Helpless
Je me rends compte que je n’ai pas encore fait le deuil d’une certaine illusion de toute puissance, genre “je vais sauver le monde à moi toute seule avec mes petits bras musclés”. A bientôt trente ans.
Bon, certains travers m’ont déjà passé, comme m’énerver sur des cons dans des forums, par exemple. Vous avez vu également avec quelle maîtrise de moi-même j’ai laissé pisser le Con Sur Facebook - et c’était pas facile. En un mot, j’ai pigé que je ne ferai jamais changer d’avis quelqu’un qui pense le contraire de moi, en tout cas, jamais à force d’arguments, que ça soit une règle universelle ou l’effet pur et simple de mon inaptitude à argumenter. Reste une étape à franchir : accepter que ce ne soit pas si grave. La diversité des points de vue est indispensable pour rendre le monde vivable. Sinon, on se ferait chier.
Ce qu’il faut encore que je travaille, en revanche, c’est l’idée que je ne peux pas résoudre les problèmes des gens à leur place, consoler en deux maximes (”mon père disait toujours…”) et donner LE conseil qui va transformer le dépressif en turlupin, le timide en bourreau des cœurs et le mucoviscidosique en attente de greffe en champion olympique du 400m haies (comme vous le voyez, ma névrose est assez grave). Du coup, quand un proche vient me confier un petit coup de mou, j’ai beau faire gaffe, je retombe systématiquement dans mes vieux tics pour lâcher plus ou moins tôt dans la conversation :
- que c’est pas si grave,
- qu’on a vu pire,
- que tout va s’arranger,
- qu’il n’y a qu’à faire ceci ou dire cela,
- que ça ira mieux demain/l’année prochaine/sous le prochain président de la République,
… tics qui m’énervent moi-même quand on me les sert. Conséquence : non seulement je n’arrange rien, mais parfois j’en rajoute une pelletée sur le cercueil encore fumant. Après, je me sens stupide, inutile et particulièrement bécasse. Pourtant, j’essaye désespérément de me rappeler ce qui me remonte le moral, à moi, mais rien à faire : je ne trouve pas la recette.
Enfin, si. Je SAIS que ce qui me fait plaisir, à moi, c’est juste de déballer mes malheurs, quitte à m’énerver un bon coup (Catz sait comme je peux HURLER sur MSN !), ou à pleurer jusqu’à ce que mes yeux tombent par terre, et après ça, comme par enchantement, je me sens mieux. Je sais donc ce qu’il faut faire pour aider : il faut écouter et faire parler. Au besoin dire “tu as le droit de ressentir ça et je te comprends” (parole qui m’a grandement soulagée à certain moment). Alors pourquoi je ne le fais pas, alors que je le sais ???
C’est si agaçant de sentir toute cette insuffisance. Dire que sans ça, j’étais parfaite
Bon, déjà, tu as “cool”, c’est mieux que rien, hein?
Tu peux aussi t’inspirer de Phoebe de la série Friends, saison 7, épisode 4
(”Phoebe : J’sais pas. J’sais pas. J’peux pas encore lui mentir. Oh non—non ! Je vais juste aller coller ma poitrine tout contre lui.
Chandler : Sans rien dire ?
Phoebe : Hein-hein. Exactement !”)
Quand tu dis sans ça, c’est en comptant ta jambe de bois, ton zozotement, ton strabisme et ton bras droit de 7 m de long ? Mais bon, c’est comme ça qu’on t’aime nous :love:
:up: mais si tu sais y faire !
en général, t’arrives a me faire tout déballer, puis apres tu me fais rire, et puis après on passe a la page potins, et ça va mieux.
mon dilemne à moi, est autre, c’est comment me confier, sans rendre mes proches neurasthéniques et suicidaires, comme le poisson rouge dans Amélie Poulain
Onii-chan > :love:
Catz > ouiiiiiiiii ben faut dire aussi hein, si t’avais une vie normale et des problèmes normaux… manquerait plus que t’aies une maladie grave ou que tu vives au crochet de la société, tiens