Au travail, je ne suis entourée que de femmes. C’est pesant. Pas seulement à cause des chamailleries typiquement féminines alimentées à coup de jalousies et de mauvaise foi. Pas uniquement parce que les femmes manquent sérieusement d’humour. Pas franchement parce que j’ai l’impression d’être la seule à ne pas savoir tracer cette mystérieuse ligne noire sur mes paupières. Mais parce que le principal sujet de conversation, l’obsession de toutes ces dames, leur gimmick préféré, l’objet de toutes leurs attentions, en un mot, leur dada, ce n’est pas l’homme (contre toute attente), ni même son organe, mais un bidule dont la plupart ne connaissent ni la position, ni les dimensions exactes, et qu’elles imaginent souvent bien plus vaste qu’il ne l’est en réalité ; j’ai nommé - vous l’aurez sans doute reconnu - le Moule, la Matrice, l’Utérus.
Les femmes sont vivipares et elles n’en reviennent pas. Que vous ayez passé toutes les étapes dont vous avez cru qu’elles feraient de vous une femme, le premier soutif, les premières Vania, les premiers orgasmes, la première fiche de paie et même le premier mariage, vous pouvez vous les mettre au cul : tant que vous n’avez pas exploité toutes les possibilités de votre Utérus, vous n’êtes pas entrée dans le cercle des initiées. Celui où chaque grossesse est guettée, triomphalement annoncée, commentée et monitorée jour après jour autour de la machine à café. Celui où l’on vous traite avec tous les égards du monde dès que le test a viré positif. Celui où chacune s’enquiert en arrivant de votre petit vomi matinal. Celui où l’on va vous raconter, avec des paillettes dans les yeux et sans la moindre pudeur, ses nausées pour le premier, son dégoût des poireaux pour le deuxième, ses envies de Roquefort, ses seins qui gonflent, son incontinence urinaire, sa péridurale, son épisiotomie et son retour de couches. Celui à l’écart duquel vous demeurez une gamine insouciante qui ne sait pas combien il est mairvailleux d’enfanter - et qui peut encore se permettre de faire l’amour dans toutes les pièces à n’importe quelle heure de la journée, mais c’est tellement si insignifiant comparé au boneure d’avoir des lardons.
C’est pas que je suis aigrie, notez, mon gynéco dit que mon Utérus est très joli. C’est juste que ça serait tellement si agréable d’avoir un autre sujet de conversation de temps en temps, je ne sais pas moi, soyons fou : disons, une fois par semaine ?
Boujam m’a dit que le médecin du Tonnerre cherche une secrétaire médicale… Parmi l’équipage, 160 marins, dont 8 nanas… C’est où qu’on signe pour passer le casting ????
:]