La Fille Aux Craies

Sous bien des aspects, je ne peux différencier l’amour de l’amitié. Mêmes coups de foudre, même séduction, même don de confiance, même évidence; mêmes maladresses, blessures, vexations, mêmes déceptions, mêmes ruptures et mêmes chagrins.

En amitié, comme en amour, il y a les brèves rencontres, les histoires d’un soir; les émois d’enfance, les romans à épisodes, les trahisons, les retrouvailles, les gens qu’on a aimés et perdus de vue, et qu’on n’oubliera pas.

Une différence cependant, à mes yeux la plus importante, au delà même de l’exclusivité propre à l’amour: en amitié, on recherche - disons, JE recherche, pour être honnête, je ne sais rien de vous - je recherche la ressemblance, tandis que dans l’amour, une proportion conséquente d’opposition me paraît à la fois séduisante et nécessaire. Si je partage avec Doudou le goût de l’humour, de l’esprit et la plupart de mes idées générales sur la vie, je crois fortement que je ne pourrais pas vivre au quotidien avec une personne ayant mes défauts, mes excès et mes démons. J’ai déjà mes chaînes à traîner, comme les fantômes de Dickens; comment pourrais-je porter celles d’un autre? Moi, la tourmentée, la passionnée, sensible à l’extrême, j’ai choisi un homme droit, patient et solide. Je croîs en m’entortillant autour de lui, il est mon tuteur et moi, une folle herbe grimpante qui cherche à attraper les étoiles.

En amitié, je suis aimantée par les personnes mélangées, à la fois tendres et violentes - comme l’Elisabeth de Troyat - pourvu qu’elles soient drôles, intelligentes et capables d’autodérision (ce qui est tout à fait redondant par rapport aux deux qualités précédentes). J’ai des éclairs de joie lorsque je crois reconnaître une nature semblable à la mienne. Je jubile lorsqu’on finit mes phrases, comprend mes sous-entendus et rit des mêmes choses que moi.

Entière, je me prends vite au jeu de l’attachement. Je m’investis énormément, tout en sachant que c’est peut-être à sens unique, que la plus grande partie de l’affection est sans doute de mon côté. Je le sais si bien que je paranoïasse, ne pouvant croire à la réciprocité de mes élans, et je cherche où est l’entourloupe quand on me manifeste son amitié en retour de la mienne. Puis je décide toujours de passer outre, et advienne que pourra: je fonce tête la première. Qu’importe si l’on me déçoit; comme Beth de Lars von Trier, je ne suis bonne qu’à une chose, et c’est faire chauffer mon petit coeur. Plutôt souffrir que rester froide. Je cultive ainsi soigneusement chaque souvenir, chaque regret et chaque espoir d’une nouvelle amitié, et je les chéris.

Et voilà ce qui m’arrive: depuis 25 ans que je crois être particulière, je tombe sur une soeur jumelle! Quelqu’un qui me ressemble tant que j’en suis scotchée! Une fille qui a mon âge, mes soucis, et mes réactions devant la vie. Pas en tous points, mais sur des trucs avec lesquels je me croyais seule au monde (comme quoi rien n’est perdu)… Catz, Catz, que ne t’ai-je connue plus tôt! Et arrête de vivre les mêmes choses que moi au même moment, c’est agaçant :] ; ou plutôt, vivons toutes les deux la même aventure, et que ça saute, et tu sais de quoi je parle!
Sur Radio Marmotte, cinq chansons à la gloire de mes amitiés passées, présentes et futures…

Message perso: Mar, t’es morte ou quoi? Je me tue à te dire qu’il y a la Poule Folle à Nouvelle Star! :]