire la phrase), mais c’était super chouette, et à force d’y retourner je finirai par supporter vraiment cette équipe, cette ville, ces voisins !

(Et là vous comprenez pourquoi je ne mets jamais de vidéo sur mon blog : l’image est pourrie… )

(et oui, ils entrent sur le stade la patinoire par une gueule de loup géante gonflable…).

(je n’ai pas eu le temps de corriger les fautes, ma fille m’appelle pour manger. ce n’est pas professionnel. et puis je me suis rappelée que je n’étais pas payée, de toute façon)

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10 2009

L’hydre à cinq têtes

Cher lecteur, avant toute chose je dois te prévenir que cet article n’est qu’un méprisable plagiat du dernier article de Luthi (à lire en premier, donc). Qui m’a donc considérablement inspirée, enfin surtout l’idée de trouver les bonnes images pour l’illustrer. Et comme l’on réclamait tantôt que je fasse mon autocritique - bien que j’avais déjà avoué que je disais du mal des gens, ça suffit pas, peut-être ? et depuis quand on est en Chine communiste ? - voilà qui va, lecteur, te ravir.

Parlons donc des différentes personnalités intermittentes qui m’habitent. La Maggie de base est plutôt sympa, bordélique, marrante et dotée d’un petit mauvais caractère de sale fille unique. Mais elle dispose de plusieurs extensions intéressantes. Quand elle rentre dans un de ces états seconds, son visage se transforme, sa température corporelle se modifie et ses cheveux changent de couleur - pour ceux qui savent bien regarder. Vous pourriez donc rencontrer :

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Le deltaplane

Elle pense à autre chose. Elle regarde par la fenêtre pendant une demi-heure les gens qui passent sur la piste cyclable au pied de l’immeuble. Elle part en oubliant de fermer l’appartement à clé. Elle s’aperçoit que Nibbler n’a pas son casque une fois qu’elle l’a sanglée sur le vélo (il faut alors rattacher le vélo, détacher Nibbler et remonter chercher le casque en tenant un gros sac qui glisse de son épaule et un bébé qui fait exprès de faire le contraire de ce qu’on lui demande). Chez les gens, elle feuillette une revue qui traîne par là, s’absorbe et on ne l’entend plus pendant une heure. Elle oublie de payer l’assurance habitation et d’arroser les fleurs. Elle omet de changer la couche et s’en rappelle quand Nibbler est toute mouillée. Elle doit 20€ depuis un an à Anne l’Allemande. Et elle n’est jamais au courant de qui couche avec qui.

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Michel Houellebecq

Quel plaie d’être si intelligente ! Il faut sans cesse tout expliquer à tout le monde. Les gens ne comprennent pas l’ironie, ils ne comprennent pas l’humour, ils ne comprennent pas les références culturelles, et ils croient encore que la voiture électrique va sauver le monde. Sa mère n’écoutait pas quand elle expliquait la méiose. Elle a vécu l’enfer pour apprendre l’art de l’algorithme à une binôme sourde réfractaire à l’informatique.  Elle s’est arraché les cheveux maintes fois devant les hérésies mathématiques de ses collègues qui ne voyaient même pas où était le problème. Si elle écoute le jeu des mille euros, elle insulte les candidats qui ne connaissent pas le guacamole. Quand elle se renseigne sur des démarches administratives, elle se pose toujours des questions pointues dont la réponse n’est jamais sur les notices et même aux impôts, ils ne savent pas comment ils reconnaissent un établissement de garde d’enfant hors du domicile dont les frais peuvent être déduits des revenus (mais ce n’est pas grave puisqu’apparemment elle est la seule à se le demander). Trop dur.

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La coconne

D’abord, elle ne sait pas compter. Je répète : elle ne sait pas. Quand elle était petite, elle avait des sueurs d’angoisse au moment d’acheter quelque chose, de peur qu’on la couillonne en lui rendant la monnaie (maintenant elle s’en fout). Elle ne peut pas évaluer le montant d’un caddie chez Géant. Elle a allaité pendant sept mois parce que les graduations sur les biberons, c’est trop compliqué. Elle ne comprend pas les taux d’intérêt et pour calculer une promotion sur une housse de couette, elle convertit le prix de la housse en franc, applique la réduction et reconvertit en euros. De plus, elle ne comprend rien à l’économie, à l’optique et à la thermodynamique, et c’est même pas la peine de commencer à expliquer. Elle ne sait pas ce que signifie “de main à main” et pose naïvement la question. Et elle déteste jouer aux échecs : il faut réfléchir !

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La cucul

Elle a besoin d’amour, des bisous des câlins elle en veut tous les jours, elle est comme ça. Elle est la spécialiste du câlin, d’ailleurs, elle s’énerve quand on dit “câlin” pour sous-entendre des cochonneries sexuelles parce que c’est vraiment pas pareil, un câlin c’est rempli de pureté et tout et les cochonneries sexuelles, c’est pas honteux, on peut dire directement “cochonneries sexuelles”. Donc elle adore les câlins. Mais elle n’ose pas trop demander alors elle est souvent frustrée. Du coup, elle a fait un bébé uniquement pour disposer d’un être sans défense à câliner toute la journée (puis elle a découvert que les bébés donnent des coups de pied quand ils sont en désaccord avec quelque chose). Elle écrit aussi des e-mails cuculs et après elle a peur des conséquences, parce qu’elle l’a bien remarqué, les gens ne se conduisent pas de manière cucul en général, il doit bien y avoir une raison, mais laquelle ?

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La furieuse misanthrope

Elle déteste tout le monde, les gens sont cons, les gens sont lourds, les gens sont méchants, les gens sentent de la bouche. Elle aimerait bien jeter de la bave caustique au visage de la dame qui gronde Nibbler qui a peur de descendre du toboggan, de ces connards de voisins qui ne disent jamais bonjour, de ces connards de voisins qui enlèvent les noms sur les boîtes aux lettres, de ces connards de voisins qui se plaignent qu’on joue de la musique. Elle ne comprend rien au fonctionnement d’autrui et ne voit pas pourquoi elle devrait faire un effort. Elle irait bien habiter dans un trou dans le désert de Gobi - où peut-être à Albertville. Elle ne veut plus jamais avoir affaire à un être humain. Bon, elle va devoir garder Doudou, elle ne peut pas sortir son vélo de la cave toute seule.

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10 2009
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