Marcus
L’autre nuit, j’ai rêvé que j’entreprenais un long voyage pour te retrouver. Une long odyssée à pied, épuisante et périlleuse.
Lorsque qu’enfin j’étais près de toi, tu étais content de me voir, comme à ton ordinaire, m’offrant le visage amical d’antant. Mais quand je t’ai demandé que tout soit à nouveau comme avant, tu m’a dit non.
Alors je me suis soudain transformée en chien galeux et fatigué, et je suis rentrée chez moi, le coeur en miettes, et j’ai du franchir bien des obstacles. Des chiens plus gros et plus forts que moi ont essayé de me mettre en pièces, des hommes à grosses bottes ont voulu me capturer. J’ai nagé dans un fleuve chariant des ordures, traversé une ville immense et hostile.
Je sais bien que je devrais d’écrire une lettre pour te demander ce que tu as fait de moi; pour savoir si un jour j’ai bien été ton amie. Mais je suis incapable d’en tracer le premier mot. J’ai trop peur, moins de ta réponse que du silence retentissant que tu opposeras probablement à mes questions.
Plus de peur encore me fait de savoir ce que tu as fait de toi. Pourtant j’ai le sentiment que dans vingt ans, si tu frappes à ma porte, tu seras reçu à bras ouvert.
Ami prodigue.
