Expatriée

Les très anciens lecteurs de ce blog le savent, avant d’habiter Grenoble j’habitais Chartres, et avant Chartres, Montpellier, et avant Montpellier, Bordeaux. Cinq déménagements en cinq ans (oui, parce qu’à Chartres on a changé d’appart une fois après avoir enflé du pouvoir d’achat). Et souvent, bien que nous n’ayons pas franchi la frontière, je me suis sentie loin de chez moi.

A Bordeaux, quand les pains au chocolat étaient des chocolatines, et qu’il n’y avait pas de vendeur de marrons chauds dans les rues en hiver. Et la plage toute l’année, c’était comme de longues vacances (soupir).

A Montpellier, quand marcher au bord d’une route suffisait à récolter des klaxons de kékés dont on dirait qu’ils n’ont jamais vu une fille, et quand je me sentais plouque parmi toutes ces minettes toujours bien sapée même à 15h au Carrouf.

A Chartres, quand mes infirmières refusaient systématiquement de prendre un petit quelque chose à boire.

Partout, quand on ne comprenait pas mon y.

Grenoble, c’est un peu différent. C’est un peu comme retourner au bercail après des années d’exil. L’hiver dernier, quand j’ai senti pour la première fois l’odeur de la neige à venir, je me suis sentie vraiment chez moi. J’avais oublié ces gens qui font du ski à roulette sur les routes l’été. Et non seulement on comprend mon y, mais on l’utilise à tour de bras. En revenant à Grenoble j’ai compris à quel point j’avais été partie.

Ce qui n’empêche pas une certaine ambivalence. Cette semaine j’ai enfin fait refaire notre carte grise (je risquais l’amende depuis un an…). Nous sommes maintenant immatriculés 38. J’avais déjà été 33 et 28, ce qui ne m’avait donné aucune émotion particulière. Mais 38, dans ma tête de savoyarde du 73, c’est le numéro des voisins. En me mettant en 38 c’est comme si je devenais ma voisine. C’est bizarre.

Samedi soir nous avons fait un pas de plus vers l’intégration en allant supporter l’équipe locale de hockey sur glace : les Brûleurs de Loup (qui ont copieusement vaincu les lopettes Ours de Villard-de-Lans). N’ayant pas approché le hockey depuis février 1992, quand j’étais allée voir France-Canada à Méribel pendant les JO, ce sport m’est totalement exotique.Musique à fond, pom-pom girls et supporters chantant les mérites de l’équipe de Grenoble… J’aurais débarqué au fin fond du Québec que je ne me serais pas sentie plus expatriée. Et d’encourager l’équipe de Grenoble, et d’applaudir l’équipe de Grenoble, et de me lever quand Grenoble marquait… Ce n’étais pas tout à fait assez sincère pour être plus qu’un jeu (vous avez le droit de relire la phrase), mais c’était super chouette, et à force d’y retourner je finirai par supporter vraiment cette équipe, cette ville, ces voisins !

(Et là vous comprenez pourquoi je ne mets jamais de vidéo sur mon blog : l’image est pourrie… )

(et oui, ils entrent sur le stade la patinoire par une gueule de loup géante gonflable…).

(je n’ai pas eu le temps de corriger les fautes, ma fille m’appelle pour manger. ce n’est pas professionnel. et puis je me suis rappelée que je n’étais pas payée, de toute façon)

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Maggie

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04

10 2009

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  1. 1

    C’est assez étrange, tout à l’heure je demandais à mon homme si l’Alsace ne lui manquait pas justement…parce qu’elle me manque, même si je n’y sent pas plus chez moi qu’ici…
    En même temps, à Grenoble, y a tellement de gens qui sont pas vraiment d’ici que je m’y sent assez bien.

  2. Me #
    2

    Autrement dit, tu veux qu’on te paie pour te corriger tes fautes ?
    Lance-toi !

  3. sev #
    3

    ah l’expatriation…

    Moi je suis rentree depuis 8 mois et quelquefois je me dis que la bas j’etais chez moi… Mais je reste persuadee qu’ne fois dans l’hiver, tous mes souvenirs d’enfance vont remonter et je me sentirai bien chez moi.

  4. Mumoldue #
    4

    Y a au moins 4, voire 5 fautes… mais tant pis : j’y fais pas trop attention car c’est le fond qu’y compte.

  5. Alix #
    5

    Comme je te comprends !
    Je suis déjà en train de travailler Boujam pour qu’il trouve du travail ailleurs. Non pas que je ne me plaise pas ici, mais ce sont les gens qui me manquent.
    D’un côté comme de l’autre, tout le monde est loin, familles et amis. Obligés de passer au moins une demi-journée en voiture pour aller voir les parents. Manquer presque systématiquement les anniversaires. Devoir choisir entre les deux familles pour savoir où on passe Noël (enfin ça, ça ne changera jamais). Devoir passer du temps sur Facebook pour avoir des nouvelles des potes, et voir ces photos des soirées auxquelles tu n’étais PAS, parce que tu étais juste à quelques centaines de kilomètres. Ne pas aller voir machin dans le Finistère parce qu’il va encore falloir mettre du carburant dans le réservoir et qu’on n’a plus les sous pour ça ce mois-ci. Se rendre compte que les Normands mettent du temps à vous considérer officiellement comme des amis, alors que tu les côtoies tous les jours depuis un an.
    Dis-donc, c’est le commentaire le plus long que j’ai jamais écrit ! :neutral:

  6. Flo #
    6

    Je tombe par hasard sur ce blog par ce billet et que dire… je suis une lorraine expatriée à Toulouse… Toulouse et ses toulousains persuadés de vivre dans la plus belle ville de france, ne connaissant rien du nord, sans tradition (ou presque) de noël… sans “croissant au chocolat”, sans “saucisse blanche”, sans…
    je commence à m’y faire, mais ma région natale me manque. 4 ans que je l’ai quittée pour un boulot et un chéri…



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