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Je te montre mon coude…

Je me rends compte que j’ai oublié de dire que j’avais passé un dimanche formidable. On m’a emmenée sur les quais manger des frites, j’ai découvert une charmante petite place que je ne connaissais pas (normal, en même temps, je ne connais rien de Bordeaux), j’ai pu discuter avec mes nouvelles cousines et je suis rentrée munie d’une pièce de chocolat noir qui m’a démontré que la quantité ne nuit pas toujours à la qualité.

Hier, dentiste. C’est bientôt fini: plus qu’une fois encore. Mais après, je vais lui envoyer Doudou, et je sens qu’on va rigoler.

Cet aprèm’ (oui, je raconte ma vie: cette rubrique s’intitule-t-elle “Journal”, oui ou non?), cet aprèm’ je suis allée au ciné (voir plus bas: Nobody knows). J’ai eu un peu de mal avec la dernière 1/2 heure, non à cause du film (excellent, je le rappelle), mais par rapport à mon voisin de droite.

D’extrême droite, même; d’un point de vue strictement géographique, j’entends. Parce qu’entre lui et moi, il y avait un siège vide. Donc je me suis mise à l’aise: moi, ce que j’aime, au ciné, c’est les accoudoirs (ça m’a vallu quelques malentendus avec quelques merdeux dans mon adolescence - “ta copine, elle me faisait du coude” - alors que non, désolée…).

J’étais donc tranquillement étalée sur mes accoudoirs, et soudain, terreur! Je sens quelque chose bouger sous mon coude droit! J’étais concentrée sur le film et j’ai fait un bond de stupeur. Je regarde, et là! C’était DES DOIGTS. Environ quatre doigts glissés sous mon coude!

D’après leur orientation, ils ne pouvaient appartenir qu’à mon lointain voisin de droite, et pourtant, entre nous, dans la pénombre, je ne pouvais voir que l’étendue déserte du fauteuil vide. Mais il y avait bien des doigts sur mon accoudoir.

Je me suis demandé un tout petit instant si ces doigts étaient bien connectés à une main; puis il m’a semblé impossible que des doigts indépendants se soient mus jusque sous mon coude; et je les avais bien sentis bouger.

Depuis quand ces doigts étaient-ils à cet endroit? Je ne les avais peut-être pas sentis de suite. Je me rappelle bien avoir mordu mon orthodontiste sans m’en rendre compte, au temps de ma jeunesse. Il était possible que je fus en train d’aplatir consiencieusement ces phalanges étrangères depuis plusieurs dizaines de minutes. On peut toutefois objecter que cet accoudoir était à moi, et à moi seule, puisque le fauteuil contigu était libre. Leur présence était de toute façon parfaitement illégitime.

Quelles étaient les intentions du propriétaire de ces doigts? Qu’une raideur de son bras l’obligeait à se tenir d’une si étrange façon était plutôt invraisemblable. Je l’observai de quelques regards obliques. J’avais l’impression qu’il faisait de même. Attendait-il que je m’excuse, ou que je me tourne vers lui pour lui rouler une pelle? J’angoissai.

Je me serrai contre l’accoudoir de gauche et m’efforçai de suivre le film, que je trouvais du reste passionnant, étant bien fâchée d’en être distraite par de si stupides circonstances. Je voyais dans mon champ de vision les quatre doigts posés sur mon accoudoir, comme le négatif d’une araignée noire sur un mur blanc.

Au générique, mon voisin resta immobile quelques instants, puis disparu sans bruit.

Je vais écumer la blogosphère pour voir si je trouve un type qui se plaint d’une pauvre fille lui ayant écrasé les doigts sur un accoudoir.

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11 2004
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