Archive for novembre, 2004

La fée

barbie

Je sais pas ce qui m’a pris: je suis encore allée à Carrouf, un samedi après-midi.

En fait, si, je sais ce qui s’est passé: c’est que je voulais aller chercher mes photos (après une longue idylle avec notre appareil numérique, je suis revenue à mes premières amours: mon trésor de petit Ixus, celui que je me suis payé quand j’ai eu mon bac, qui fait de si jolies photos). Et puis hier j’étais trop ensuquée pour bouger. Et j’avais besoin de lait.

Donc je me suis jetée sans grand courage dans l’arène. Et j’ai encore fait la preuve de mon grand manque de patience. Non, mais les gens, c’est leur sortie du samedi de venir à Carrouf? Ils viennent en famille, avec la mémé, la grosse ado révoltée qui louche sur les préservatifs au rayon parapharmacie, l’affreux morveux qui braille après ses Kinders et le tout-petit dans son (énorme) poussette, qui bave sur sa totoche.

Premier coup de gueule: non, mais la grenouille, ils pouvaient pas la faire garder par l’ado révoltée pour aller faire leurs courses? Ils ont rien trouvé de mieux que de faire baigner un nourrisson dans un endroit aussi concentré en miasmes qu’un supermarché à l’heure de pointe? Quand je vois ces bouts de chou sussoter leur biberon en plein milieu des allées noires de monde, et gazouiller entre les frigos invraisemblablement glaciaux, j’ai des envies de foutage de choucroute traiteur sur la gueule des parents. Et après, on interdit aux instits de faire manger en classe des gâteaux fait-maison, pour cause d’hygiène. Merde!

Deuxième coup de gueule: non, mais les vieux, ils pourraient pas faire leur shopping un autre jour? Déjà moi, j’ai abusé avec mon histoire de crève, de photos, et de panne de lait. Mais là! Là! Ils arrivent dans des BMW énormes qu’ils conduisent comme des lanlires, ils bouchent les allées du parking en attendant vainement qu’une place se libère, ils dirigent leur caddie sans regarder devant eux, et des fois, ils essayent même de te piquer ta place dans la queue sous prétexte qu’ils sont vieux!

Et puis, ce Noël dont on nous farcit la tête dès début Novembre! Ces chocolats! Ces stupides jouets! Y’a qu’à voir les pubs qui entrecoupent les programmes enfantins pour voir comment on fabrique les nouveaux petits consommateurs. Et les nouvelles petites pouffes: vous avez déjà vu une tête à coiffer? Cet abject objet est destiné à l’apprentissage de la coiffure, du maquillage et de la manucure chez les petites filles (qui n’en on pas besoin, parce qu’à 8 ans, on séduit les garçons en jouant au foot avec eux, vous pouvez me faire confiance en ce domaine). Autre machin effrayant: les poupons qui parlents, bavent, font pipi et j’en passe. Déjà que je me suis toujours méfié des poupées (tout ce plastique rose qu’on est sensée chérir comme notre propre enfant), mais là, la réalité dépasse l’imagination. Disons que je conçois difficilement un cadeau qui m’aurait fait plus peur.

J’en profite pour fustiger au passage ces doux imbéciles qui pensent qu’ils sont suffisamment au dessus des autres pour ne pas éteindre leur cigarette quand ils pénètrent l’enceinte du temple de la consommation. Quand je pense que certains s’imaginent que la société fait pression contre le tabac, et qu’ils sont donc de grands rebelles, derniers remparts contre le politiquement correct… Sachant toutes les saletés que les tabatiers rajoutent dans les cigarettes pour rendre le fumeur encore plus dépendant, ça me fait bien rire. Le fumeur est THE consommateur: il dépense des fortunes pour se procurer un truc dégueulasse, toxique, et dont il ne peut se passer au point d’être capable de consacrer tout un dimanche après-midi à chercher un tabac ouvert, malgré une gueule de bois. En plus, le fumeur a commencé à fumer pour bien se faire voir de ses copains du collège: il en est d’autant moins un rebelle.

Le fumeur supporte souvent très mal qu’on lui interdise de fumer (même dans un endroit aussi nul qu’un centre commercial). Par contre, il trouve parfaitement normal que moi et les mous du poumons dans mon genre soyons interdits de bars et de boîte de nuit pour cause d’intolérance physiologique à la cigarette. ça ne le dérange pas, le fumeur, que je ne puisse pas sortir m’amuser comme tout le monde et tortiller mon maigre popotin sur la dernière daube d’Ozone. Mais tentez l’expérience: suggérez que ça serait bien, quand même, de ne pas fumer à l’intérieur des boîtes de nuit… vous allez probablement mettre peu de temps à vous faire traiter de facho. C’est comme ça.

Pour résumer, je l’avais vraiment mauvaise. Et puis, en arrivant à la caisse, j’ai rencontré une fée. La plus jolie, la plus charmante caissière de toute ma vie. D’abord, elle m’a dit bonjour quand elle m’a vue, et n’a pas attendu que ce soit mon tour (pourquoi les caissières font ça? on est là devant leur nez depuis 1/4 d’heure - le temps que la mémé de devant remplisse son chèque - et elle font comme si on était pas là. Elles nous disent bonjour au moment où elles passent notre premier article. S’il se trouve une caissière pour me lire, j’aimerais qu’elle me dise si on leur dit de faire comme ça, ou si c’est sur un chromosome.) Bref, elle me dit bonjour avec un sourire charmant. Et puis… je sais pas, elle n’a pas l’air d’être juchée sur un minable fauteuil à roulettes, dans un vilain pull Carrouf, à encaisser des clients de mauvaise humeur (dans mon genre). Elle a l’air d’être dans une prairie, à faire de la balançoire au pied d’un immense tilleul. Elle est douce. Elle est rigolote. Elle m’a ravie. Sûrement une fée.

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Elle et moi

Elle et moi

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11 2004

Dune

Dune

Dune de la plage de l’embellie à Ronce-les-bains, avril 2004

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La femme de ménage

Cette professionnelle compétente, dotée d’une ossature peu fluette, arbore une opulente chevelure rousse couronnant triomphalement une épaisse paire de lunettes, et ne prend jamais son service sans s’équiper fièrement de gracieuses bottes en caoutchouc.

Grâce à ses soins, l’immeuble est toujours impeccable, bien que nul ne sait pourquoi elle est obligée de bloquer l’entrée principale précisément à l’heure ou les résidents se rendent qui à la fac, qui au travail… et qui chez le kiné. Elle monte alors la garde près de son seau et nul n’ayant le courage de braver son autorité, tout le monde prend la porte de derrière (et doit faire le tour complet du bâtiment pour rejoindre son véhicule délicatement orné du givre matinal).

L’année dernière, j’étais bienheureuse: elle se s’intéressait à moi que pour s’assurer que je prenais le bon itinéraire. Elle me donnait presque l’impression d’être son ennemie, moi et mes semelles (pourtant immaculées).

Pour une raison indéterminée, elle s’est mise à m’adresser la parole au cours du mois d’août. Particulièrement affable, elle commença à me donner du bonjour, comment ça va? Ravie par ce revirement probablement hormonal, j’entrai dans son jeu et lui répondis sur le ton le plus courtois. Malheureusement, je m’aperçus rapidement qu’elle avait raté sa vocation: concierge lui aurait été plus seyant que serpilleuse. Elle voulu tout savoir: le numéro de notre appartement, et oh! vous êtes si jeune et déjà mariée, et où vous allez comme ça tous les matins. En l’occurrence, au mois d’août, j’étais en stage chez le radiologue du coin, ce qui l’impressionna grandement.

Seulement, elle continue de me harponner deux fois par semaine quand je sors à 8h20 pour revenir à 9h tapantes. Elle VEUT savoir où je vais. Je NE VEUX PAS le lui dire. D’abord parce que je ne veux pas qu’elle le sache, ensuite parce que je ne veux pas devenir sa meilleure copine comme la vieille gargouille du 8ème, celle dont on a cru qu’elle était morte, l’année dernière - et dont on a toujours pas de preuve qu’elle soit encore vivante, puisqu’elle n’est pas encore venue un dimanche matin pour nous demander si c’était bien nous qui jouions avec la perceuse.

Je me trouve désagréablement dépourvue en face des questions pressantes de la femme de ménage. Quoi inventer? Si je lui dis que je vais nourrir des chats abandonnés, elle va vouloir m’accompagner. Si je lui dis que je vais nourrir un petit garçon enfermé dans le local des poubelles, elle va appeler la police. Si je lui dis d’aller se faire voir et de s’occuper de son chien empaillé, elle va me dire qu’elle n’est pas Yolande Moreau dans “Amélie Poulain”.

Je n’ai d’autre solution, pour le moment, que de croiser les doigts dans l’ascenceur pour qu’elle soit en train de tenir la jambe de quelqu’un d’autre quand je traverserai le hall à pas de loup.

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11 2004

L’échappée belle - Anna Gavalda

C’est malin: hier soir en rentrant du bad, j’ai rien trouvé de mieux que de bouquiner “L’échappée belle” d’Anna Gavalda que m’avait prêté Couz.

C’est un petit bouquin qu’on ne peut pas lâcher, donc j’ai du le finir avant de dormir.

En fait après ça j’étais trop speed pour dormir! Un bouquin sur une fratrie idyllique et une belle-soeur fille unique et gonflante, elle n’avait rien d’autre à me faire lire en ce moment, Couz???? Y’a des jours, j’vous jure…

Par bonheur, la page 122 sauve tout. Mais j’étais quand même fébrile en refermant l’histoire. Ce qui fait que ce matin, j’ai du me traîner chez le kiné avec les yeux en code (par chance la femme de ménage ne m’a vue ni sortir, ni rentrer).

En fait, si, elle a autre chose à me faire lire, Couz: “Je l’aimais” du même auteur. Quand j’aurais récupéré un peu mon sommeil, je m’y atellerai avec plaisir. Merci, Couz.

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11 2004

Donnez-moi du mec!

Je reviens du bad et je vais m’envoyer un kilo de tagliatelles avec du fromage.

C’était trop bon: contrairement à la dernière fois où je me suis un chouilla embêtée entre trois nanas, j’ai joué avec un mec, un vrai, un qui tape fort dans le volant.

Les filles sont bien sympas, j’ai d’ailleurs lié connaissance avec une jeune institutrice, mais elles viennent surtout pour papoter et s’aérer un peu la tête de leurs gamins et autres turpitudes de leur vie quotidienne.

Moi, en ce moment, ma vie quotidienne, c’est dormir, bloguer, tripoter Photoshop, écrire des histoires atroces et me traîner à l’occasion jusqu’à l’ANPE; alors j’ai besoin de défoulement, pas de piapiapia gentillet!

Bon, le mec, lui aussi, doit préférer jouer avec des mecs. Alors je me casse pour ne pas qu’il s’ennuie trop. Heureusement, je me débrouille pas trop mal pour une débutante, et comme il débute aussi, je crois qu’il s’amuse quand même.

J’adore taper dans le volant comme une brutasse, le problème c’est que j’ai des muscles de poulet et que je n’ai pas beaucoup d’endurance. Par bonheur, nous avons ensuite joué en double contre des nanas douces comme des agneaux. J’ai pu récupérer pendant qu’on leur mettait des 15-5 dans la vue.

Il faut à tout prix que je me débrouille à l’avenir pour toujours avoir un mec comme partenaire de bad. Sinon, je me démotive et je ne fais pas mon sport comme il faut. Et donc en rentrant je n’ai pas faim, je ne mange pas plein de pâtes et je n’aurai jamais les fesses rebondies de mes rêves.

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11 2004

Place Borchard

brochard

Ronce-les-bains, février 2004

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11 2004

The fourth hand - John Irving

Je viens de terminer “The fourth hand” de Jonh Irving, en VO.
Au début, j’ai eu peur de m’être surrestimée: c’est un peu plus dur que “Harry Potter”!
Finalement, je me suis habituée au style et j’ai aimé l’histoire!

L’auteur nous montre une multitude de personnages plus farfelus les uns que les autres, en particulier un journaliste TV à la main gauche dévorée par un lion. Un beau jour, une jeune veuve se manifeste: elle veut lui faire don de la main de feu son époux…

J’ai mis très longtemps à le lire à cause de cette solaperie de télé qui m’empêche de lire autant que je le devrais pour conserver tous mes neurones (d’autant plus qu’à mon âge, je dois commencer à en perdre…)

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11 2004

On a mis la petite graine…

Petite graine

… et on a eu des bébés tomates.

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11 2004

Foutus dauphins

Je viens de voir un reportage sur Loïc Leferme, qui vient de battre le record de plongée en apnée en profondeur absolue: 171 mètres. Comme dans le Grand Bleu, il descend avec une gueuse et remonte avec un ballon; comme dans le Grand Bleu, au fond, il fait tout froid et tout noir. Mais j’ai pas vu de dauphins.

La vue de ces images me rendent presque malade. J’ai très très peur de l’eau quand je n’y ai pas pied. Quand je vais à la piscine (par bonheur, maintenant j’ai plus le droit), je dois me concentrer pendant plusieurs minutes avant de nager jusqu’au bout du grand bassin. Quand je suis au dessus de 4 mètres d’eau, j’ai intérêt à ne pas y penser, sinon je risque de couler lamentablement. Je ne suis pas capable de faire une bête bombe depuis le bord. J’ai peur de mourir étouffée dans une banale piscine municipale. C’est vrai que ça n’a pas de sens.

Il y a quelque temps Le Grand Bleu est repassé à la télé. Je l’ai enregistré et je me le suis passé. J’ai compris pourquoi j’avais peur de l’eau.

J’ai vu ce film toute seule, très jeune, je devais avoir 7 ou 8 ans. Déjà, j’ai été très impressionnée par les tenues des plongeurs avec ces lunettes bizarres qui font un peu peur. Je n’ai rien capté à l’histoire, j’ai pas compris le coup du japonais qui hyperventile. Ni quand ils boivent un coup au fond de la piscine. Je ne parle même pas de l’accident de scaphandre au tout début, et encore moins de la mort d’Enzo, dont je trouvais qu’il ressemblait à mon papa. En plus, j’ai cru qu’il réclamait à Jacques de l’aider à se suicider en l’envoyant au fond, parce qu’il avait perdu la compèt’, alors qu’à priori il est déjà fichu quand il remonte et qu’il veut juste retourner sous l’eau pour mourir.

Et surtout, en le revoyant, j’ai trouvé ce film hyper violent! Johana passe son temps à courir après Jacques qui ne pense qu’à un truc: aller de plus en plus profond dans cette flotte qui ressemble à un tombeau et nager avec ces foutus dauphins qui font “bip bip”. Elle le ramasse quand il se saoûle la gueule ou qu’il saigne du nez comme un cochon après avoir fait de l’apnée pendant son sommeil. (Pas flippant du tout, la scène où la chambre se remplit d’eau de mer. Et on se demande encore pourquoi je meure de peur au Grand Crohot quand les grosses vagues me déferlent dessus???).
La dernière scène du film est une horreur. Elle pleure comme une madeleine qu’elle est enceinte et lui demande de rester avec elle, et il s’en fout complèment, part en pleine nuit pour plonger, avec elle qui suit derrière desepérément, et au fond, il lache la gueuse pour suivre le dauphin, et clairement pour moi petite, il allait mourir.

J’ai toujours la cassette du film, je n’ose pas l’effacer et je n’ose pas la regarder à nouveau. En tout cas, le mec Loïc Leferme, il me fout les jetons: il a l’air complètement accro à ses profondeurs.

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11 2004
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