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Biniou-Pannier

Quand je me suis mariée, à 22 ans, je me sentais tout à fait prête à m’engager pour la vie ; disons que ça me faisait bien moins peur que de prendre un crédit sur 30 ans. J’étais jeune, évidemment, mes collègues n’arrêtaient pas de me le répéter, mais j’étais très sûre de mon choix et je ne flippais pas le moins du monde.

Seulement, il y a une chose que je n’ai pas pu abandonner ausi facilement : je ne voulais pas quitter mon nom de famille. Mon nom, diantre !  Pour moi, Madame Biniou, c’était ma belle-mère, et quels que soient le respect et l’affection que j’ai pour elle, je ne pouvais pas me poser en homonyme comme si ça allait de soi. J’imaginais ma belle-famille au grand complet m’ouvrant les bras en proclamant : “Désormais, tu es une Biniou toi aussi, dansons tous ensemble pour célébrer ton initiation et sacrifions ce chaton” avec des masques ornés de symboles sur le visage et de grandes capes dorées*, et un frisson me parcourait l’échine. Non, non, non, j’étais et resterais une Pannier. Mais je tenais aussi à mon nouveau statut de femme mariée, d’autant plus intéressant qu’il jurait totalement avec mon look d’ado prépubère. Je décidai donc de me faire appeler Biniou-Pannier, ce qui provoqua à nouveau les sarcasmes de mes collègues, qui eux,  ne se mariaient que pour acheter des maisons. Je larguerais au besoin le nom de Pannier quand je me sentirai tout à fait prête.

Six ans après, je suis Madame Biniou à peu près partout où je vais. A la garderie, à la Sécu, à la banque, à la bibliothèque municipale et sur la liste d’attente de l’AMAP. Le Pannier** a dégagé plus ou moins spontanément. Il faut dire que pour avoir géré les inscriptions de plusieurs centres aérés à mon ancien boulot, et après avoir rempli des fiches où les membres d’une même famille avaient jusqu’à quatre noms différents (et après avoir failli devenir folle parce que Madame Martin, qui a repris son nom de jeune fille après son divorce,  est la mère du petit Jérôme Calot dont la soeur s’appelle Bousier parce qu’elle a le nom de son père, et que aucun d’eux n’à à voir avec le petit Martin Jérôme***, parce qu’à lui son nom de famille c’est Jérôme, mais son père s’appelle Granule, et que cette enveloppe avec des sous dedans signée “Pierogi” paie le mois d’avril du petit Mercadier parce que la monitrice ne sait pas qu’il s’agit d’une famile recomposée, sans parler de Mesdames Rosine et Charline Poussin et de leurs fils respectifs Jean-Gérard et Gérard-Jean), je trouvais plus charitable pour toutes les personnes qui ont et auront à s’occuper de Nibbler d’ici ses 18 ans de porter le même nom qu’elle et que son papa. Cependant, que ce soit clair, si je devais produire un jour quoi que ce soit pour la postérité, ce sera sous le nom de Maggie Pannier, faut pas déconner, non plus. (ça n’a rien à voir mais je viens de découvrir un poème sympa de Queneau au sujet de la postérité, tiens)

Nous gardons pourtant un attachement prononcé pour le Biniou-Pannier. Nous avons même failli donner ce nom à Nibbler, puis finalement non, pour que ce soit plus simple pour elle, et je sais que Doudou le regrette finalement - moi aussi d’ailleurs. Nous donnons du Biniou-Pannier dans nos courriers personnels et sur notre boîte aux lettres. Quand nous avons fait refaire nos cartes d’identité, chacun a mentionné le nom de l’autre en précisant qu’il s’agissait de celui du conjoint, comme le formulaire le permet. Curieusement, ça a marché pour moi, mais pas pour mon homme. J’ai son nom sur ma carte mais lui n’a pas le mien sur la sienne. Nous vivons dans une société sexiste de merde. C’est ma conclusion du jour.

* A moins que ce soit des masques dorés sur le visage et de grandes capes ornées de symboles, je ne sais plus bien - là je fais dans la référence culture à très très petit public

** Pannier, AMAP… Vous saisissez, hum ? Huhuhu

** *Maman, j’ai pas fait exprès, je te jure, je m’en suis aperçue à la troisième relecture****

**** Oui, j’ai relu trois fois et je suis sûre qu’il y a encore des fautes parce que je dors tellement mal en ce moment. Si vous voulez faire allusion au conditionnel et au futur de la fin du second paragraphe, ben je me suis vachement posé la question et je me la pose encore. J’attends de voir l’avis de Luthi - non, je plaisante :eek:

05

06 2009

Tout s’explique

Soyons sport : il y avait une explication (presque) logique au petit mot de Doudou l’autre jour. En fait, son pocket pc, cette misérable merde bourrée de technologie imbécile, ne trouve rien de plus pratique que de s’allumer tout seul au moindre contact - et de me laisser régulièrement des messages sur mon répondeur où j’entends mon époux marcher pendant deux minutes (au début j’écoutais en entier au cas où je reconnaitrais la voix d’une pouffiasse qui dirait “Et tu lui as dit que tu devais rentrer tard pour réparer un serveur, c’est ça, chériiiii ?” et puis finalement, j’m'en fous, j’vais pas attraper un cancer de l’oreille juste pour vérifier que mon mari me trompe).

Donc, comme mon propre téléphone est un petit truc tout simple tout pas moderne que j’ai eu pour 1€ avec mon compte bloqué, il ne s’allume pas tout seul comme un con pendant que Doudou fait du vélo. Ceci explique cela, mais n’excuse absolument pas le fait de ne pas avoir compris qu’il était aussi déchargé et qu’en cas de crevaison irréparrable à Droue-sur-Drouette (oui, en Eure et Loir les villages ont des noms intelligents), Amor Mio serait retrouvé seul au monde, le bec dans l’eau, et aurait du rentrer avec le vélo autour du cou sur 32 kilomètres.

Ce mystère résolu, voilà que Catz répond en un seul coup à deux autres questions cruciales qui m’empêchaient de dormir depuis dimanche :

- Comment on fait pour ne pas se sentir idiot quand l’équipe d’en face balance son haka et qu’on n’a rien prévu pour répondre ???

- Pourquoi les écossais ne jouent pas en kilt, hein, dis : pourquoi ???

Des éléments de réponse ici chez elle :perv:

25

09 2007

Gnien ?

Hier soir, j’ai laissé mon téléphone portable à l’agonie sur la table du salon : je lui permets toujours de se décharger complètement pour économiser la batterie. Il émet alors des bips désespérés pendant quelques heures, puis finit par s’éteindre et refuse de reprendre vie avant d’avoir été branché sur le chargeur.

Ce matin, mon mari est sorti tôt pour faire du vélo. Depuis que quelqu’un lui a dit que le papa prenait autant de poids que sa femme pendant la grossesse, mais qu’il ne le perdait plus jamais, je ne le vois plus : il va au badminton, il va courir, il va faire du vélo dans la vallée de l’Eure. Moi, j’émerge à 11h, le dos raide, les cheveux flous, les yeux en méats. Je me traîne jusqu’aux toilettes (depuis que je suis enceinte, je fais pipi absolument tout le temps : à 23h avant de dormir, à 3h, à 7h, à 11h, etc.) et je trouve un mot sur la table, à côté du pocket pc de Doudou :

“Je vais essayer le grand tour. J’ai pris ton téléphone car il ne s’allume pas. Tu peux m’appeler. Je rentre vers 13h30 - 14h”.

Au secours les gens. Je crois que le cerveau est atteint.

:shock:

22

09 2007

23 août 2003

Comme j’étais à l’hôpital, je n’ai pas pu me vanter de nos quatre ans de mariage. Enfin, de notre second mariage, puisque nous nous étions mariés à la mairie deux mois auparavant. Cette année, l’anniversaire était évidemment un peu gâché par ma détention, quoique nous ayons retrouvé un plaisir oublié dans cette séparation forcée. Quand Doudou venait me voir à Paris après le travail, nous avions un moment rien que pour nous, dans une petite chambre certes sans intimité, mais aussi sans internet, sans vélo, sans vaisselle à faire pour nous distraire l’un de l’autre. Et il est toujours doux de voir arriver son amoureux par surprise alors qu’il prétendait de pas pouvoir venir ce soir-là , de s’assoir pour discuter, de faire un jeu ensemble, un bisou pour repartir, et de s’endormir en pensant à lui demain.

Quand je vois nos petits animateurs de 22 ans, encore étudiants pour la plupart, ou qui commencent tout juste à travailler, quand je vois le lait qui leur coule du nez, je comprends un peu les réticences de mes anciens collègues qui me faisaient une vie de ce que je me mariais trop jeune. Ce n’était pas sérieux, ce n’était que pour la belle robe, je n’avais pas assez vécu, le mariage ne servait à rien, sauf si on voulait acheter une maison. Pire que tout : nous n’avions jamais vécu ensemble. Comment pouvions-nous être sûrs que ça allait marcher ?

L’histoire dira dans quarante ans si ça allait vraiment marcher (ou plutôt : si nous avions vraiment envie tous les deux que ça marche). En attendant, quatre ans après, je sais que si vingt-deux ans sont fort légers pour convoler, ça n’était pas trop jeune pour nous. Au bout de plusieurs années de séparation géographique, de centaines d’heures de train, de milliers d’heures de téléphone, d’innombrables week-ends solitaires et de dimanches soirs gluants de cafard, nous étions bien trop heureux d’être enfin réunis pour nous soucier d’odieux problèmes de chaussettes sales (un joli mème, ça aussi, ces chaussetttes sales qui guettent, tapies sous les lits, pour égorger les couples dans leur sommeil). Notre manque d’expérience ne nous a pas empêché de faire du bon boulot. Nous avons survécu à quatre déménagements, deux Noël gâchés, une mémorable dispute à propos d’une carte Vitale, un hiver au chauffage électrique et deux ans d’attente avant de pouvoir inviter Papillotte à notre table. Nous avons gardé le contact avec la plupart de nos amis, nous nous en sommes fait d’autres. Nous avons toujours des activités communes, et d’autres chacun de notre côté. Nous pouvons passer du temps avec d’autres personnes sans nous rendre jaloux. Nos beaux-parents respectifs sont tout à fait convenables, voire performants. Et mon Doudou est toujours le meilleur des maris, et le plus beau, bien entendu.

Sauf quand il fait cuire des brocolis et que ça sent la fosse septique dans tout l’appartement.

21

09 2007

Mariage en bleu

C’est du réchauffé, je les avais mis sur mon ancien blog, mes mariés bleus… Mais comme Lily les avait trouvés interesting, et qu’ils sont toujours aussi heureux, mes mariés bleus, les voilà à nouveau…

Dédicace à tous les déjà-mariés, les futurs-mariés, et les phobiques du mariage (allez, c’est pas grave, chuis pas sectaire, je l’ai déjà dit, nom d’une jarretière).

20

01 2005
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