La Fille Aux Craies

Et maintenant vous savez pourquoi je ne bloguais plus. Je ne bloguais plus, non parce que mon statut de future maman m’élèverait au-dessus des futiles motivations bloguesques, mais parce que pendant deux mois, j’ai dormi-travaillé-dormi-travaillé-dormi-mangé avec difficulté-dormi. Rien d’autre. Et ensuite, j’ai été en vacances !

Notre petite Papillotte a trois mois depuis peu - Papillotte, parce que je conchie les crevettes et que je trouve dégoûtant cette manie, ce mème imbécile, d’appeler les foetus “crevette”…

Pour l’instant, je ne sens pas ses gesticulations - l’échographie montre un excité qui se tape un pogo tout seul - et les légères modifications de mon bas-ventre ne sont accessibles qu’aux connaisseurs. En revanche, j’ai gagné une taille de soutien-gorge, et ça n’a pas l’air de vouloir s’arrêter là . Bien entendu, je jubile ; j’apprécie les effets d’une vraie paire de nénés, qui bougent quand je marche (qui BOUGENT quand je marche !!!!) et qui font joli avec le petit haut blanc sexy que Doudou m’a offert (et que ^ ^ qualifie de “fanfreluche”, ce qui signifie que ça fait “vraie fille” :perv: ). D’où la question suivante, absolument essentielle : comment conserver tout ça sur le long terme ??? Je pense que je vais envisager d’être enceinte tout le temps, ça sera plus simple…

J’ai découvert les seins, mais j’ai découvert aussi la faim. La faim qui creuse l’estomac, qui vous prend à la gueule et puis qui redescend vous saisir tout le corps, faisant de vous un zombie gargouillant qui se déplace avec difficulté du frigo au placard et du placard au frigo sans jamais rien y trouver de comestible. En effet, depuis trois mois, RIEN ne semble être réellement de la nourriture. A part quelques denrées sucrées et une illumination de temps à autre (”je me ferais bien une choucroute, ce matin !”), je suis obligée de me forcer, une bouchée après l’autre, allez, une cuiller pour Maman, une cuiller pour Doud, une cuiller pour Benoît XVI, vas-y, tu vas la finir l’assiette, non, on ne régurgite pas, allez, encore un effort, c’est bien, t’as mangé presque… la moitié, bravo ! Heureusement - au grand désespoir de mes collègues spécialistes de la grossesse, je n’ai semé aucun petit vomi, nulle part, pas même en cachette, pas même dans la baignoire, jamais. La balance n’a donc pas bougé d’un iota, et je m’accroche follement à mes 42 kilos tout mouillés.

Ha, et j’en ai une bien bonne : on veut se garder la surprise du sexe du bébé, là ! Alors, je préviens, hein, c’est pas la peine de me demander comment on va faire pour la chambre, hein, et pour la layette c’est pareil, on prendra ce qu’il y aura et puis si c’est un garçon et qu’il porte parfois du rose comme son papa, il va pas en mourir, n’est ce pas - “mais t’es folle ???? tu vas en faire un…” m’a dit une collègue à l’opinion éclairée. Moi je réponds : un QUOI ? il en faut, hein, des patineurs artistiques.

Je vous rassure : la Fille Aux Craies ne va pas devenir un blog de future maman, je ne vais pas vous parler d’aménorrhée, d’épisiotomie puis de consistance de caca de bébé à longueur de temps. D’ailleurs, j’ai laissé tombé “J’attends un enfant” pour me faire Harry Potter. Il me reste cinq chapitres et demi ; et j’y retourne sur le champ pour avoir une chance de m’endormir à une heure décente ce soir…

“Dès les premiers indices, Marie-Antoinette veut vite envoyer un courrier à sa mère, mais le médecin de la cour, bien que prêt à parier mille louis que la reine a raison, le lui déconseille tout d’abord. Le 5 mai, le circonspect Mercy annonce le fait comme certain : le 31 juillet à dix heures et demie du soir la reine sent les premiers mouvements de l’enfant, et le 4 août on annonce officiellement sa grossesse à la cour. “Depuis, écrit-elle à Marie-Thérèse, il remue fréquemment, ce qui me cause une grande joie.” Elle prend plaisir, dans sa bonne humeur, à apprendre sa paternité à l’époux sous une forme plaisante et originale ; elle s’avance vers lui, avec une mine sombre, et jouant l’offensée : “Je viens, Sire, me plaindre d’un de vos sujets assez audacieux pour me donner des coups de pieds dans le ventre.” Le brave roi ne comprend pas tout de suite, puis il éclate de rire et embrasse sa femme avec une fierté débonnaire, tout étonné de son habileté inattendue.”

Stefan Zweig, Marie-Antoinette

Je dors, je dors - enfin, quand Doudou ne fait pas du blender le samedi matin - je dors et je ne blogue pas.

Pourtant, j’ai une idée de post depuis deux semaines, mais je n’arrive pas à prendre le temps de l’écrire (voyez l’étendu des dégâts : deux semaines pour accoucher d’un article, quand je pense à mes débuts où je bloguais une demi-douzaine de conneries par jour, fait pas bon vieillir !)

Bon, pour meubler, je vais faire genre “je me culture”. En ce moment je lis “Marie-Antoinette” de Sweig, “Toutes les familles sont psychotiques” de Coupland et je viens de relire “L’enchanteur” de Barjavel parce que je ne me rappelais plus l’histoire. Dernièrement, j’ai dormi pendant trois heures devant “Pirates des Caraïbes 3″ (on était au premier rang et j’étais obligée de plier le cou selon un angle tellement inconfortable que j’ai préféré m’étaler sur Doudou avec les doigts dans les oreilles pour roupiller), et dimanche, je suis allée voir Shrek avec deux beaux mâles (bruit de la glotte de Marcel). J’ai fait ma première visite à la nouvelle médiathèque de Chartres et j’ai emprunté le DVD de Jambon Jambon (moi aussi je veux un popotin et des robes courtes comme Pénélope). ^ ^ m’a encore prêté plein de musique mais je m’endors toujours sur la première piste, même si c’est du Nine Inch Nails (oui, je suis vraiment fatiguée en ce moment).

Message perso : kiwi, je vais répondre à ton mail.

Message perso bis : Rama, si je te revoie une fois à la télé je vais prendre ma carte à l’UMP

Ben voilà , je me vantais de n’être jamais passée par là , mais j’ai l’humiliation de vous annoncer que j’ai chopé ce week-end ma toute première gastro toutoute première gastro.

Ce qui me fait plaisir c’est que d’après le docteur, c’est pas la moindre. Au moins je n’aurai pas perdu ma virginité gastro-entéritique pour rien.

Je retourne me tordre de douleur dans mon lit. Demain, si je vais mieux, je vous raconterai toutes les fois où j’ai vomi.