Mieux vaut retrouver son âme d’enfant que…

ça m’a pris d’un coup, hier soir, entre deux patates au four : je me suis tournée vers Doudou, et je lui ai demandé sans ménagement s’il avait déjà réfléchi à combien d’années s’étaient écoulées depuis sa dernière roulade.

Il se trouve que j’appelle « roulade » ce que Doudou appelle « galipette », mais le ton général de ce blog risque de déraper si je demande à Doudou de quand date sa dernière galipette – sans compter que j’espère bien le savoir autant que lui. Ma question portait donc bien sur cette activité enfantine qui consiste à poser sa tête sur le sol et à permettre à son derrière de décrire une parabole gracieuse autour de cette dernière.

Cette soudaine préoccupation pour la roulade était le résultat d’une association d’idée particulièrement tordue. Nous étions en train de regarder Envoyé Spécial, et plus précisément un reportage assez orienté sur le bizutage dans les grandes écoles. Le ton était délibérément inquiétant sans que les images suivent, et le commentateur semblait déplorer que de telles pratiques subsistent, dans un discours déjà entendu cent fois dans des documents similaires. Pour ma part, je pense que l’on ne cherche pas à intégrer une grande école sans avoir déjà un esprit particulier, à savoir un sentiment d’élitisme un peu douteux, qui se verra conforté avec bonheur une fois fondu dans l’esprit de groupe généré par le processus d’intégration. Une autre chose me tire l’oreille : ce énième sujet sur le bizutage concernait pour la énième fois les Arts et Métiers et l’école militaire, mais je serais très étonnée d’apprendre que l’on a pas droit aussi à un accueil saugrenu dans les écoles de journalisme. Mais je m’éloigne de mes chères roulades.

Le bizutage m’a ramené à cette histoire, dont je ne peux malheureusement pas certifier l’authenticité, comme quoi le général De Gaulle aurait dû, en tant que petit nouveau, faire le tour de la cour de l’école militaire en melon-kilomètre (c’est à dire en roulant sur lui-même de tout son long, moyen de locomotion particulièrement agréable pour descendre une dune, et un peu moins jouissive sur un sol pavé). J’en était donc à plaindre le général d’avoir dû charrier ainsi sa grande carcasse, lorsque je réalisai brutalement qu’en ce qui me concernait, ça faisait un bail que je ne m’étais pas permis la moindre roulade, même sur les plages girondines, et ce malgré un goût prononcé pour le sable dans les cheveux et sous les ongles. L’idée même de faire une roulade me semblait folle, étant donné mon grand âge et le raidissement généralisé qui l’accompagne. Cependant, le beau tapis bien épais que nous avons acheté il y a quinze jours chez Ikéa me tentait diablement.

Doudou su me convaincre. Il commença par effectuer lui-même une roulade parfaitement maîtrisée (quel mec !), puis me fit une ovation d’encouragement digne d’un supporter anglais avant un penalty tiré par Beckham. Hésitante, je commençai par me poser sur ma tête, puis envoyai d’un seul coup mon postérieur vers le ciel, et avant d’avoir eu le temps d’y penser, je me retrouvai à plat dos un mètre plus loin, la nuque un peu tordue mais le cœur ravi de ma prouesse : ma première roulade, depuis au moins 10 ans !

Après, ce fut le délire. Doudou fit un équilibre, puis m’assista dans une tentative réussie pour faire le poirier. Dire qu’il y a des gens qui sont obligés de se payer des sauts en parachute pour s’amuser J …

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09 2005

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  1. Anonyme #
    1

    et bien moi, avant hier, j’ai fait du tir à la corde, na !

  2. 2

    Ton blog est extra !!!! jadore

  3. Anonyme #
    3

    Ouahou, j’ai que des compliments aujourd’hui (à part la réaction mitigée de Doudou lorsqu’il a vu le résultat de mon henné corsé…)

  4. 4

    Je suppose que je devrais m’insurger contre la mention « élitisme douteux ». je ne pense pas que le fait d’avoir fait une grande école puisse me valoir ce jugement péremptoire. Mais je ne nie pas non plus que ce puisse être la base de la motivation de certains. Bref, cette manifestation d’intolérance primaire m’étonne un peu…
    Sinon, il faut reconnaître que beaucoup d’écoles (et facs de médecine, pharma…) font aussi des bizutages. Le point spécial des Arts et Métiers, c’est que même l’administration le soutient publiquement, que ça s’appelle carrément « l’usinage », ce qui veut tout dire… et que si on refuse de s’y soumettre, on est exclu de toute la vie scolaire et sociale de l’école, ad vitam aeternam, puisqu’on n’aura même pas le droit de figurer dans l’annuaire des anciens (ce qui conforte l’hypothèse du soutien de l’administration à la pratique). Et que peut-être plus qu’ailleurs, où le bizutage se cache sous un masque de « rite d’initiation », il s’agit ici d’un vrai « matraquage » pour formater les élèves.

  5. Anonyme #
    5

    Aaaaaaaaah je me demandais si j’allais ENFIN avoir une réaction à ce sujet (moi aussi j’ai le droit à quelque polémique de temps en temps!). Je ne sais pas ce que tu as fait comme école, mais là je parle des Grandes Ecoles avec plein de majuscules partout, pas de l’ENITA de Bordeaux! Bah oui, j’ai bien vu ce qu’ils appellent usinage, j’ai bien vu l’aliénation, mais ce que j’ai surtout vu, c’est des gars tout contents d’être enfin des Gadzarts. On connaît tous les modalités d’intégration de ces célèbres écoles. Mon propos, c’est que l’on ne peut pas avoir envie d’intégrer une école comme ça, avec cette aura-là, sans avoir quelque part l’embryon de l’esprit qui va avec - et c’est pas forcément une tare (mais ça dépasse les Marmottes, voilà tout). Sans ça, on brigue une plus petite école qui débouchera sur des postes pas forcément moins intéressants, mais le prestige (et le gros bizutage) en moins. Quand Doudou était en prépa, j’ai cotoyé des gars (et des filles) qui ne savaient pas ce qu’ils voulaient faire dans la vie, sauf: dans deux ans, entrer dans une grande école bien prestigieuse. C’est ça que j’appelle “élitisme douteux”.

    Et puis mon coup de gueule, c’était aussi contre les journalistes qui nous ressortent tous les ans les mêmes marronniers, mais qui ne balaient pas souvent devant leur porte.



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