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Mensonge, crime et calendrier de l’avent

Quand vous êtes une jeune maman (ou un jeune papa, ne soyons pas sexiste), vous avez plusieurs solutions plus ou moins aléatoires pour résoudre les petits problèmes du quotidien qui vous posent une colle - parce qu’au cas où vous sauriez pas, aucune grande école ne propose de diplôme de parentage.

(Sharky, rassieds-toi, je suis pas partie pour dire du mal des grandes écoles, c’est pas permis d’être aussi sensible !)

En gros, vous avez le choix entre :

- votre mère, qui n’a élevé que vous et vous étiez si parfaite qu’elle ne sait pas comment empêcher Nibbler de crier comme un goret juste pour le plaisir ;

- votre grand-mère, mais son lait était “clair comme de l’eau” et donc elle n’a rien à vous apprendre sur les pics de croissance ;

- votre meilleure amie qui a accouché un mois avant vous, mais c’est un garçon et non, elle n’a pas d’explication à proposer pour le fait qu’on puisse pisser en l’air avec une zézette ;

- Laurence Pernoud, mais après trois relectures du même paragraphe vous n’arrivez toujours pas à savoir si c’est du vomitou ou seulement du régurgitouti ;

- votre cousin de 18 ans qui sait que si vous ne laissez pas pleurer un bébé, il va devenir capricieux (et devenir aussi éventuellement Bernard Montiel).

Heureusement, vous avez votre joker, un endroit où poser toutes les questions les plus débiles sans jamais douter qu’il  ait un précédent : les forums de mamans. Une fois que vous maîtrisez un peu les codes (on ne dit pas “mon mari” mais “zhom” ; pas “mon troisième” mais “bb3″, pas “ma belle-mère” mais “ma moche”, pas “mes belles soeurs sont enceintes et pas moi” mais “Essai bb depuis 2005 avec 3 FC” - oui, parfois, le forum de mamans est glauque), vous y trouvez toutes les infos rêvées, de la consistance de la glaire cervicale en période d’ovulation à comment gérer un caprice au c abinet de l’orthophoniste exaltée (”c’est super pour l’orthophonie !!”).

Quand elles ne sont pas à compter leurs tentatives de fiv, à comparer les marques de couches lavables ou à se passer les bonnes réparties contre les fâcheux anti-allaitement, les mamans de forum discutent de sujets parfois légers, et ce mois-ci, c’est le Père Noël qui tient la vedette, comme de par hasard. Je suis toujours impressionnée de la variété de sentiments que provoque un vieux type en pyjama amateur de cervidés. Certaines personnes, comme moi, ont un souvenir magique d’un Père Noël qui passe toujours à l’heure le 24 décembre, fait semblant de se paumer dans le jardin, écrit des insanités dans la neige et repart sans qu’on ait pu l’approcher, en laissant des kilos de cadeaux sous le sapin. Je n’étais pas une enfant stupide mais jusqu’à l’âge où j’ai découvert le pot aux roses, je n’ai jamais douté qu’il ait le temps de faire sa tournée mondiale en une seule nuit et que sa petite hotte (le Père Noël n’a rien à compenser, voyons !) puisse contenir tant de choses. Je ne m’étonnais ni de l’existence du catalogue Joué Club, ni des “Merci Père Noël de Papy ! Merci Père Noël de Parrain !” qu’il fallait lancer à la cantonade au moment du déballage. J’ai tout gobé en beauté et pour ma plus grande joie. Le retour à la vérité ne m’a laissé aucun traumatisme : je ne m’en rappelle même pas. Je continuai de jouer le jeu devant mes petits cousins et je me régalai de les voir ouvrir grand leurs mirettes pleines de sommeil pour apercevoir le Père Noël passer derrière la fenêtre. Que du bonheur.

D’autres, au contraire, prétendent n’avoir jamais cru à cette fable et qu’ils étaient parfaitement au courant que leur parents cachaient les cadeaux sur leur armoire. D’autres encore avouent avoir été mortellement déçus par la levée du secret. Tous ceux là parlent d’un mensonge ignoble qu’on fait à l’enfance, de tromperie, de mascarade, et jurent qu’ils ne feront pas subir une chose pareille à leurs petits. (Bien entendu, ces gens-là ont aussi toujours su comment on faisait les bébés, et ne l’ont pas appris dans Astrapi à l’âge canonique de 7 ans et demi).

Je n’ai aucun soupçon de psychologie mais je me doute que là-dessous se cache autre chose que le simple amour de la vérité. Le Père Noël, la manière dont on nous a amené à y croire, la façon dont on a appris sa vraie nature, et comment nous l’avons accepté - ou pas, il y a un truc profond là-dessous, la qualité des relations familiales, peut-être. Car enfin, si j’ai cru à fond au Père-Noël, aux cloches et à la petite souris, je n’en ai jamais voulu à mes parents de m’avoir menti, et bien au contraire, je me suis émue de les imaginer préparer les cadeaux en secret, et la mise en scène parfaitement rodée du Père Noël qui apparaissait à quinze cousins en même temps chaque réveillon après la messe de minuit ; et mon père de prendre l’échelle pour jucher les chocolats en haut du poirier, et de la reprendre pour les y chercher en rouspétant que les cloches perdaient la boule ; et la petite souris attendant mon sommeil pour chiper mes dents en prenant garde à ne pas s’étaler sur un patin à roulette qui traîne.

Dans la catégorie “mode d’emploi de vos enfants”, j’ai oublié de parler de Dolto, qui dit un truc très élaboré sur le Père Noël et sur comment elle l’a expliqué à Carlos quand il a commencé à se douter ; je me souviens plus ce que c’était, mais croyez-moi, c’était pas trop mal :grin:

Je vous laisse, je vais brosser la longue barbe blanche de zhom !

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12 2008
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