La petite fée qui voulait faire du vélo

Il était une fois une petite fée qui aurait bien voulu faire du vélo. Ses parents lui disaient :
“Ma chérie, tu es une fée, tu as deux jolies ailes transparentes, tu n’as pas besoin d’un vélo. Le vélo ne convient pas aux personnes de notre standing.”
Et ils partaient à des cocktails, décollant depuis la terrasse dans un nuage de paillettes roses et bleues, dans de superbes habits assortis.

La petite fée était bien triste. Elle regardait tout le temps, depuis la fenêtre de sa chambre, un petit garçon qui tournait dans la rue avec sa bicyclette. Il ne semait aucune paillette dans son sillage, mais il avait un klaxon qui sonnait très fort. Mais on doit écouter ses parents, et la petite fée pensait que jamais elle ne monterait sur un vélo. Elle essayait de se consoler en jouant avec son petit chat, qui était magique, et qui pouvait changer de couleur, lui lire ses emails et jouer aux petits chevaux.

La maman de la petite fée attendait un bébé fée. Un matin, elle annonça que le bébé allait arriver. Le papa de la petite fée voulut aller chercher le docteur, mais malchance ! Un nuage de cendres dans le ciel empêchait toutes les fées de décoller. Affolé, le papa de la petite fée voletait partout dans la maison en se lamentant en répandant des paillettes toutes dépareillées.

Personne ne s’occupait de la petite fée, debout dans un coin du salon décoré de corail rose. Elle était toute désolée de voir son papa inquiet et cherchait comment elle pourrait l’aider. Soudain, elle eut une idée.
Sans bruit, elle sortit par la porte de l’appartement et commença à descendre l’escalier. Elle n’était jamais passée par là : d’habitude elle sortait en volant depuis la terrasse. L’escalier était raide, ça sentait une drôle d’odeur de cuisine chinoise et elle avait un peu le vertige. Mais elle continua de descendre en se cramponnant à la rampe. Tout en bas, il y avait une porte. Elle la poussa, et se retrouva dans la rue.

Elle n’attendit pas longtemps avant de voir passer le petit garçon sur son vélo. Elle était timide, mais elle trouva assez de courage pour l’appeler de toutes ses forces. Surpris, il s’arrêta dans un dérapage.
- T’es qui, toi ?
- Bonjour, je suis la petite fée, j’habite au dernier étage.
- Tu serais pas la crâneuse qui ne parle jamais aux autres enfants ?
- Heu… En fait mes parents m’ont mise dans une autre école, et ils ne veulent pas que je vienne jouer dans la rue…
- Qu’est ce que tu veux ?
- Ma maman va avoir un bébé, est ce que tu peux m’emmener chez le docteur ?
- Pourquoi tu ne peux pas y aller toute seule ?
- C’est trop loin et je ne peux pas voler aujourd’hui. Si tu m’aides, je te donnerai un chat magique. S’il te plaît…
Le petit garçon réfléchit un instant puis répondit :
- Bon, d’accord. Monte sur mon porte-bagage.

La petite fée s’installa sur le vélo derrière le petit garçon et se cramponna très fort. Ils démarrèrent en trombe et filèrent à toute vitesse dans les ruelles. La petite fée battait des ailes pour que le vélo aille encore plus vite. Ils laissaient un nuage de paillettes derrière eux et les gens disaient :
- Ho, regardez, un vélo qui fait des paillettes ! Ce doit être pour fêter la journée mondiale du disco.
La petite fée oublia qu’elle était inquiète pour sa maman et son papa, et commença à vraiment s’amuser. Elle faisait enfin du vélo !

Rapides comme ils étaient, ils arrivèrent chez le docteur. Bien sûr, c’était un docteur spécial pour les fées. Quand la petite fée lui eut expliqué ce qui se passait, il monta sur sa licorne arc-en-ciel et suivit les deux enfants sur leur vélo, qui montraient le chemin.

La petite fée emmena le docteur par l’escalier jusqu’à l’appartement, elle alla chercher son chat magique et redescendit dans la rue pour le donner au petit garçon. Ce dernier le regarda un moment changer de couleur, puis décida :
- Je te remercie, mais ma sœur est allergique aux poils de chat, et même s’il est magique, je crois que mes parents ne voudront pas le garder. Mais à la place, j’aimerais bien que tu viennes jouer dans la rue, de temps en temps.
La petite fée promit qu’elle viendrait, puis elle rentra chez elle. Le docteur était parti, et ses parents l’attendaient pour lui présenter le nouveau bébé. C’était un petit frère fée. Il avait deux jolies ailes roses.
- Je l’aime bien, dit la petite fée. Il faudra lui offrir un vélo.
Et ses parents n’osèrent rien dire du tout.

La petite fée alla souvent jouer dans la rue, avec son petit frère, et ils faisaient des tours sur un vélo qui avait un gros klaxon et qui faisait des paillettes de toutes les couleurs.

J’ai inventé ce conte dans le cadre d’un merveilleux atelier d’écriture que je fréquente chaque semaine à Grenoble. Une demi-douzaine de gens très différents, mais super intéressants, se réunissent pour écrire des textes sous la houlette d’une truculente comédienne. Nous ne jugeons jamais mais profitons simplement de l’imagination des uns des autres.
J’aime bien ma petite fée rebelle, et j’ai demandé à ma copine Catz de l’illustrer. Comme ça, gratuitement, parce que je suis super gonflée et que j’ambitionne non pas de m’enrichir, mais seulement de pouvoir l’offrir aux petits n’enfants que je connais, avec de belles images. Cela dit, elle n’est pas possessive et ne voit pas d’inconvénient à ce que je recrute d’autres dessinateurs. Alors, si vous aimez ce petit conte et que vous avez un bon coup de crayon, envoyez-moi vos contributions. Je vous promets une rémunération nulle, une gloire limitée au cercle de mes nièces et neveux d’adoption - et des vôtres, et l’assurance de ma reconnaissance éternelle et admirative vu que contrairement à ce que pense ma mère, je ne suis pas foutue de faire un dessin présentable.
Écrivez à filleauxcraies@gmail.com !

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Maggie

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05 2010

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  1. 1

    Un garçon avec des ailes ROSES ??
    Tu rigoles ?

  2. 2

    Personnellement, je garde un très mauvais souvenir du seul atelier d’écriture auquel j’ai participé…il fallait caser “faire la mouche du coche” dans notre histoire…attendu que je ne savais pas ce que cela veut dire et je n’ai jamais osé demandé…c’était long e laborieux (et au bout du compte, en 45 minutes, j’ai écris 20 lignes minables)
    J’aime bien ton histoire de nuage de cendre qui empêche de voler sinon…

  3. 3

    J’adore ton histoire.



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